Pourquoi Tidjane Thiam doit acquérir davantage de maturité s’il vise la fonction de président de la République en Côte-d’Ivoire

Aujourd’hui Tidjane Thiam est un aigle qui vole haut dans le ciel. Après un parcours universitaire brillant, et des états de service exceptionnels aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Occident (qu’on ne va pas rappeler ici), l’homme fait aujourd’hui l’unanimité sur ses compétences au plan international. Son nom avait été cité pour le remplacement de Christine Lagarde à la tête du FMI en 2019, lorsqu’ elle fut appelée à présider la Banque Centrale Européenne. C’est dire la notoriété de ce garçon. Aujourd’hui l’homme préside un fond d’investissement. Il est aussi à la tête du Conseil d’Administration de la Rwanda Finance Limited, le CEPICI rwandais.

Il a accordé une interview à la radio française RFI le Samedi 04 Décembre, relançant encore une fois les spéculations sur ses intentions en CI. Fort de ses qualités et de son aura, beaucoup le voient à la tête du pays. Pourtant les compétences de Thiam, si brillantes et exceptionnelles soient-elles, restent confinées à la Finance internationale. Peuvent-elles l’amener à saisir toutes les questions qui interviennent dans la gouvernance d’un Etat ? Peut-on affirmer que tout individu qui a brillamment administré des multinationales occidentales, est de facto apte à diriger un Etat en Afrique ? Le cas de Georges Weah nous a montré que la notoriété internationale ne transforme pas forcément un individu en un président exceptionnel.

Bien sûr, Thiam est financier, pas footballeur. Mais c’est le même phénomène qui est à l’œuvre. Comme Weah sa popularité est si grande qu’on le croit capable de réussir à la tête d’ une nation. C’est un raccourci qui débouche le plus souvent sur la déception. Être un « génie » dans la finance internationale, ne garantit pas qu’on sera « un président de génie », parce que gouverner un Etat ( en Afrique ) va au-delà des questions financières. Rien ne permet d’affirmer que Thiam sera capable des mêmes prouesses sur les questions relatives à l’agriculture, la santé, l’éducation, la sécurité intérieure, la stabilité politique, la sécurité à nos frontières, la paix avec les syndicats, la liberté d’expression etc……etc….que celles qu’il a réalisées à la tête du Credit Suisse ou de Prudential ? Nous avons affaire à des questions d’une toute autre nature.

La gouvernance d’un Etat africain est une affaire infiniment plus complexe. Ce n’est pas une matière qu’ on enseigne dans les universités occidentales. C’ est une « science » qui ne s’acquiert uniquement que dans la pratique, ou dans l’apprentissage auprès d’un président en exercice. Des événements récents en Afrique ont montré que la démocratie restait fragile. La stabilité politique requiert une vigilance de toujours. Thiam est novice sur ces questions, il est démuni sur ce plan quoique l’on dise.

Lorsque le Président Houphouët a fait appel au Gouverneur de la BCEAO, Mr Alassane Ouattara, pour assainir les comptes de l’Etat, en Avril 1990, et l’a nommé Premier Ministre en Novembre de la même année, l’homme ne s’occupait que de l’assainissement des finances publiques, le président Houphouët gérait tout le reste. C’est environ deux années plus tard, soit à partir de la mi-1992, que l’homme a commencé à s’affirmer sur les autres domaines. Ainsi il a appris auprès de quelqu’un qui était en fonction, le Président Houphouët, la présence de ce dernier garantissait la stabilité politique.

Ainsi les personnalités comme les défunts Premiers Ministres, Amadou Gon et Hamed Bakayoko étaient outillés pour la fonction présidentielle. Le Président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki, celui de la CEDEAO, l’Ivoirien Jean Claude Brou, ont une vue de hauteur sur la gouvernance des Etats africains. Ils savent « comment fonctionnent les choses » . Ils peuvent être de très bons présidents. Leur bagage, Thiam ne le possède pas encore. Il va se brûler les ailes s’il accède à la fonction en l’état actuel des choses. Sa tendance à modéliser, à schématiser, à formaliser, sans tenir compte de la spécificité du contexte, va déboucher sur des solutions merveilleuses sur le papier, mais qui ne fonctionneront pas.

Thiam ferait par contre un excellent Premier Ministre. La primature serait un « stage » pour « compléter son cursus » et le préparer à la fonction présidentielle. Il a besoin d’être  » coaché  » car il n’est ni un dieu, ni un demi-dieu, ni un messie, ni un fils prodige. Ceux qui le voient ainsi sont dans  » l’émotionnel « . Il doit apprendre avant d’exercer, pour éviter des « erreurs de jeunesse » à l’instar d’Abiy Hamed, dont les erreurs de diagnostic ont plongé l’Ethiopie dans l’état actuel. Le faible bagage politique de Thiam peut être source de naïveté, et déboucher sur des situations désastreuses. Après la crise post électorale de 2010-2011, et la  » mini-crise électorale  » de 2020, la Côte d’Ivoire reste dans une situation politique délicate. Thiam est loin d’avoir la maturité nécessaire pour gouverner ce pays au sommet.

Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com

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1 réflexion au sujet de « Pourquoi Tidjane Thiam doit acquérir davantage de maturité s’il vise la fonction de président de la République en Côte-d’Ivoire »

  1. A-t-on besoin d’acquerir de la MATURITE avant d’etre un chef d’Etat en RCI et ailleurs en Afrique ?. La POLITIQUE peut s’apprendre facilement en dehors d’une classe politique.

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