Le gouvernement a engagé une guerre sans merci contre l’orpaillage clandestin, véritable plaie qui gangrène le secteur minier ivoirien. En plus de la répression, il a lancé le projet des chantiers-écoles pour encadrer et professionnaliser les acteurs de la filière minière artisanale. L’objectif étant de les détourner de l’orpaillage illégal et de créer des emplois pour les jeunes Ivoiriens.
« Nous souhaitons que de nombreux jeunes Ivoiriens s’intéressent au secteur et que grâce à cette activité, ils puissent se prendre en charge », indique Sarah Koné.
La jeune femme faisait partie de la première promotion du premier chantier-école ouvert le lundi 28 janvier 2018 à Bozi dans le département de Bouaflé.
Depuis cette date, une douzaine de chantiers-écoles ont été ouverts dans différentes régions du pays. En décembre 2020, le pays comptait 12 chantiers-écoles. A Bozi (Bouaflé), Katiendé (Boundiali), Loboville( Buyo), Nangbokro (Daoukro), Abradine II ( Yakassé-Attobrou) , Tanguelan ( Agnibilékro), Booré-Apkokro ( Dimbokro) , Nébo (Divo), Assiè-Kokorè (Bongouanou) à Yao-Amoinkro ( Brobo), à Booré Akpokro, ( Djangokro Dimbokro) et Souleymanekaha (Dabakala).
Les futurs artisans miniers sont encadrés par les spécialistes de la Société de Développement Minier de la Côte d’Ivoire (Sodemi). C’est une formation en alternance, comprenant une phase théorique en classe et une phase pratique sur le chantier. Ils apprennent la législation minière en matière d’exploitation minière artisanale et des petites mines. On leur enseigne l’organisation des chantiers miniers à petite échelle, les techniques de prospection, d’exploitation et de traitement. L’accent est mis sur l’hygiène, la sécurité et l’environnement, la gestion d’une exploitation minière à petite échelle. En initiant ce projet, l’objectif du gouvernement était de susciter l’esprit d’entreprenariat chez les jeunes formés dans ce secteur. En effet, après la formation, ils peuvent demander des autorisations légales d’exploitation qui leur permettent de travailler en toute sécurité, selon les normes en vigueur. En décembre 2020, 330 artisans miniers étaient en formation, 120 en fin de formation et 44 déjà en activité. Le projet des chantiers écoles vise à former 1000 artisans miniers par an. Il s’agit de garantir, à travers une formation de qualité, un encadrement et un suivi réguliers des artisans miniers, la création d’emplois pérennes et décents et un développement économique durable du secteur de la petite mine.
Une fois leur autorisation obtenue, les artisans miniers sont installés dans des couloirs minéralisés. L’exploitation de l’or est un grand gisement d’emplois. On estime qu’une grande mine peut employer près de 1000 personnes en emplois directs sans compter les emplois indirects. Une petite mine emploie entre 50 et 100 personnes.
Le secteur minier est en plein essor. L’ambition est d’en faire le deuxième pourvoyeur de richesse de l’économie ivoirienne avec une contribution de 4% au Produit intérieur brut (PIB). Une ambition justifiée par son immense potentiel.
En 2020, la production d’or était de 38,523 tonnes, contre 11 tonnes en 2015. La Côte d’Ivoire a démarré l’exploitation du manganèse, du nickel et de la bauxite. Les productions de manganèse et de nickel étaient respectivement de 1 181 803 et 828 752 tonnes en 2019. Quant à la bauxite, les réserves sont estimées à 35 millions de tonnes de minerais.
Le chiffre d’affaires déclaré par l’ensemble des sociétés d’exploitation du secteur en 2020, s’établit à 988,793 milliards de FCFA, contre 539,072 milliards de FCFA en 2017, soit une hausse de 83,42 %. Quant aux recettes fiscales générées en 2020 par le secteur, elles s’élèvent à 118,665 milliards de FCFA, contre 56,441 milliards de FCFA en 2017.
Afin que ce secteur en plein essor contribue pleinement au développement du pays, l’éradication de l’orpaillage illégal est devenue un impératif absolu. Une Brigade de Répression des Infractions au Code Minier (Bricm) a été créée pour mener des répressions dans toutes les régions. Après cette brigade, le Conseil National de Sécurité (CNS) a décidé, le 1er juin 2021, de la création d’un Groupement spécial de répression de l’orpaillage illégal. Avec 560 éléments, dont 460 gendarmes et 100 agents des Eaux et Forêts.
Le CNS, au cours de ses différentes réunions, fait un point régulier des actions menées dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage illégal.
A titre d’exemple, lors de sa dernière réunion tenue le 9 décembre 2021, il relevait dans son communiqué que 114 sites d’orpaillage illégal ont été déguerpis, 96 personnes interpellées dans 12 régions, 9 000 abris de fortune détruits et d’importantes quantités de matériels saisies. De 2018 à 2019, le gouvernement a mis fin aux activités de 23 400 orpailleurs clandestins.
Avec les chantiers-écoles, une véritable politique de la petite mine se met en place pour faciliter l’obtention des autorisations d’exploitation minière, afin de participer à l’autonomisation des jeunes.
CICG
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