Prochain sommet UE-UA [17-18 février a Bruxelles], putschs en Afrique, questions sécuritaires, présence du groupe Wagner au Mali, accès aux vaccins… Sur tous ces dossiers chauds, le président rwandais s’exprime, en exclusivité dans « Jeune Afrique ».
À deux semaines d’un sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine (les 17 et 18 février à Bruxelles) pour la réussite duquel il s’est beaucoup investi aux côtés d’Emmanuel Macron, de Macky Sall et de Charles Michel, Paul Kagame a répondu aux questions de Jeune Afrique par visioconférence, depuis Kigali.
À la tête, depuis près de vingt-deux ans, d’un pays qui compte sur la scène panafricaine, interlocuteur respecté des gouvernements occidentaux, pour lesquels le Rwanda est un modèle de gouvernance économique et sociale – mais dont les performances démocratiques font toujours l’objet de vives critiques de la part des ONG et des médias –, ce président, âgé de 64 ans, s’efforce désormais de « fendre l’armure » : celle d’un homme intransigeant, dénué d’empathie, pour qui les résultats comptent davantage que les moyens utilisés pour y parvenir, les statistiques davantage que les hommes.
Ces traits, sous lesquels ses détracteurs continuent de le décrire, Paul Kagame ne s’y reconnaît pas. C’est ce qu’il explique dans cet entretien, au cours duquel ont été abordés les principaux dossiers (notamment sécuritaires) régionaux et panafricains de ce début de 2022.
Jeune Afrique : Vous avez activement travaillé à la préparation du sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne, prévu les 17 et 18 février à Bruxelles. Qu’en attendez-vous ?
Paul Kagame : Aujourd’hui, il y a tellement de sommets que, pour certains participants, cela devient une forme de routine. Ils y viennent plus pour l’événement lui-même que pour les résultats qui peuvent en découler. Ce sommet nous offre la possibilité d’être plus pragmatiques. Je suis optimiste. L’UA a compris, je pense, qu’il fallait faire les choses différemment.
Près de 35 milliards de dollars ont été dépensés pour les opérations de maintien de la paix en RDC. Pour quel résultat ?
(…)
Cet article est réservé aux abonnés de JeuneAfrique
Par François Soudan et Romain Gras
Paul Kagame: «Les coups d’État sont le fruit de la mauvaise gouvernance»
Le président rwandais s’est prononcé sur la récurrence des coups d’état en Afrique. Pour Paul Kagame, c’est aussi le résultat d’une mauvaise gouvernance.
Au micro de JA, le chef de l’Etat Rwandais n’est pas allé par quatre chemins pour clarifier sa position sur la récurrence des putschs en Afrique. S’il n’approuve pas cette manière des militaires de renverser des régimes « démocratiquement élus », Paul Kagame estime aussi que l’échec des gouvernements civils à trouver des solutions à certains problèmes clés poussent des soldats à prendre leur responsabilité.
« C’est, dans une certaine mesure, le résultat d’une défaillance dans la gouvernance. Ce n’est pas juste la faute des militaires, les civils ont aussi une responsabilité. Certes, le rôle des militaires n’est pas de conduire ce genre d’action, mais on ne peut ignorer que, dans certains cas, les civils commettent, eux aussi, des actes contestables » , a déclaré le dirigeant rwandais lui-même chef militaire lorsqu’il arrivait au pouvoir à l’issue d’une guerre civile.
Et de poursuivre: « Si, sous un gouvernement civil, la situation se détériore et que les gens meurent, que les problèmes s’accumulent et qu’en plus les autorités se servent des militaires pour truquer les élections, qui doit-on blâmer lorsque l’armée renverse ces gouvernements ? Je trouve inapproprié de ne critiquer que les militaires et de ne pas blâmer les civils qui les ont utilisés pour se maintenir au pouvoir. J’imagine que c’est à partir de ce genre d’analyse que certains disent qu’il y a des bons et des mauvais coups d’État » .
Cette déclaration de Paul Kagame intervient quelques jours après le coup d’état contre le régime de Roch Kaboré au Burkina Faso. Les militaires réunis au sein du MPSR avec à leur tête Paul Henri Damiba, ont mis fin aux fonctions de Kaboré. Ils ont aussi suspendu la constitution, dissous le parlement et le gouvernement dirigé par Lassina Zerbo. Les putschistes ont promis un retour à l’ordre constitutionnel «quand toutes les conditions seront réunies« .
Avec Actucameroun.com
Commentaires Facebook