Le 30 décembre 2020, le gouvernement ivoirien par décret mettait fin aux cotisations dans les Comités de gestion des établissements scolaires publics (Coges). La décision avait été saluée par des acteurs de l’école dont de nombreux parents d’élèves devenus des vaches à lait d’un système de racket généralisé.
A présent on déchante. L’état qui a mis fin aux cotisations sans dissoudre les Coges tarde à assumer sa décision. Depuis la prise du décret par Alassane Ouattara, aucune des promesses financières n’est encore tenue. « La gratuité promise est pour le moment illusoire. Pendant ce temps, les élèves doivent passer les examens, l’école doit fonctionner », faisait observer un directeur d’école lors d’une rencontre avec des parents d’élèves dans un établissement scolaire de Yopougon. Une manière de déplorer l’état de déliquescence financière et infrastructurelle de son établissement depuis l’arrêt des cotisations des élèves.
On se souvient qu’en décembre dernier la ministre de l’éducation nationale avait enjoint des chefs d’établissement à reporter les évaluations faute de moyens pour les prendre en charge. Dans certains établissements, des directeurs ont dû mettre la main à la poche pour organiser les compositions quitte à se faire rembourser si l’aide promise par l’Etat arrive.
Le président national de la plateforme des Coges du pays ne croyait pas si bien dire dans une lettre qu’il adressait récemment au Premier ministre Achi Patrick. Le président des Coges égrenait le lot des charges non satisfaites dans les établissements scolaires et qui plonge ceux-ci dans la léthargie totale. Il faisait cas des promesses financières du président de la République qui restent entières. Les 4,7 milliards de Fcfa pour le premier trimestre 2021 et les 18 milliards de 2022 ne sont toujours pas versés. Résultat des courses : des personnels d’appoint tels les vigiles, les vacataires et autres prestataires de service, non rémunérés.
Cela se constate quand on fait un tour dans nos établissements scolaires aujourd’hui. Lycées, collèges et écoles primaires sont laissés pour compte. Même la craie, un des composants du matériel didactique manque. Une image a même fait le tour de la toile récemment, mettant en selle le lycée d’excellence de Grand Bassam construit à coups de milliards par la coopération chinoise où le simple entretien des toilettes n’est pas assuré.
Au nouveau collège moderne de Yopougon Sogefiha, après maints efforts pour avoir du personnel enseignant finalement début janvier, la pauvre principale, Mme Camara n’a pas d’autres choix que de se tourner vers des parents d’élèves sensibles. L’école, un chef-d’œuvre vu de loin est presqu’un amas de ruines. Des travaux inachevés, des salles de classe manquant de tables-bancs, des toilettes inutilisables… Ici, il n’y a même pas encore un bureau de Coges vers lequel se tourner.
Dans la réalité, l’erreur de l’état aura été de couper la principale source de revenus aux Coges sans que le processus prévu pour faire la nécessaire compensation ait été mis en place. Pourtant le décret modificatif pris par Alassane Ouattara après avoir entendu le conseil des ministres situe bien les charges de ces structures mises en place au début des années 90. Entre autres :
. Aider à l’entretien courant des bâtiments, des équipements et à la sauvegarde du patrimoine et de l’environnement
. Contribuer à l’encadrement civique et moral des élèves et stagiaires
. Favoriser l’intégration de l’établissement scolaire dans son milieu
. Apporter un appui aux activités socioéducatives de l’établissement.
(Extrait du décret n°2020-997 du 30 décembre 2020).
Le texte est beau. Mais à l’application, que d’écueils ! Où trouver de l’argent pour faire face à tant de charges. Les différents responsables n’ont pas de solutions miracles. Pour le moment ils n’osent pas mettre à contribution les parents d’élèves et parler de cotisation. Ce serait aller contre les consignes de l’état qui prône la gratuité et qui a fini par rendre les parents hostiles à toute initiative tendant à contribuer à la formation de leurs enfants.
La réalité est triste.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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