Pour Madina Tall et Dr Sylvain Nguessan, avec l’espoir que dans chacune de ces lignes, ils ne trouveront que motifs de sains désaccords intellectuels.
La libéralisation de l’espace audiovisuel ivoirien avec son lot de  nouvelles
chaines, a naturellement engendré une kyrielle d’émissions, dont certaines sont
politiques.  Dans ces dites émissions, se succèdent par défilade ininterrompue
des experts, intellectuels, enseigneurs-chercheurs, professeurs, éditorialistes et
tant d’autres personnes se voulant doctes, et assenant à tout-va des vérités aux
téléspectateurs que nous sommes.
Disons-le  néanmoins  sans  ambages,  à  certains  égards,  ça  vole
désespérément  bas  sur  nos  plateaux  de  débats  politiques.  Les  remarques  et
sujets  sont  nombreux,  point  besoin  de  les  prendre  tous.  Pour  illustrer  notre
propos, un seul suffira : la fameuse crise Malienne.
Sur  cette  crise,  nos  éditorialistes  discutaillent,  condamnent,  vouent  aux
gémonies les uns et les autres, pour en dernier ressort s’ériger en juges suprêmes
du bien-penser  et bien-dire. Dans un unanimisme pécuaire,  ils le ‘’vuvuzèlent’’ :
« la  junte  est  illégitime  et  populiste ».  Les  sanctions  de  la  Cedeao  sont  donc
méritées. Légalistes, légitimistes et fieffés démocrates, ils excluent et dénient
droit, à quiconque souhaiterait mettre un brin de nuance et de complexité dans
l’analyse de ce qui se déroule sous nos yeux au Mali.
Pour ces  éditocrates  au règne de plus en plus affirmé, porter des lunettes
autres  que  les  leurs,  pour  dire  sur  la  crise  malienne,  reviendrait  à  être  un
afficionado des pronunciamientos en tout genre. Avec une certaine inélégance
et arrogance pour certains, ils se gaussent, rabrouent et tancent celles et ceux
qui  s‘aventurent  à  le  faire  –  En  ont  fait  les  frais  entre  d’autres,  Madina  Tall,
Sylvain Nguessan. Ce dernier rappelle -à juste titre, surtout pour un chercheurque la connaissance se veut et se doit d’être dialectique-nous disons complexe-,  il  est  automatiquement  taxé  de  soutien  inavoué  de  la  junte.  C’est  que ,  nos  éditocrates  sondent  les  intentions  et  lisent  dans  les  cerveaux.  Ils  sont  omnipotents !
Loin  des  plateaux  télé,  et  des  doctes  certitudes  de  nos  certificateurs  de
vérités,  essayons  de  nous  pencher  autrement  sur  cette  crise.  Essayons  par  la
même  occasion  d’exposer,  ce  qui  nous  parait  manquer  cruellement  aux
certitudes de nos éditocrates. Que se passe-t-il donc au Mali ?
Historiciser le conflit Malien
Ce  pays  en  en  guerre !  Lapalissade  diront  certains.  Mais,  en  tirons-nous
toutes  les  conséquences  sociopolitiques ?  Analyser  la  situation  Malienne
autrement  que  par  l’affirmation  des  principes  supposés  intangibles  et  des
condamnations  faciles, nécessite  une  historicisation  de  cet  état  de  guerre.  Le
faire, nous remettrait les idées à l’endroit.
Le désordre au Mali et dans le sahel de façon générale, est la conséquence
directe de l’intervention impériale et injustifiée  -il faut le préciser-  occidentale
en Libye. Cette réalité-là, nos experts en parlent très peu. Pourquoi ? Eux seuls
pourraient  y  répondre.  En  terme  de  condamnation  donc,  la  logique  la  plus
minimaliste reviendrait à condamner avec autant de véhémence qu’ils le font
avec la junte, le gouvernement Français et par ricochet, tous les gouvernements
occidentaux  qui comme en Syrie, en  Irak au Yémen…  continuent  de semer  le
chaos dans le monde dit tiers. Le rappeler et le dire, ce n’est ni être passéiste, ni
être  antifrançais-il  me  serait  impossible  de  l’être-,  encore  moins
déresponsabiliser l’Afrique et les Africains.  Cette piqûre historique  reviendrait
simplement  à  ré-situer  les  responsabilités,  et  non  comme  on  le  pérore,  être
populiste -ultime injure du moment.
Incise sur le populisme
À  propos de ce vocable tant cité pour discrédité l’adversaire, mais curieusement jam ais
e xpliqué   ;  une  incise  rectificatrice  serait  la  bienvenue.  Nos  savants  dont  certains  sont universitaires ,  devraient savoir , que le populisme n’est pas essentiellement négatif, loin s’en  faut. De surcroit il en existe de gauche comme de droite ,  et on pourrait y distinguer mille et une nuances. La fréquentation même sommaire des travaux d’auteurs tels que Jean Claude
Michéa, Feu Ernest Laclau, Chantal Mouffe, Alain de Benoist, Vincent de Coussedière  ;
suffirait à le savoir. Revenons – en au Mali   !
Procès en Illégitimité de la junte
Le second reproche fait à la junte Malienne, consiste à la qualifier d’illégitime. Elle le serait
du fait qu’elle ne tiendrait pas les rênes de l’Etat Malien,  en vertu d’un mandat électoral – le
seul qu’ils recon naissent – dûment d onné par le peuple m alien. On pourrait à n’en point finir,
disserter  sur  une légitimité de droit souhaitée et souhaitable, et une légitimité de fait banalement constatable au Mali.  Mais si la j unte n’est pas légitime au Mali, qui diantre l’est   ? Sont – ce les rebelles escorté s   spécialement par l’Italie pour aller discuter de l’avenir du mali   ? Sont – ce les membres de l’opposition  ?   Dioncounda Traoré, ex président intérimaire du Mali l’était- il   ? Quid des accords par lui signés, avec d’autres  Etats, et dont se prévalent non sans honte , ceux qui sont juges du procès en illégitimité de la junte   ? Là encore, silence de nos analystes.
Entendons – nous bien, il ne s’agit pas d’adouber la junte, ou les autorités Maliennes, mais
de constater qu oi que l’on en pense, que le Mali a bel et bien des autorités, qui de fait sont
légitimes à parler en son nom.
D’ailleurs nous autres Ivoiriens, avions  eu  pour loi  suprême une constitution  produit   d’une
junte, de fait   légitime à agir en notre nom.  N’oublions pas en outre, que  la sociologie politiquenous renseigne encore plus à ce propos. Celle – ci distingue bien –   du moins selon Max Weber (1864 – 1920), trois types de légitimité  : la traditionnelle ou monarchique, la charismatique – cas de Goita –   et la rationnelle. Si la troisième est de plus en plus répandue et acceptée, l’existence des deux autres n’est pas à nier ou exclure. La junte au pouvoir au Mali, et son chef jouissent de  cette légitimité charismatique.  Travailler  à ce que nous  allions  paisiblement vers une légitimité rationnelle, demeure un devoir pour ceux qui en ont le pouvoir, la manière par contre mérite que l’on s’y penche un peu plus.
À propos des sanctions de la Cedeao
Les sanctions prises par la Cedeao, sont méritées. Nos analystes le pensent  ! Certains en
appellent même à plus de fermeté. Il faut donc encore plus de sanction   ! Que les intellectuels
qui soutiennent ces sanctions soient eux – mêmes en opposition avec leur légalisme ne les gêne
pas. En effet, une grande partie des sanctions prise s   par la Cedeao n’a aucune base légale . Ce
légalisme boiteux et saisonnier, est de mauvais aloi.
Toujours sur les sanctions, peut – être devrons – nous pour une fois imiter ceux dont nous ne
partageons pas les avis sur la crise malienne, et adopter une position de principe   : nous sommes contre la politique   de sanction. O ù qu’elle soit et quelle qu’elle soi t, elle   n’a  jamais résolu   de crises.   Bien au contraire, il s’agit toujours de politique de punition   collective dont les premières victimes sont toujours les peuples, et jamais les dirigeants. Les millions de morts relatifs aux embargos  Américains devraient convaincre les plus  sceptiques sur l’inhumanité de cette pratique.
Il faut donc le souligner, la politique de sanction est un instrument de chantage, qui vise à parfois affamer et humilier un peuple, afin que ce dernier se désolidarise de son dirigeant. Sauf que dans la pratique, elle a souvent produit l’effet contraire. Une solidarité étrange se créée alors entre les dirigeants du pays sanctionné et son peuple . Les dits dirigeants, bénéficient dans ce dernier cas d’une légitimité populaire, le s présentant comme des résistant s à un ordre international injuste. A u risque donc de choquer plus d’un, accord ant une primauté absolue au social plus qu’à tout autre dimension politique, bien qu’étant pacifiste , nous préférons une intervention militaire brève et précise contre la junte malienne, plutôt que de s sanctions qui, causeront ruine et désespoir au sein des populations maliennes.
Ceux  qui  contrairement  à  nous  soutiennent  ces  sanctions  arguent,  que  le  déni  de
démocratie au Mali les justifieraient. Disons – en quelques mots.
Démocratie formelle, contre démocratie réelle Cette distinction n’est pas de nous ! Elle est d’Emmanuel Todd , brillant Historien et démographe Français, ayant à 25 ans prévu l’effondrement du bloc communiste, à partir d’une analyse des systèmes familiaux. Pourquoi, il est besoin de faire cette précision ? Pour que nos doctes experts et journalistes, ne ballaient pas avec mépris – comme c’est parfois le cas – , cette brève critique d u fétichisme démocratique à laquelle nous procéderons. Cette typologie, c’est un de leurs qui l’ établit.
Todd n’est d’ailleurs pas le seul  ! Tout un continent d’auteurs et non des moindres, on t
to ujours critiqué la démocratie et   pointé  s es limites   de leurs plumes. De Garaudy qui la taxait de taxait de «   démocratie des seigneurs   », à Francis   Dupuis Deri affirmant que «  nous ne vivons  pas  en  démocratie   »,  passant  par  Hervé  Kempf  la  taxant  plutôt  d’oligarchie  en réclamant sa   fin.  À    ceux – ci, on pourrait ajouter  Cornelius Costoriadis,  Bernard Stiegler, Etienne  Chouard,  Jacques  Rancière,  Bernard   Mani n,  Moses  Finley,  Jean  Haupt,  Yves sintomer…
Si tel est le cas, pourquoi donc nos éditocrates interdisent à quiconque s’y essaierait, de
critiquer la démocratie   ? Un d’entre eux a d’ailleurs clos le débat en affirmant   : «   il pas de démocratie Af rica ine, encore moins Européenne. I l y a la démocratie tout court». Cette
phrase à elle seule ferait rire plus  d’un , et mériterait place de choix dans une anthologie des
propos de comptoir.
La démocratie n’est et ne saurait être une   ! L’occident qui  est son lieu de naissance lui même  en a de forme diverses. Il faudrait aussi le rappeler, celle qui est pratiqué de nos jours
rompt de façon radicale, avec celle du berceau originel Athénien. La démocratie est évolutive
et pluri-formelle. Elle ne saurait   être surtout réduite à des élections quinquennales, faute de qu oi elle n’aurait jamais existé  à Athènes.    Que lie toutes ces constatations au Mali  nous
demandera – t – on?
La crise du Mali , est une crise de démocratie, une crise de représentativité. D’ ailleurs, tout
coup d’Etat l’est.   S’enfermer   dans une posture fétichisante  à propos de ce système, rendrait
donc inopérant et inefficient  – en partie  au moins –   toute analyse sur le Mali. Par posture
fétichisante, nous entendons toute ap proche qui partirait   d’apriori,  tendant à faire de la
démocratie  un  idéal type  inquestionné  et  inquestionnable .  C’est  malheureusement ,
l’approche dominante  sur les plateaux télé Ivoiriens. L orsqu’il est question d’évoquer la crise
malienne, l’impératif est sans vibice   : pas  touche à notre fétiche démocratique. Sinon…
Contrairement aux postures adoptées par nos éditocrates, allant jusqu’à qualifier de
façon infamante ceux qui s’y refuseraient –   nous serions en réalité des soutiens à la junte et
aux putsch s –   il ne devrai t pas  y  avoir d’inquestionné en   sciences sociales/humaines.
L’analyse des faits humains et/ou sociaux, n e devrai t pas être dogmatique. La science n’est pas la religion et réciproquement.
Analyser donc la démocratie, la dirimer, la critiquer,  la  déconstruire, et la remettre en
cause,  ne  devrait  comme  ça  été  le  cas  sur  des  plateaux  télé  Ivoiriens,  conduire  à  uneostracisation.  La connaissance des faits n’est point manichéenne, mais dialectique comme
le souligne  l’analyste Sylvain Nguessan.
En   écho au plaidoyer de notre analyste, tout en nous en démarquant lexicalement  ;   à la
dialectique, nous préférons plutôt   le terme  complexe / complexité.   Edgar Morin le re – définit et le conceptualise merveilleusement    dans nombreux ouvrages dont  La méthode  (6 tomes
et 30   ans de réflexion), Introduction à la pensée complexe, La voie…
Regarder la crise de la démocratie Malienne sous l’angle de la complexité,
reviendrait à ne pas au nom « d’un universalisme abstrait » (Edgar Morin), rejeter
toute  critique  de  la  démocratie,  ou  ne  la  vouloir  pas  modifiée,  transformée,
réadaptée ou même remplacée dans les cas extrêmes.
La démarche adossée à  la complexité ne consiste pas  à  faire le choix d’une
dictature, encore moins faire appel à l’on ne sait quel mythique royaume africain
ancestral. Elle consiste d’abord à  nous éviter le piège « des cécités d’un mode de
connaissance  qui  compartimentant  les  savoirs,  désintègre  les  problèmes
fondamentaux  et  globaux,  lesquels  nécessitent  une  connaissance
transdisciplinaire »  (Edgar Morin).  Elle nous permet,  de  nous affranchir par la
même  occasion  du  « paradigme  qui  impose  de  connaitre  par  disjonction  et
réduction » (Edgar Morin) pour faire épouser à notre démarche, « un paradigme
qui commande de connaitre par disjonction et conjonction » (Edgar Morin).
Il conviendrait donc non en démocrate obtus, de re-regarder la crise malienne
en  ne  s’arcboutant  pas  qu’à  l’idéal  démocratique,  mais  à  ses  réalités  ou
représentations pour le Malien du quotidien. Il serait tout aussi important ,  de la
regarder sous multiple angles.
La  démocratie,  Rancière  le  fait  remarquer,  est  dans  son  idéal  génésiaque
d’abord et avant tout une réclamation et une revendication des et par  les faibles.
Les plus démunis, les gueux, les misérables pour dire comme Hugo, y virent alors
un moyen d’avoir droit de dire, d’agir. Avoir voix au chapitre pour dire court.
Dans  l’occident  moderne,  sa  réappropriation  par  les  peuples  et/ou  la
bourgeoisie avait une téléologie, similaire à bien des égards.  Elle visait surtout à
améliorer le sort des masses.
Assurément,  ce  texte  qui  se  voulait  sommaire  et  expéditif,  ne  pourrait  au
risque  d’être  extrêmement  long,  expliciter  dans  toutes  ses  dimensions,  les
conditions  de  possibilisation  de  la  démocratie.  Sachons  en  résumé,  qu’elle
requiert  une  conjonction  de  critères  sociologiques,  philosophiques,  politiques,
anthropologiques, historiques…
En Afrique-au Mali donc- la démocratie est non seulement un système neuf,
incompris  d’une  grande  partie  de  nos  populations  analphabètes,  mais  surtout
importée  tout  comme  l’Etat  contemporain.  Quel  temps  d’adaptation  faudrait-il
avant qu’elle ne puisse se l’approprier ? La réponse ne parait pas évidente ! En
effet, quel temps d’adaptation à la démocratie faudrait-il, à des populations ayant
vécues des siècles dans leur « démocratie » de type monarchique, dans des Etats
non ‘’modernes’’, s’y étant habituées et ayant transmis certains reflexes bon o u
mauvais à leur progénitures ?
Ne devrons-nous pas être un peu plus  patients ? Et s’il fallait s’avouer sans
complexe, que la greffe démocratique n’avait pas pris ?  Et si la démocratie n’avait
finalement qu’un « visage  obscène » (Jacques Vergès) ?  La démocratie a-t-elle
tenu  ses  promesses ?  De  1990  à  aujourd’hui,  nos  populations  se  sentent-elles
associées  aux  décisions  touchant  leurs  vies ?  Sentent-elles  des  changements
qualitatifs  qu’elles  pourraient  indiscutablement  lier  à  la  démocratie  ?  La
démocratie leur est-elle adaptée ? Leur socio-anthropologie s’y plie-t-elle ?  Ontelles  droit  de  s’exprimer  librement ?  Leurs  expressions  sont-elles  entendues ?
N’est-il pas temps pour  nos intellectuels, tout en gardant le noble idéal, de changer
la forme de cette démocratie ? Nombreuses sont les questions de cette nature, que
chercheurs et journalistes devraient légitimement se poser.
Pour  l’heure,  au  Mali,  quoique  qu’en  disent   nos  doctes  éditocrates,  allant
jusqu’à supposer avec mépris, que le soutien de la population malienne à sa junte
est  acheté,  corrompu,  de  peur…  Les  maliens  semblent  être  fatigués  de  la
partitocratie et de l’électoralisme. Constatant dans leur chair, l’incapacité de nos
grands démocrates à leur assurer la paix, le bonheur et la prospérité ; ils semblent
s’en  remettre  aux  militaires  et  faire corps  avec  eux.  Rien ne  les  mets  à l’abri,
d’énième  et  plus  grand  désenchantement  dans  cette  aventure,  cependant,  cette
« psychologie  des  foules »  (Gustave  Lebon), plutôt  que  de  les  rebuter, devrait
interpeller les chercheurs et journalistes.
Un épisode assez révélateur de cette psychologie des peuples, s’est déroulé
dans  l’une  de  nos  émissions.  Pendant  que  nos  tout-sachant  éditocrates
condamnaient la junte malienne, la quasi-totalité des appelants la félicitait et la
soutenait.  Aucun  d’entre  eux,  n’en  a  semble-il  tirer  matière  à  réflexion.  Ils
redoublèrent  en  condamnation,  apostrophaient  les  appelants  et  allaient  pour
certains à leur tenir des propos d’une rare condescendance. Eux savent tout, les
appelant rien ! Ce dogmatisme, l’ancien prix Nobel d’économie et libéral repenti
Joseph Stiglitz  l’affirmait assez drolatiquement en ces termes  : « si les  faits ne
sont pas conformes à la théorie, ce n’est pas la théorie qui est fausse, mais les
faits ».
Enfermés  dans  leur  tour  de  certitudes,  nos  savants  chroniqueurs  font
apothéoses de leurs propres analyses, érigent leur partialité en vertus, tonnen t et
carillonnent depuis les cimes des principes et théories qu’ils pensent intangibles à
des populations, dans l’abime, vivant au quotidien les difficultés, la paupérisation
de masses, les crimes de toutes natures. Couper qu’ils sont des réalités des masses,
dont la complexité des actions et réactions, ne sont ni à vitupérer, ni promouvoir,
mais à comprendre ; nos intellectuels doivent prendre garde.
Face aux mutations et dynamiques souterraines et profondes qui se déroulent
au sein des masses africaines, nos faiseurs d’opinion gagneraient à faire le choix
d’une approche complexe.  Leur imperméabilité à ces  dynamiques et mutations,
dont le soutien aux putschs n’est qu’une piètre conséquence, risque d’en faire les
réalisateurs  de  la prophétie de  Malek  Chebel  à propos de certains théologiens  :
« Ils seront les derniers à se réveiller ». Cette sentence, certains de leurs silences
et/ou ignorances sur la crise Malienne en donnent l’impression.
Silence coupable et/ou ignorance dangereuse
Nous l’avions déjà rappelé dès les premières lignes de ce texte, le premier
responsable du désordre dans le sahel   : c’est la France. Le dire, ce n’est ni être
anti – Français, ni populiste. C’est rappeler une banale vérité historique, vérité
d’ailleurs dite sur nombreux plateaux télé français. Pourquoi nos chroniqueurs
stars ne la disent jamais   ? La question reste posée. Pourquoi, eux si amants de la
légalité ne dénoncent – ils jamais l’illégalité des sanctions de la Cedeao   ? Pourquoi
jamais ne s’indignent – ils contre les blessé s et morts récents des convois français
au Burkina et au Niger   ? Pourquoi ne rappellent – ils pas assez, que    les plus
grosses pertes en vie humaine  (civiles et militaires)  dans cette crise ,  s ont avant
tout  africaines   ?   Que  pensent- ils,  eux  grands  géopolitologues  de  la  présence
d’Africorm en Afrique   ?     Sans crier au complotisme, mot disqualifiant et tant
prisé à l’instar de  populisme, que leur inspire le  passage de certains de nos
célèbres   putschistes dans  des commandements américains  ? Pourquoi eux si
prompts à demander des retombées militaires en 18 mois de junte, n’ en font – ils
pas de même pour les 10 ans de présence militaire internationale au Mali ? Que
pensent – ils du fait indiscutable de la multiplication des ‘’possessions’’  jihadistes
au Mali, malgré la présence de ces forces   ? Quel est l’ avis de nos légitimistes sur
la convocation par l’Europe sous couvert de l’Italie ,   de mouvements rebelles,
pour discuter   de   l’avenir du Mali   ?   Pourquoi, ne nous instruisent – ils pas   de façon
docte  et  édifiante,  sur  la  guerre  de  puissance  et  d’influence  Russie/Chine  –
nouvelle route de la soie –  contre l’Otan – France pour le cas du Mali –  dont nous
sommes le théâtre   ? Eux qui défendent à d’autres, toutes analyses neutres et
nuancées de c es questions, quel est leur camp   ? Pro Français ou pro Russes   ?
Voici  entre  nombreuses  d’ autres ,  quelques   questions  sur  lesquelles,  nous
ignorants, aimerions être instruits de la part de nos savants.   Les  réponses   ne
tarderont pas nous en sommes sûr s . Avant de les connaitre, concluons  ce long
texte avec une anecdote digne d’intérêt.
Et le lithium dans tout ça ?
Octobre 2019, élections présidentielles en Bolivie. Morales sort vainqueur  ! Comme
c’est fréquemment le cas en Amérique Latin e, véritable terrain de jeu et de sale besogne des
Etats – Unis  via  la  Cia,  une  révolution  colorée  le  fait  capituler.  Victime  d’une  tentative d’assassinat , il finit   par s’échapper, rejoint le Mexique, puis l’Argentine. Réagissant à cette actualité dans un échange surréaliste et cynique, Elon Musk l’un des hommes les plus riches du monde dira   :   «   Nous renverserons qui nous voulons  ».   .
Le magnat de Tesla , reconnaissait avec une arrogance d’empire qu’il était possiblement
lié à cet autre putsch en Bolivie. Que vient faire la Bolivie, dans un article dont le Mali est le
sujet   ? La Bolivie à tout à y voir   ! Le Mali, certes à échelle moindre est tout comme l a Bolivie riche en Lithium. Qu’est – ce que le Lithium   ? Un des métaux du futur. Le Lithium s’avère être indispensable dans la transition écologique vers les voitures électriques. Ceci expliquerait – il comme ce fut  fréquemment   l e cas en Afrique, l es intermina bles querelles, sur la présence des puissances  occidentales  et  Européennes  au  Mali   ?  Puissance  Européenne –   la  France notamment –   dont certains journalistes reconnaissent, contrairement aux silences des nôtres, que la présence en Afrique de l’ouest, est moti vée aussi par des raisons économiques et stratégiques. Qu’attendent nos experts, pour instruire ces questions   ? Leur silence est – il feint, ou est – ce qu’ils en sont ignorants   ? Parce qu’aucune  question    politique, surtout en Afrique, ne peut être réduite a ux prismes de la légalité ou de la  légitimité, que nos doctes journalistes et chroniqueurs nous renseignent donc le cas échéant ,   sur la place du Mali et de l’Afrique dans La guerre des métaux rares (Titre d’un livre de Guillaume  Pitron) .
Dans l’attente de tant de questions à eux posées, et tant d’autres clarifications dont ils nous
sont redevables   ; nous autres ignorants, et thuriféraires de putschs et toutes sortes de juntes
militaires  nids  d’incapables,  bras  cassés,  lâches,  populistes,  corrupteurs   de  jeunesses   ; continuons  à  nous  délecter  de   leurs  opinions  indiscutables.  Celles  de  la  tyrannie  des intellectuels télécrates.
Un ignorant, soutien infâme et honteux des putsch
Ali S.
			





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