Par Venance Konan
Pendant que Laurent Gbagbo le panafricaniste nouveau lançait à Abidjan son nouveau parti à la fois socialiste, souverainiste et panafricaniste, autant de mots ronflants qui ne veulent rien dire, sa future ex-épouse se trouvait en République démocratique du Congo d’où elle aurait fait quelques confidences que j’ai trouvées sur les réseaux sociaux.
D’abord, elle en a gros sur le cœur par rapport à son futur ex-mari dont, dit-elle, elle n’a même pas eu la reconnaissance, alors qu’elle pense lui avoir été soumise, comme sa religion le lui impose. Ensuite, par rapport à ce qu’elle a subi lors de son arrestation en 2011, qui pour elle est de la pure injustice, parce qu’elle a été battue alors que son futur ex-mari lui, a été protégé parce qu’il était chef d’Etat, et enfin, elle livre ses ambitions pour le futur tout en donnant des conseils aux femmes. Son ambition, ce qui la conduit, dit-elle, c’est sa vision pour l’Afrique. Et son rêve, dit-elle, c’est d’avoir des peuples africains à l’esprit complètement transformé qui sont capables de faire des propositions au monde, et pour cela « il nous faut nous mettre en marche pour conquérir la science, la technique, le savoir-faire. » Et elle conseille aux femmes de faire de la politique, mais de ne pas avoir une personnalité trop forte qui donne des complexes à leurs maris, d’avancer sans écraser ces derniers. En gros de ne pas faire comme elle l’a fait quand son mari était au pouvoir en Côte d’Ivoire.
Si j’ai bien compris Laurent et Simone Gbagbo, le terrain de jeu qu’ils visent désormais n’est plus la Côte d’Ivoire, mais l’Afrique toute entière. Après avoir conduit la Côte d’Ivoire là où l’on sait, après les dix ans de leur règne, leur ambition s’est désormais portée sur tout le continent. Comment leur expliquer qu’on ne veut plus qu’ils se mêlent de nos affaires de développement ? Cela me rappelle une histoire que l’on m’a racontée sur un vieux prêtre blanc qui vivait dans un de nos villages. Le vieux prêtre avait réussi à se faire détester de tout le village, et, un jour, lors d’une visite de l’évêque, les villageois ont essayé de lui expliquer diplomatiquement qu’ils ne voulaient plus du prêtre. L’évêque a compris et a essayé à son tour d’expliquer tout aussi diplomatiquement au prêtre qu’il était temps qu’il rentre en France. Ce dernier a compris, mais s’est rebiffé : « ah non, ce village est devenu mon village et je ne le quitterai jamais. D’ailleurs je lui donnerai mon corps. » Alors, un jeune homme que tout le monde trouvait impoli a pris la parole et a dit au prêtre : « Tu ne comprends donc pas qu’on ne veut plus de toi ici ? Tu veux qu’on fasse quoi de ton vilain corps-là ? Va avec ça dans ton pays. » Quel est le jeune homme impoli qui dira à Simone Gbagbo qu’on ne veut plus la voir dans notre politique, qu’elle ferait mieux de continuer de danser dans les temples, de faire le tour de ses pasteurs et s’occuper de ses petits-enfants ? Pour les femmes du reste du continent qui n’ont pas tout le curriculum vitae de Simone Ehivet Gbagbo, sachez qu’en 2001, pendant que son mari et elle étaient au pouvoir, des femmes furent arrêtées et violées par des éléments des forces de sécurité à la suite d’une manifestation. La seule réponse de la femme, de la mère Simone Ehivet Gbagbo fut : « qu’est-ce qu’elles avaient donc à aller manifester ? » Elle dit qu’elle avait été une femme soumise à son mari ? Qu’elle nous explique donc pourquoi ce dernier ne veut plus la voir en peinture depuis le jour de leur arrestation le 11 avril 2011, pourquoi à son retour il l’a repoussée à l’aéroport devant le monde entier, et pourquoi ses premiers mots à son endroit furent qu’il demandait le divorce ? On a tous vu ce qu’elle et son mari ont fait de l’école avec la FESCI. Qu’elle ne vienne donc pas nous fatiguer avec sa vision de l’Afrique qui n’a rien à voir avec le développement de cette dernière. Qu’elle ne confonde pas la sympathie que nous avons éprouvée pour elle en raison de la façon dont Laurent Gbagbo le panafricain nouveau l’a publiquement humiliée avec une quelconque adhésion à une prétendue vision.
Terminons cette chronique avec un peu d’humour. Du côté de nos amis du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), je ne sais pas trop ce qu’ils boivent avant de se coucher mais ils se réveillent parfois avec d’étranges visions. Il y a quelques jours, l’un de leurs journaux affichait avec sérieux à sa « une » qu’après les festivités marquant les 75 ans de leur parti, le pouvoir était désormais à leur portée. Comment et pourquoi ? Je n’ai pas bien compris. Cela me fait penser à leur histoire de prix Nobel à Bédié. Ils ont pensé qu’en faisant campagne dans le Nouveau Réveil, en donnant un prix Samuel Oshoffa, du nom du fondateur de la secte du christianisme céleste dans un temple d’Abobo à Bédié, il pourrait obtenir le prix Nobel de la paix. Il fallait avoir bu un vin très corsé pour croire à ça. Et maintenant c’est le pouvoir qui est à leur portée parce que le Bédié nouveau est arrivé. Rappelons-leur quand même que la prochaine élection est dans quatre ans. Quant aux fidèles du panafricain nouveau, je ne sais pas non plus ce qu’ils ont bu pour écrire à la « une » de l’un de leurs journaux que le pouvoir tremble depuis l’interview de leur gourou sur France 24.
Pourquoi ? Je n’ai pas bien compris. Est-ce que ce monde est sérieux ?
Venance Konan
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