Les abondantes réserves prouvées de gaz en Algérie offrent environ encore 150 ans de stocks exploitables au rythme de la consommation actuelle.
Certes, l’exportation est une activité qui demeure toujours aussi rentable pour ce pays. Toutefois, il s’invite aujourd’hui à changer désormais de stratégie et appelle donc dorénavant à la recherche de technologies adaptées pour davantage promouvoir l’exploitation et la valorisation en local du gaz.
Selon le PDG de la SONATRACH, la gigantesque compagnie nationale pétrolière et gazière qui intègre de bout en bout, et sous une entité unique, toutes les diverses filières amont et aval au niveau de l’Algérie, il s’agit bien effectivement d’un besoin réel et utile.
Pour les 150 ans à avenir en effet, les Algériens entendent vraiment innover en diversifiant les opportunités autour du gaz afin que cette ressource ne soit plus majoritairement dédiée à l’exportation.
Car hormis l’exportation directe et la transformation courante en tant que carburants et combustibles par les raffineurs, le gaz est un intrant et un utilitaire de base servant à produire de nombreux autres biens utiles pour nos besoins quotidiens.
A l’ère nouvelle de la transition énergétique, disposer encore d’un patrimoine gazier majeur aussi impressionnant, et de surcroît utilisable sur de si longues années, est d’office une immense source de revenus pour la bonne continuation du développement social, économique et industriel mais aussi une garantie d’emplois sur le long terme pour les populations locales.
Le principe du « local content » qui accorde la priorité des offres au nationaux est assurément bénéfique mais, il ne doit pas conduire au renfermement sur soi car, dans ce métier où l’on apprend toujours des REX, c’est à dire des Retours d’Expériences des autres, l’œil extérieur n’est jamais de trop.
D’ailleurs, l’Algérie exporte elle-même aussi son expérience et son savoir-faire à l’étranger dans le cadre de ce besoin de mutualisation internationale des compétences en la matière.
Pour ce pays qui n’est donc pas un nouvel acteur de la scène oil & gas, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur la capacité des Algériens à accueillir les autres car le défi est bien ailleurs.
Face au pétrole bashing consistant outrancièrement hélas à faire des ressources pétrolières et gazières des ennemis de la mouvance écologique mondiale, l’un des challenges pour ce grand pays producteur de gaz est de veiller à ce qu’il y ait toujours au plan local, un transfert générationnel du capital humain national afin que cette filière ne soit point perçue à tort comme un métier des vieux et que les générations à venir s’en détournent.
Du point de vue technique, il faudra poursuivre les plans d’amélioration du rendement énergétique des procédés d’exploitation, y insérer plus d’équipements et d’unités alimentés en énergies renouvelables, réduire les pertes de gaz brûlés aux torchères, etc.
Et au regard de la demande mondiale de gaz qui s’en ira de plus en plus croissante, il faudra intensifier les trains de liquéfaction de gaz permettant la distribution optimale et sécurisée sur de grandes distances, jusqu’aux usines de transformation locales mais aussi à destination des pays importateurs partenaires de l’Algérie.
Ce pays africain membre de l’OPEP est le 7ème exportateur de gaz au monde. Il est donc l’un des leaders de la sphère gazière internationale et compte alors au rang important des majors capables d’influencer les cours mondiaux du gaz.
Ses ressources pétrolières et gazières contribuent à elles seules à plus de 60% des recettes du budget de l’État et vont à hauteur de 98% de l’ensemble des recettes d’exportation du pays. En un mot, l’Algérie doit beaucoup aux hydrocarbures et cela, pour de très nombreuses années encore.
Raison pour laquelle, elle espère accorder davantage d’attention à la transformation en local du gaz aux travers de technologies innovantes et porteuses.
Serge Parfait Dioman
Expert International en Industries Pétrolières et Énergies
Photo: Le groupe pétrolier public Sonatrach a réalisé un chiffre d’affaires de 6,8 milliards de dollars lors du premier trimestre 2021.
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