Quelles solutions au système hospitalier en Côte-d’Ivoire ?

En attendant de voir clair dans le futur projet de réforme hospitalière, je voudrais me permettre de dresser ci-dessous les maux mais surtout ce que je pense qui serait bien pour mieux faire fonctionner notre système hospitalier. L’ancien ministre ivoirien de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr. Aka Aouélé, disait il y a quelques années qu’il existe plus de 2 500 établissements sanitaires répartis sur l’ensemble du territoire ivoirien. Il s’agit de Centres hospitaliers universitaires (CHU), de Centres hospitaliers régionaux (CHR), d’hôpitaux généraux (HG), de maternités, d’infirmeries, etc.

L’objet de notre article de ce jour c’est pour apporter notre modeste contribution aux maux qui rongent notre système sanitaire et plus précisément le système hospitalier. Beaucoup de récriminations, de maux, rongent notre système hospitalier et ces maux ont toujours été dénoncés. Nous allons énumérer quelques-uns de ces maux sans toutefois nous attarder sur eux. Ils ont déjà fait l’objet de plusieurs écrits, vidéos, documentaires, thèses de doctorats, articles de journaux et reportages. Nous voulons plus insister sur ce qu’il faut faire pour y remédier à notre avis, évidemment pas de façon exhaustive au bout d’un article.

Lorsqu’on parle des problèmes du système hospitalier en Côte d’Ivoire, brièvement les maux les plus cités sont:

Nombre de décès de nouveaux nés et de mères en couche

Amputations injustifiées

Pathologies mortelles non détectées à temps

Manque de matériel médical

Mauvaise interprétation des analyses médicales

L’indisponibilité des médecins qui se tournent vers les hôpitaux privés

L’insuffisance du personnel soignant

L’insuffisance de formation

Manque de motivation

Absenteisme

Vol du matériel médical et des médicaments par le personnel soignant

Manque d’appareils de point

Équipements vétustes

Insuffisance de budget alloué à la santé

Difficulté de l’état a recruté les médecins

Manque de médicaments essentiels dans les hôpitaux

Ces dysfonctionnements ont des conséquences graves sur les patients

Il y a d’abord le problème lié à l’accès des structures sanitaires. Il faut en convenir avec la Fédération Africaine de Médecine d’Urgence. Il faut absolument l’installation des cliniques de soins d’urgence de proximité. Une mesure d’accompagnement serait de construire les routes et d’améliorer celles qui existent déjà. Les ambulances doivent être équipées et doivent être en nombre suffisant. Un dispensaire et une maternité dans un village doivent disposer d’au moins 2 ambulances. Il faut en outre un service mécanique disponible pour leur maintenance.

Les responsabilités sont partagées entre l’état et le personnel hospitalier.

1-L’Etat a tort d’analyser le problème de l’hôpital de la même manière que le simple citoyen lambda. Dans la mentalité africaine, on doit soigner gratuitement. Au village, le meilleur guérisseur n’encaisse pas l’argent. Il soigne gratuitement et ensuite on lui offre des cadeaux en guise de reconnaissance. De nos jours, l’hôpital a évolué avec cette même mentalité de charité, de solidarité. On doit s’entraider et on ne devrait rien payer. Le gouvernement et l’Etat ont le même réflexe. Voyez le peu d’intérêt accordé au budget alloué à la santé par rapport aux autres secteurs d’activités. A peine 5% là où la Conférence d’Abuja recommande au moins 15%. C’est vrai que même cette mentalité se ressent encore ici aux USA. Aucun hôpital ne peut rejeter un patient sous prétexte qu’il ne peut pas payer. On le soigne et on lui amène sa facture après pour ceux qui n’ont pas d’assurance.

2-Il faut donc augmenter le budget de la santé. Il faut classer la santé au nombre des priorités. Que les hôpitaux nationaux ou publics soient semi-autonomes ou semi-privés avec une gestion transparente. Que le personnel soignant qui veut aller ailleurs parte mais plus de double jeu. Il faut un contrôle sévère au niveau du personnel soignant, administratif, et de support. Il faut instaurer un système de pointage avant de commencer le travail et à la fin du travail avant de rentrer à la maison après le service. Placer les caméras de surveillance dans les allées et coins des hôpitaux. Les médecins, sage-femmes, infirmiers et autres n’ont pas le droit d’utiliser leur portable pendant les services surtout pas en présence des patients.

3-Il faut assurer en permanence le maintien et l’entretien des équipements et du matériel médical. Les techniciens en charge doivent être formés et recyclés régulièrement. De plus, il faut améliorer le système d’information hospitalier.

4-Le ministère doit faire l’inventaire du matériel sur tout l’étendu du territoire national. Procéder à l’évaluation et du matériel et du personnel à la fois. Une analyse des besoins de chaque hôpital est nécessaire afin d’y apporter des solutions tous les deux ans.

5-Installer dans chaque hôpital central une unité de recherche, d’éducation et de traitement de nos maladies récurrentes telles que le paludisme, le diabète, l’hypertension, l’AVC, le SIDA, les maladies qu’elles soient transmissibles ou non.

6-Le système de santé doit prévoir une unité de dépistage, de prévention et d’éducation. Nos populations n’en savent pas trop en matière de santé. Il faut les informer comme par le passé. Les dispensaires dans les villages ne doivent pas attendre qu’on leur amène les malades. Ils doivent aussi servir à assurer la prévention et l’éducation sur l’hygiène, la santé, la nutrition, les exercices physiques. Faire de la prévention, la vaccination, de l’hygiène, et de l’éducation notre credo puisque nous n’avons pas les moyens de prendre en charge nos populations malades.

7-La taxe actuelle prélevée et attribuée à la RTI doit revenir au système hospitalier. La RTI se fait déjà suffisamment de moyens à travers les publicités et autres services payants. Elle peut aussi chercher des sponsors privés pour ses émissions.

8-Tous les hôpitaux centraux doivent être pourvus de département d’urgence avec au moyen trois ambulances bien équipées avec des services de réanimation, défibrillateurs, respirateurs, échographes, etc.

9. Les erreurs médicales doivent être sévèrement punies si elles sont avérées afin d’en prévenir. Pour cela il faudra un comité d’éthique pour examiner cas par cas et les acheminer au conseil de l’ordre des médecins pharmaciens et chirurgiens dentistes pour sanction appropriée. L’ordre et le comité d’éthique peuvent aussi faire appel à un médecin expert des victimes et collaborer avec un médecin légiste saisi par la justice pour autopsie en cas de décès d’origine criminelle. Pas de sanctions fantaisistes ou inappropriées et injustifiées. L’accusé a droit de faire appel devant le juge.

Les erreurs médicales se paient et sont très chères aussi bien pour l’hôpital que pour le personnel soignant. Quelques exemples d’erreurs médicales les plus courantes: mauvaise analyse des examens médicaux, erreurs de diagnostics et d’interprétation, erreurs de médicaments administrés, erreurs sur l’identité du patient, les soins non coordonnés par différents services, accident médical, négligence médicale, etc.

10-L’Etat doit réduire son train de vie pour accroître le budget de la santé afin de motiver les personnels, recruter de nouveaux personnels, équiper tous les hôpitaux du pays en scanners, radiologies, échographies, les pompes à perfusion, stethoscope, la photographie médicale, la microscopie, l’endoscopie, la thermographie, le défibrillateur, le stimulateur cardiaque, le respirateur, etc, etc. Négocier des contrats de formation et de recyclage avec les cubains. Ils sont très en avance et très doués en santé.

11-Que les personnels soignants évitent de dispenser des ordonnances aux patients sans avoir posé des diagnostics corrects validés par des examens appropriés

12-Que les personnels soignants arrêtent de voler les médicaments mis à leur disposition par la pharmacie de santé publique pour les patients.

13-Que les personnels soignants arrêtent de prescrire les ordonnances dont les patients n’ont pas réellement besoin. Ces médicaments sont dissimulés aux patients afin que ces personnels soignants les utilisent à des fins personnelles.

12- L’Etat doit instaurer une carte d’assurance maladie. Tout citoyen en âge adulte qui le désire doit payer 20,000 f cfa de frais d’assurance maladie par an sur tout l’étendu du territoire national, ville ou villages, campements, travailleurs ou pas, âgés ou pas. Cela suppose également que chaque citoyen dispose d’une carte d’assurance sociale qui n’a rien à voir avec la carte nationale d’identité. La carte d’assurance sociale a un numéro unique pour son détenteur de la naissance au décès. C’est un numéro à partir duquel tout individu vivant sur le territoire peut être répertorié (ses activités, son passé, son présent, etc). Il aura ainsi une carte d’assurance maladie qu’il brandira dans n’importe quel hôpital public. Les mineurs, les handicapés, les personnes âgées 70 et plus eux ne paieront rien. L’Etat doit subventionner les hôpitaux à cette fin.

La Côte d’Ivoire a les moyens, beaucoup de moyens pour offrir des soins de santé de qualité à sa population. Il suffit d’y mettre la volonté et la transparence dans la gestion des ressources aussi bien financières, humaines, que logistiques.

Dr. Charles Koudou, Administrateur de la Santé

Consultant en Santé et Développement, Fondateur de la CND: Conscience Nationale pour le Développement www.cnd1.org koudoucharles@gmail.com charleskoudou@facebook.

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