Le Salon du chocolat, tenu à Paris, du 28 au 31 octobre, a été l’occasion pour l’ambassadeur Aly Touré de monter au créneau pour une meilleure rétribution des producteurs de cacao. Un combat que le porte-parole des pays producteurs mène avec acharnement depuis de nombreuses années. Et il y croit !
“Comment peut-on comprendre et accepter que sur 100 milliards de dollars générés par la filière mondiale de cacao, seulement 3% reviennent aux producteurs ? Je dis non ! Et c’est cela le combat que je mène depuis de nombreuses années. Je pense que nous ne sommes plus très loin de voir nos efforts récompensés. “ S.E.M Aly Touré, représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des organisations internationales des produits de base, n’en démord pas. C’est un farouche défenseur du cacao ivoirien.
À l’occasion du Salon du chocolat à Paris, celui qui lutte à Londres de façon acharnée pour le cacao ivoirien dans les instances internationales, était aux taquets. Tantôt avec les producteurs, tantôt avec des investisseurs et tantôt en train de faire du lobbying, le tout pour que les planteurs soient rémunérés à la hauteur de leur travail. Ne refusant aucune question de curieux, il était l’animateur principal du stand de son pays. Et toujours avec sourire, même si le sujet de la conférence qu’il organisait était de la plus haute importance : la transformation locale du cacao, une opportunité de broyage dans les pays producteurs. Car, en effet, le combat de l’Ambassadeur du cacao ivoirien est de permettre aux agriculteurs de vivre enfin décemment du fruit de leur labeur.
Pour ce faire, celui qu’on appelle affectueusement “Excellence” dans les couloirs du Salon tenu à la Porte de Versailles, a invité des producteurs. “Je pense que si, ceux qui sont sur le terrain, viennent expliquer comment ils travaillent, on comprendra mieux cette forme d’injustice qu’ils subissent”, explique M. Aly Touré. On a donc assisté à une belle conférence donnée par deux producteurs, Ambroise N’Koh, et Axel Emmanuel.
Meilleur producteur ivoirien, N’Koh a fait un cours magistral et majestueux sur son travail. “Nous sommes aujourd’hui dans le 2QC : quantité-qualité-croissance. Nous produisons un cacao de très bonne qualité et nous avons intégré dans notre travail le respect de la biodiversité. Nous associons la cacaoculture au plantage d’arbre aussi afin de protéger la forêt du changement climatique. On peut faire de l’agriculture durable et de bonne qualité”. Puis, s’adressant à la foule dans un tonnerre d’applaudissement, il déclare : “Vous mangez du chocolat ici en Europe, mais il est important que vous sachiez comment les choses se passent sur le terrain. D’ailleurs je pense que vous pourriez être nos meilleurs défenseurs auprès des fabricants de chocolat. Parce que sans cacao, pas de chocolat. Or les revenus des producteurs sont relégués au second plan depuis de nombreuses années.” Ce que les visiteurs ont acquiescé.
Puis l’ancien banquier, Axel Emmanuel, est venu expliquer l’importance de la création d’unités de transformation locale du cacao en chocolat. 2.000 femmes dont les époux sont dans la filière sont actives car cela pourrait représenter une part non négligeable dans les revenus des planteurs. Sur les 45% du prix du chocolat dans la grande distribution, 1% seulement revient aux producteurs. Ce qui nous semble complètement injuste. Donc si nous n’investissons pas aussi dans la transformation locale, la situation pourrait s’éterniser” a-t-il justifié. Une nouvelle injustice que les producteurs comptent combattre en transformant et en vendant sur place leurs produits. D’autre part, une coopération sud-sud permettrait aux 22 pays producteurs africains de constituer une vraie force qui obligerait les fabricants de chocolat à payer le juste prix aux producteurs.
De son côté Aly Touré pouvait avoir le sourire, celui que provoque le sentiment du devoir accompli. Les représentants de l’Organisation internationale du Café-Cacao (ICCO) ont pu toucher de près les réalités des producteurs africains en général, et ivoiriens en particulier. Mais “Excellence” n’est pas homme à se satisfaire partiellement. Vu la grande consommation de chocolat au lait en Europe, sa réflexion est la suivante : pourquoi ne pas associer le pastoralisme à l’agriculture, ce qui augmenterait les capacités de production laitière dont la Côte d’Ivoire n’est pas un leader. L’infatigable défenseur du cacao ivoirien a la tête qui fourmille d’idées. Nul doute que ce combat qu’il mène depuis de nombreuses années se soldera par une belle victoire au profit des producteurs ivoiriens.
Malick DAHO
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