Le sommet de l’UA condamne «la vague de changements anticonstitutionnels»
L’exception et la règle
L’UA «ne tolérera aucun coup d’état militaire sous quelque forme que ce soit», raison pour laquelle les pays qui ont connu des changements anticonstitutionnels, en 2020 et 2021, ont été sanctionnés.
Les chefs d’état et de gouvernement, réunis samedi et dimanche derniers pour le 35e sommet ordinaire de l’Union africaine (UA), se sont penchés, entre autres sujets, sur la récente «vague de changements anticonstitutionnels de gouvernement» pour la condamner «sans équivoque», selon le commissaire en charge des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité de l’organisation panafricaine, Bankole Adeoye. «Chaque dirigeant africain de l’assemblée a condamné sans équivoque le modèle, la résurgence, le cycle, la vague de changements anticonstitutionnels de gouvernement», a assuré, dans une conférence de presse, tenue après la clôture du sommet, à Addis-Abeba, capitale de l’éthiopie qui abrite le siège de l’organisation panafricaine. Sans surprise, donc, il apparaît que l’UA «ne tolérera aucun coup d’état militaire sous quelque forme que ce soit» et c’est la raison pour laquelle les pays qui ont connu ces changements anticonstitutionnels, au cours de 2020 et 2021, ont été sanctionnés par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA qui a prononcé leur suspension des instances de l’organisation.
«Faites vos recherches, à aucun moment dans l’histoire de l’Union africaine, nous n’avons eu quatre pays en 12 mois, suspendus: le Mali, la Guinée, le Soudan et le Burkina Faso», a insisté le commissaire en charge des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité.
Cependant, il y a lieu de relever que dans ce bilan affligeant, surgit une zone d’ombre qui concerne le Tchad. «La norme établie par l’UA consistant à condamner les coups d’état, souvent saluée comme une réalisation majeure de ses vingt années d’existence, a subi un coup dur lorsque son Conseil de paix et de sécurité (CPS) a décidé de maintenir l’adhésion du Tchad après la prise du pouvoir par les militaires en avril, à la suite de la mort du président Idriss Deby» avait, dans un rapport, souligné à juste titre l’ONG Crisis Group qui considère que «la réponse incohérente de l’UA à la série de changements anticonstitutionnels de gouvernement a été particulièrement préjudiciable».
De fait, le putsch tchadien est devenu un véritable cas d’école, même si les organisations régionales (la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et continentales (Union africaine) tentent de justifier leur bienveillance par le fait que l’armée tchadienne constitue un facteur essentiel dans la lutte contre les groupes terroristes dans la région du Sahel et celle du lac éponyme. Autant certains pays comme le Mali subissent une série ininterrompue de sanctions et de pressions, autant le Tchad s’avère un cas d’exception qui met quelque peu en vrille la fermeté affichée au nom des principes de la bonne gouvernance.
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