Après avoir déclaré sa candidature à la présidentielle 2025 le 20 septembre dernier, Jean Louis Billon a rencontré le président Bédié le 28 septembre pour selon lui, « présenter des excuses devant tout ce qui se disait sur son compte, lui réaffirmer sa fidélité et sa loyauté, et lui faire part de son désir d’être le candidat du parti pour 2025. »
Selon ce qu’on a pu entendre des coulisses de la rencontre, le Président Bédié lui aurait signifié qu’il n‘interdisait à personne de briguer l’investiture du parti. Toutefois, le moment venu, le parti choisirait son candidat à la Présidentielle en conformité avec les textes. En retour, Jean Louis Billon aurait donné l’assurance qu’il se soumettrait à ce choix, « quel qu’il soit », et ne ferait jamais cavalier seul (à l’image de KKB pourrait-on dire).
Au lendemain de cette rencontre, Jean Louis Billon accélère sur le terrain, avec des rencontres organisées par ses équipes ici et là, des interviews, et même une « tournée » dans le Guémon. Il déclare un peu plus tard que sa candidature est maintenue, accentuant un peu plus la défiance avec le président Bédié.
Pour beaucoup, il veut saturer l’espace pour imposer sa candidature « dans les esprits », et devenir le « candidat naturel du parti ». Pour l’intéressé, sa démarche vise simplement à mettre la question du « renouvellement générationnel » sur la table dès maintenant, afin que le candidat du parti en 2025 « soit un jeune ». Il se défend de forcer le Président Bédié à prendre sa retraite politique.
Pourtant malgré toute l’énergie qu’il déploie, on voit difficilement la démarche de Billon aboutir. Tout d’abord comme en 2020, le Président Bédié n’a pas totalement fermé la porte à une candidature. S’il décidait « d’y aller », alors Billon serait obligé de « rentrer dans les rangs », ou de conduire une candidature dissidente, ce qu’il a exclu lui-même.
De l’autre côté, si le président Bédié décide de ne pas se représenter, ou si cette fameuse loi de limitation de l’âge des candidats à la présidentielle est finalement votée, cela ne signifiera pas que la course pour sa succession va automatiquement s’ouvrir. Le Président Bédié va certainement prendre soin de choisir son successeur et l’imposer avant de se retirer. C’est la moindre des choses. Et le fait que Jean Louis Billon soit entré « en dissidence larvée » en déclarant sa candidature, ne fait pas de lui la personne idéale. Tout porte donc à croire que Jean Louis Billon a « grillé ses cartes » en annonçant sa candidature pour 2025 assez précocement.
Mais la plus grosse menace à sa candidature pourrait venir de la France. Plusieurs articles de presse ces derniers jours affirment que le Président Bédié a décidé de passer la main à Tidjane Thiam. L’annonce semble-t-il sera officielle au cours du congrès annoncé en 2022.
Ce n’est certes pas la première fois que ce bruit court. Mais cette fois, cela semble être la bonne. Le samedi 6 novembre prochain, sera lancée au Palm Club de Cocody, La Renaissance du Bélier, un mouvement qui milite pour le retour de Tidjane Thiam « auprès du Président Bédié ». L’initiative vient d’un certain Kanté Koffi Patrice, citoyen ivoirien résidant en France qu’on dit être une connaissance de Thiam. Sur Facebook, les groupes de soutien ont de nouveau fleuri. Visiblement « quelque chose bouge » concernant Thiam. Il ne faut pas croire que le poste le laisse indifférent. En 2020, il était prêt à « faire le pas » si le Président Bédié le lui avait « clairement demandé » selon plusieurs sources.
Les carottes sont-elles donc cuites pour Jean Louis Billon s’il atterrit dans la place ? L’intéressé poursuit sa « campagne d’explication » sur le terrain. Jean Louis Billon est un garçon intelligent, travailleur, discipliné dit-on. Il est parfaitement outillé pour le job qu’il convoite. En décidant de briguer l’investiture de son parti, il a sans doute passé en revue les obstacles potentiels, notamment la possibilité d’un retour de Tiam en Côte-d’Ivoire, celle d’une candidature du Président Bédié, ou celle de quelqu’un d’autre préféré à lui, Thierry Tanoh (ex-ministre de l’énergie et du Pétrole), ou Alla Kouadio Rémi (ex-ministre de la santé, pressenti un moment à la succession de Bédié).
Mais on dit Jean Louis Billon déterminé à mener la bataille qu’il a commencée. L’homme a affirmé » qu’il rêvait de la présidence depuis ses années de lycée » !!! C’est un garçon à fort potentiel, qui apprend vite, et qui ferait un super Premier-Ministre quel que soit le président en place, à l’instar de Daniel Duncan, Amadou Gon, et un certain…Alassane Dramane Ouattara. Billon dégage aussi une certaine autorité, nécessaire pour » tenir l’armée « . L’honnêteté est aussi une autre qualité de Billon. Ce serait dommage qu’on ne lui donne pas une chance de montrer ce dont il est capable. Il est vrai que Tidjane Thiam est pris à raison comme un demi-dieu devant lequel Jean Louis Billon ne fait pas le poids à priori. Mais l’homme dispose de quatre années pour inverser la vapeur, et tout porte à croire qu’il faudra compter avec lui dans ce renouvellement générationnel qui tôt ou tard devra être mis en œuvre dans ce pays.
D’autre part, une disposition de l’actuelle constitution semble ne pas permettre à Tidjane Thiam de faire acte de candidature à la Présidentielle.
Le débat avait déjà eu lieu en 2020. C’est une question qui va se poser rapidement et qui va certainement déclencher un débat enflammé si l’homme rentre effectivement en Côte-d’Ivoire.
Douglas mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com
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