A Djibouti la « mystérieuse » base militaire chinoise qui inquiète la France et ses alliés de l’Otan
Dans le secret, Pékin a construit une base militaire et un quai, qui pourraient lui donner l’avantage sur l’Amérique dans la Corne de l’Afrique.
Le Puma fend l’air au-dessus des eaux turquoise du golfe de Tadjoura. Il double l’épave d’un chalutier, relève son nez et prend de l’altitude. L’hélicoptère français du 5e régiment interarmes d’outre-mer ralentit, pour embrasser le panorama qui va des grues immenses du port de Doraleh jusqu’à l’îlot du Héron. Et là, à l’aplomb, le voici qui se dévoile enfin. Le quai de la discorde, objet de disputes et d’encore plus de rumeurs. Une simple jetée de béton en apparence, au bout de laquelle s’élève un lampadaire coiffé de caméras. Elle a poussé ces derniers mois. À sa base, elle est reliée à un mirador puis à un mur d’enceinte enserrant un complexe d’une trentaine de bâtiments couleur ocre, comme la rocaille de la région.
Il s’agit de la base militaire de la République populaire de Chine à…
La suite sur lepoint.fr
La Chine serait tentée d’installer une base militaire permanente en Guinée équatoriale
Selon le Wall Street Journal qui s’appuie sur des documents de la CIA, Pékin envisagerait d’établir dans ce pays sa seconde base militaire permanente en Afrique, après celle de Djibouti. Ce choix inquiète Washington, qui voit d’un mauvais oeil la Chine disposer ainsi d’une première base sur la côte Atlantique du continent.
Djibouti est à ce jour la seule base permanente chinoise sur le continent africain. La Chine aurait finalement trouvé un point de chute pour installer une nouvelle base militaire permanente en Afrique. Selon le « Wall Street Journal », qui cite des rapports de la CIA toujours classifiés, Pékin aurait jeté son dévolu sur la Guinée équatoriale.
Un pays qui était depuis quelques années considéré, avec l’Angola, le Kenya, la Mauritanie, la Namibie ou bien encore la Tanzanie, comme faisant partie des choix les plus probables de Pékin pour installer une deuxième base militaire permanente sur le continent africain.
Une installation « préoccupante » pour Washington
S’il se confirme, le choix de la Guinée équatoriale a de quoi agacer Washington alors que les relations commerciales et diplomatiques avec Pékin restent extrêmement tendues .
L’administration américaine ne peut voir que d’un très mauvais oeil une installation militaire chinoise permanente sur la côte Atlantique. Une base chinoise en Guinée équatoriale constituerait en effet une fenêtre ouverte sur une zone que les Etats-Unis considèrent comme un pré carré. Alors même que la marine américaine fait face aux démonstrations de force permanentes de Pékin en mer de Chine méridionale.
« L’Atlantique me préoccupe beaucoup », confiait ainsi en mai dernier le général Stephen Townsend, le chef de l’Africom, dans une interview accordée à l’agence Associated Press. Car, rappelait alors le militaire américain, l’Atlantique est bien plus étroit que le Pacifique et qu’une telle base pourrait être bien plus proche de la côte est des Etats-Unis que les installations militaires en territoire chinois ne le sont de la côte ouest américaine.
Chassé-croisé américain avec Malabo
Dans ce contexte, Washington et Pékin tentent donc de faire pencher la Guinée Equatoriale de leur côté. Et il n’est sans doute pas innocent si, en octobre dernier, ce pays africain a constitué l’une des étapes du déplacement africain de John Finer, le conseiller principal adjoint à la sécurité nationale américaine . Officiellement en se rendant à Malabo, il a abordé avec le président équato-guinéen Teodoro Obiang, la question des moyens de renforcer la sécurité maritime et de mettre fin à la pandémie de Covid-19. Mais officieusement, il aurait été mandaté par l’administration Biden pour persuader son interlocuteur de rejeter les projets de Pékin. Et aurait souligné que toute activité chinoise dans la région soulèverait des problèmes de sécurité nationale.
Face à cette offensive américaine, Pékin n’a pas tardé à réagir. Une semaine après la tournée africaine de John Finer, Xi Jinping a assuré Teodoro Obiang, lors d’un entretien téléphonique, que la Chine « apportera toujours un soutien indéfectible à la Guinée équatoriale dans la défense de sa souveraineté nationale et l’exploration indépendante de sa propre voie de développement ».
Une étape dans le projet des nouvelles routes de la soie
Pour l’heure, la Chine, qui n’a jamais caché ses ambitions africaines, ne dispose que d’une base militaire permanente sur le continent. Située à Djibouti, l’un des rares pays politiquement stables de cette partie du monde, elle a été inaugurée en août 2017. Et elle participe, au-delà des questions de stratégie militaire, aux ambitions commerciales de Pékin. Notamment en étant l’étape africaine de la version maritime des nouvelles routes de la soie .
Djibouti a en effet servi de tête de pont à Pékin pour développer ses liens commerciaux avec les pays voisins, à l’image de l’Ethiopie. Un an après l’installation de sa base militaire, Pékin a fait renaître l’ancienne ligne de chemin de fer qui reliait Djibouti à Addis-Abeba. Désenclavant ainsi l’Ethiopie, allié de longue date de Pékin et qui reste la première destination des travailleurs chinois à l’étranger. Pékin, qui a aussi des liens étroits avec Malabo, espère sans doute faire de même et se ménager une porte d’entrée sur l’Afrique de l’ouest. Le tout alors que vient de se tenir à Dakar la dernière édition du Forum pour la coopération sino-africaine (Focac) au cours de laquelle Pékin s’est engagé à promouvoir ses échanges commerciaux avec les pays d’Afrique et à importer pour l’équivalent de 300 milliards de dollars de produits africains dans les trois ans à venir.
Claude Fouquet
Lesechos.fr
Commentaires Facebook