Même si les débats au cours du précédent congrès de Marseille ont insisté sur la protection des espèces en voie d’extinction, une chose est à noter que l’accent a été aussi mis sur l’extinction des requins. En effet, les requins sont au bord de l’extinction en raison de menaces telles que la surpêche commerciale. Pourtant, le récent rapport de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a indiqué que la plupart des requins se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire, ce qui les rend essentiels à la santé des océans. Les perdre aurait un impact important sur d’autres populations de poissons et, en fin de compte, sur les moyens de subsistance de l’humanité.
Il est donc avéré que la surpêche des requins pour leurs ailerons, ainsi que de la perte de leur habitat due au développement côtier, à la pollution des eaux et au chalutage, entraîne progressivement leur disparition des côtes ouest-africaines. Le Sénégal dans la sous-région ouest-africaine, est le pays le plus touché par le phénomène avec de nombreux ports de débarquement et quelque 700 pêcheurs de requins. Or, l’extinction des requins provoquerait un déséquilibre de l’écosystème, car, ces animaux marins jouent un rôle de régulateur de l’écosystème.
Les requins sont recherchés à cause de leurs ailerons. « Les pêcheurs capturent les requins pour prendre uniquement les ailerons, et c’est le marché asiatique qui est le moteur de la dévastation de ces mammifères marins », a indiqué le rapport de l’UICN.
En effet, la pêche illégale et les activités criminelles qui y sont associées mettent en péril la durabilité des ressources biologiques marines dont les requins et menacent la stabilité économique, sociale et politique des communautés côtières, en particulier en Afrique de l’Ouest, où les pêcheurs artisanaux ont besoin de pêches côtières durables pour gagner leur vie et pour survivre.
Les exploitants de navires se livrent aussi à la pêche illégale de requins en recourant à différentes techniques pour échapper à la surveillance et ne pas se faire repérer par les services chargés de l’application de la loi. Au palmarès des espèces en danger, les requins sont devenus les proies d’une pêche débridée qui met en péril certaines espèces. En effet, au mois de mai 2020, 26 tonnes d’ailerons de requins ont été saisies dans deux conteneurs à Hong Kong en provenance de l’Equateur.
Selon la Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore Sauvage Menacées d’Extinction (CITES), chaque année, 100 millions de squales sont tués dans les mers du globe. Un nombre de captures deux fois supérieur à celui qui permettrait de maintenir leur population à son niveau actuel s’effectue, car la demande, spécialement d’ailerons de requins, de chair ou de branchies, est plus forte que jamais.
La Chine a officiellement banni la soupe d’ailerons de requins de tous ses dîners officiels. Mais ce plat reste très apprécié dans le pays, ainsi qu’à Singapour. Selon la Wildlife Conservation Society (WCS), les ventes de requins, de raies et de poissons chimères ont augmenté de 40% pendant la décennie qui s’est achevée en 2011 et que la valeur du commerce annuel mondial des morceaux de requins et de raies approche le milliard de dollars.
Par ailleurs, au Togo, à part la sensibilisation des pêcheurs sur la protection des requins, les autorités entretemps avait suspendu l’immatriculation des navires de pêche et la délivrance de licences de pêche aux navires étrangers. Plusieurs navires battant pavillon togolais avaient été radiés du registre pour suspicion de pêche illégale dans les eaux d’autres pays.
La loi N° 2016- 026 d’octobre 2016 portant règlementation de la pêche et de l’aquaculture au Togo dispose dans son article 61 que : « Sur l’étendue des eaux continentales et maritimes de l’Etat togolais, il est interdit de tuer, blesser ou poursuivre des mammifères ou autres animaux aquatiques ou amphibies protégés selon les dispositions légales et réglementaires en vigueur. En cas de capture accidentelle, la personne doit relâcher les animaux lorsqu’ils sont toujours vivants, ou bien les déclarer aux autorités compétentes lorsqu’ils sont morts. Sont notamment prohibées, la pêche, la capture, la détention et la commercialisation de toutes les espèces de tortues marines et produits dérivés; ainsi que la chasse, la capture, la détention et la commercialisation de toutes les espèces d’oiseaux marins et produits dérivés ».
Et, les articles 761 et 796 du nouveau Code pénal du Togo sanctionnent le trafic illicite et illégal des espèces en voie d’extinction. « La destruction et la commercialisation, directe ou indirecte, sans droit d’espèces animales ou végétales protégées en vertu des dispositions législatives et réglementaires en vigueur et des conventions internationales auxquelles la République du Togo est partie est punie d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinquante millions sans préjudice de toute autre disposition du présent code », énonce l’article 761 du nouveau Code pénal.
La pêche illégale en Afrique de l’Ouest recouvre de nombreuses activités illicites qui vont au-delà de la description traditionnelle qui peut en être faite, et la réponse répressive qui devrait y être apportée dépasse aussi les capacités et la compétence en matière d’enquête et de poursuites de la plupart des autorités nationales chargées des pêches.
La portée transnationale et la complexité de ces activités de pêche illicite nécessitent une coopération entre les services chargés de l’application de la loi au sein des différents pays et par-delà les frontières nationales. (EAGLE-Togo)
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