De prime abord, les testicules et le cerveau n’ont rien en commun. Les premiers participent à une fonction vue comme triviale – la reproduction – alors que le second est aussi complexe dans sa structure que dans les fonctions biologiques qu’il assure. Mais des chercheurs portugais, en collaboration avec une équipe britannique, sont allés au-delà de ces apparences. Dans une publication parue dans Open Biology, ils révèlent un nombre surprenant de similarités entre les testicules et le cerveau humain.
Des similitudes tissulaires…
Leur premier point de comparaison est tissulaire. Les cellules du cerveau peuvent être séparées en deux groupes : les neurones et les cellules gliales, qui elles-mêmes comprennent quatre types cellulaires qui soutiennent l’activité des neurones. Les scientifiques ont fait une analogie similaire pour les cellules des testicules. Les tubes séminifères sont l’unité fonctionnelle des testicules, celles qui produisent les spermatozoïdes, tout comme les neurones sont responsables du traitement de l’information dans le cerveau. Ces tubes séminifères sont composés des cellules germinales, où les gamètes naissent, et des cellules de Sertoli, qui forment les tubes. Les scientifiques ont également noté des similitudes entre neurones et spermatozoïdes.
Ces deux organes sont aussi très énergivores. Ils puisent tous les deux leur énergie dans le lactate, un métabolite produit par les astrocytes dans le cerveau, et les cellules de Sertoli dans les testicules. Cette énergie est essentiellement destinée à la cognition et la spermatogenèse. Le cerveau et les testicules sont aussi isolés du reste du corps, c’est le privilège immun, par la barrière hémato-encéphalique et hémato-testiculaire respectivement. En simplifiant leur structure, les similitudes entre testicules et cerveau commencent à apparaître. Les scientifiques ont cherché encore plus loin, en s’intéressant au protéome des deux organes, c’est-à-dire l’ensemble des protéines qu’ils expriment à un moment donné.
…et protéiques
Selon les informations recueillies par les scientifiques, les testicules et le cerveau partagent 13.442 protéines différentes, c’est plus que n’importe quels autres organes étudiés, 31 au total. Elles sont impliquées dans le fonctionnement et le développement des deux organes. En effet, les testicules font partie du système neuroendocrinien. Ils communiquent donc étroitement avec le cerveau, notamment par l’intermédiaire d’hormones, comme l’hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires (GnRH) fabriquée par l’hypothalamus dans le cerveau.
Les similitudes entre ces deux organes opposés permettraient aux scientifiques d’améliorer la compréhension des dysfonctionnements qui touchent à la fois testicules et cerveau. « Une association a été observée entre le processus dégénératif du système nerveux central et la dégénérescence testiculaire, sans coexistence de lésions hypophysaires », écrivent les auteurs de l’article.
Futura
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