Selon une nouvelle rumeur qui a commencé à courir depuis quelques jours, Tidjane Thiam aurait été choisi par Henri Konan Bédié pour lui succéder à la tête du PDCI, ce qui lui ouvrirait par ailleurs les portes d’une candidature à la présidentielle en 2025.
Mais ce n’est pas la première fois qu’on entend cela et le Secrétaire exécutif du vieux parti, Maurice Kakou Guikahué, a plutôt été clair dernièrement.
Elle court à nouveau la rumeur Tidjane Thiam, recruté en 2020 par le Rwanda et son pays pour promouvoir la place financière de Kigali. Ancien patron du Crédit Suisse et bien introduit, c’est peu de le dire, dans le monde la finance internationale, le petit-fils d’Houphouët-Boigny déchaîne les passions de ceux qui espèrent un renouvellement générationnel au sein du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) où, c’est connu, on ne doit connaître le successeur de son chef de son vivant. Proche d’Emmanuel Macron, il avait déjà été annoncé avant 2020 comme l’alternative crédible du président français pour éviter le troisième mandat problématique d’Alassane Ouattara en 2020.
Homme providentiel D’ailleurs, Tidjane Thiam s’était lui-même montré dans la position de l’homme providentiel puisqu’il avait vitupéré, lors d’une déclaration publique relayée par les médias sociaux, l’ombre de la mort qui planait sur un pays à la dérive à cause de ses politiques. Drapeau national juché sur sa droite, à l’arrière de son secrétaire, l’ancien patron du Crédit Suisse avait surtout laissé penser que les jeux étaient faits et qu’il allait être l’homme de Paris. Mais il n’en fut finalement rien puisque le président français adouba le troisième mandat d’Alassane Ouattara.
Ce qui donna lieu à de nombreuses manifestations de l’opposition et à des tueries. Mais à trois jours de l’élection présidentielle, Tidjane Thiam réapparaissait en rejoignant les rangs de l’opposition. « J’ai le plaisir de vous annoncer qu’un illustre fils du pays, Tidjane Thiam, a décidé de rejoindre l’opposition contre la dictature de M. Ouattara », avait alors annoncé Affi N’guessan, qui menait la fronde contre le régime d’Alassane Ouattara pour obtenir « des conditions plus démocratiques ». Renouvellement générationnel Depuis, Tidjane Thiam s’en est remis à ses activités professionnelles, se faisant recruter par le président rwandais, Paul Kagamé, dont il serait très proche, pour promouvoir la place financière du pays.
Malgré tout, cette rumeur tombe dans un contexte de revendication d’un renouvellement générationnel qui secoue le vieux parti. Son chef de file n’est autre que Jean-Louis Billon, l’ancien directeur général de Sifca porté par l’empire financier de sa famille. M. Billon avait d’abord annoncé sa candidature à la présidentielle qu’il a défendue comme une nécessité face à de vieux éléphants englués dans des querelles sempiternelles avant d’aller demander pardon au président du PDCI qui s’était offusqué en privé de son attitude. Mais après avoir fait amende honorable, Jean-Louis a récemment indiqué, sur le plateau de Lifetv, que le candidat du PDCI sera un jeune.
Et, visiblement, il n’est pas le seul à le penser. Car à 59 ans aujourd’hui, 63 en 2025, le petit-fils d’Houphouët-Boigny sera un adversaire dans le cadre de ce renouvellement générationnel si les annonces de ses proches sont avérées. En tout cas, selon celles-ci, le président du PDCI, 91 ans en 2025, aurait consenti à désigner un successeur, de son vivant, contrairement au tarif de la maison. Et que ce serait ce petit-fils d’Houphouët qu’il aurait choisi. Il serait le meilleur choix du parti, ajoute d’ailleurs un confrère. Non pas parce qu’il est un homme de réseaux mondialement connu, ami d’Emmanuel Macron et de Paul Kagamé, ami des grands de ce monde, de surcroît, mais parce qu’il a du Houphouët-Boigny dans le sang et est, comme lui, de la tribu des Akouè de par sa mère d’ethnie Baoulé.
Proximité avec Bédié Tidjane Thiam aurait par ailleurs une vraie connexion avec le président du PDCI qui l’avait déjà nommé comme directeur général du Bnetd en remplacement de Césario, le tout puissant directeur général français qui dirigea la boîte pendant 15 ans. Ancien ministre de Bédié, on lui doit aussi la conception du programme des 12 travaux de l’éléphant d’Afrique qui avait servi à lancer la campagne du Sphinx pour son premier mandat. Mais le Secrétaire exécutif du PDCI n’opine pas des proches de Thiam et son état d’esprit montre plutôt, a priori, que Bédié n’a point abdiqué. En effet, le député de Gagnoa a profité d’un entretien avec Le Nouveau Réveil pour expliquer que le président du PDCI est son candidat pour le prochain congrès du parti. « Généralement quand je suis dans quelque chose ça marche toujours », a-t-il indiqué pour montrer sa détermination.
Le président du PDCI a d’ailleurs réajusté ces derniers temps, en de nombreuses reprises, l’architecture de son parti en nommant plusieurs personnalités à des postes-clé. La dernière en date est Akossi Bendjo nommé comme le Monsieur réconciliation du parti. L’ancien maire du Plateau est retourné à Abidjan le 4 juillet dernier après trois années d’exil en France. Il s’y était réfugié pour fuir une procédure judiciaire engagée contre lui par le Procureur de la République. Sa nomination au poste de conseiller spécial chargé de la réconciliation nationale auprès du président du parti montre à quel point le président du PDCI n’est pas prêt de dérouler le tapis à ses proches.
Car avant sa disgrâce, l’ancien maire du Plateau était le numéro 3 du parti et ses partisans ne cachaient pas son intention de viser le graal présidentiel dès 2020. Or à ce nouveau poste et sans la manne financière dont il disposait autrefois, il va lui être difficile de forcer le destin. Le président du PDCI n’a donc pas dit son dernier mot et ceux qui tentent de vite l’enterrer risquent d’être hantés, encore de nombreuses années, par son faux fantôme.
Aujourd’hui
Titre/rédaction
Commentaires Facebook