Lu pour vous
Dénonçons cet état de fait
Depuis le samedi 9 octobre 2021, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique (MESRS) a publié les résultats du concours de recrutement dit complémentaire de l’année 2020.
Quel bilan peut-on faire de ce recrutement ?
Il faut, a priori, constater que faire acte de candidature à ce concours n’est pas à la portée de tous, du point de vue financier.
En effet, pour chaque université où le candidat postule, il doit impérativement constituer un dossier :
un exemplaire de la thèse,
un certificat de nationalité,
un casier judiciaire de moins de trois (3) mois,
un extrait d’acte de naissance de moins de six (6) mois,
une photocopie légalisée de tous les diplômes obtenus depuis le BAC,
un porte-document vendu à 2000 francs aux candidats pour ce qui concerne l’université Alassane Ouattara de Bouaké ,
une clé USB de deux (2) gigas vendue à 4000 francs à l’université Lorougnon Guédé de Daloa,
un certificat de non bégaiement valable uniquement que dans l’université ou la structure qui l’a délivré et bien d’autres dépenses annexes à couper le souffle).
Ce qui signifie que, si le postulant fait le choix de cinq (5) structures dans le cadre de sa candidature, ce dernier devra débourser cinq (5) fois le montant prévu par structure. Soulignons que cette candidature multiple est une nécessité pour multiplier les chances du candidat.
Encore faut-il mettre en relief l’opacité totale qui règne autour du nombre de places disponibles par discipline dans telle ou telle université. Ce camouflage est un piège sans fin car les postulants, ne sachant à quoi se résoudre, déposent à flots leurs dossiers ; ce qui engloutit le peu d’argent dont ils disposent, souvent pour un seul poste disponible, poste déjà réservé pour un candidat dont le tuteur se trouve au sommet de l’État.
À cela s’ajoutent les frais de déplacement, de résidence et de restauration vu que pour faire acte de candidature, le postulant doit se rendre physiquement dans chaque structure où il est censé postuler.
Par exemple, pour un Docteur ou un Ingénieur qui veut faire acte de candidature à Korhogo, Bouaké, Man, San Pedro et Daloa en vue de multiplier ses chances de réussite, il devra sillonner toutes ces villes pour y déposer un dossier physique de candidature dans un délai intenable.
Et chose aberrante, que dis-je ? Chose sadique, il devra fournir un certificat de non bégaiement délivré par chacune de ces structures (certificat dont le coût oscille entre dix mille (10.000) et quinze mille (15.000) francs CFA selon les structures. Autrement, il verra sa candidature rejetée. Sans compter que le coût de ce recrutement est de 50.000FCFA par université au choix.
Une fois le dépôt de dossiers terminé, le candidat doit encore se rendre dans chaque structure pour une prétendue audition, audition où les dés sont déjà pipés. Là encore, les frais de déplacement, d’hébergement et de restauration s’imposent et la programmation connaît un chevauchement dû à l’autonomie des structures.
Ce manque de coordination fait courir les candidats, d’une ville à l’autre, avec tous les dangers que cela suppose, l’esprit braqué sur les horaires de passage et la peur d’arriver en retard, retard qui sous-entend un possible report de l’audition avec son corollaire de dépenses supplémentaires. Quelle misère pour des candidats dont les ressources proviennent, pour la plupart, d’endettement, quand on sait qu’ils sont à la recherche d’un premier emploi pour la plupart !
Lors des auditions, face à la prestation très brillante de certains candidats, le jury se sent obligé de féliciter ces candidats tout en les mettant en garde que sa voix ne compte pas et que la liste des admis se décide au sommet de l’État, précisément au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
Quelle est cette farce qui consiste à constituer un jury et à décider d’une liste des admis au mépris du travail effectué par ce jury ?
Pourquoi les jurés se prêtent-ils encore à ce jeu malsain et dégradant qui se heurte aux principes scientifiques dont ils sont, par principe, les dignes défenseurs ? Naturellement, la réponse est simple : les membres du jury sont rémunérés pour cette fallacieuse mission.
Ils ne sauraient cracher sur ces émoluments consistants qui leur sont versés dans le cadre de cette comédie universitaire.
Des enseignants, qui souhaitent garder l’anonymat, ont confessé que les cinq (5) majors de leur liste, comme par enchantement, ne figurent pas sur la liste des candidats admis tandis que des candidats jugés moins méritants après leur délibération sont déclarés admis par le MESRS.
Pour camoufler cette mascarade, la liste des admis n’a pas été publiée cette année comme cela se faisait par le passé. Chaque candidat est appelé à consulter individuellement son résultat à l’aide de son numéro de candidature. Ce qui permet de couvrir ce crime odieux contre les têtes pensantes du pays.
Pourquoi une telle cruauté ? Le Président de la République devrait permettre d’absorber ces jeunes qui ont souffert dans leur vie pour arriver là, où aujourd’hui des docteurs depuis 3, 4 voire 5 ou 6 ans. Autrement, c’est l’apocalypse assurée sur tous les plans dans notre pays qu’il veut émergent.
Farrakhan Touré
===== DE L’OPPORTUNITÉ DE CE PLAIDOYER REQUISITOIRE ======
On pourrait d’entrée de jeu observer que l’ensemble des conditions de recrutement était annoncé et connu. Pour le peu que j’en sais les conditions de candidature sont souvent à consulter :
– A la Direction des Ressources Humaines du Ministère, au Plateau, Rue du Commerce, Immeuble Symphonie, Tél. 20-32-21-87 ;
– Dans les Universités et Grandes Ecoles Publiques d’Enseignement Supérieur ;
– Dans les Instituts et Centres de recherche ;
– Sur les sites-web du ministère, des établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche…
Il était loisible à qui l’entendait de faire un plaidoyer pour la bonne cause en vue de l’amélioration et de la transparence dudit processus de recrutement !
==== DE LA PERTINENCE DES CRITIQUES =====
Prenons un exemple. L’année dans le cadre du recrutement session 2020 des enseignants du supérieur et des chercheurs, l’université de Man avait lancé le lundi 28 septembre 2020, à son antenne d’Abidjan (Cocody-Riviera), les épreuves orales de ce concours. Cette phase s’étendait du 28 au 30 septembre 2020
Les spécialités concernées par cette session sont : Mathématique, physique, chimie industrielle, biologie et physiologie végétale, biologie animale, anglais de spécialité, environnement et pollution des eaux. L’université de Man avait reçu au total 189 candidatures dont 24 femmes.
Qui voit ici une non transparence ?
Pour cette année, à vous lire les conditions de candidature pourrait couper le souffle ! Vous n’avez pas le courage d’être exhaustif. Le Ministère pourtant les cite sur son site Web !
Pièces à fournir :
1- Une (01) demande manuscrite de candidature adressée au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ;
2- Un (01) Extrait d’acte de naissance ou jugement supplétif (datant de moins de six (06) mois à la date d’ouverture du concours) ;
3- Un (01) certificat de nationalité ;
4- Un casier judiciaire (datant de moins de trois (03) mois) ;
5- Un (01) certificat de non bégaiement délivré par un médecin de la structure sollicitée (le cas échéant) ;
6- Un (01) curriculum vitae ;
7- Une (01) photocopie légalisée du BAC ou diplôme équivalent ;
8- Une (01) photocopie légalisée de tous les diplômes obtenus après le BAC ou diplôme équivalent (diplôme, certificat du diplôme ou de l’attestation du diplôme). Tous les diplômes délivrés dans une autre langue doivent être traduits en français ;
9- Une (01) attestation d’équivalence pour tout diplôme obtenu à l’étranger ;
10- Une (01) attestation d’homologation pour tous les diplômes obtenus dans un établissement privé d’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire et ceux obtenus en formation continue ;
11- Une (01) photocopie du dernier acte administratif de nomination ou d’avancement dans l’emploi, pour les fonctionnaires ;
12- Une (01) photocopie de la Carte Nationale d’Identité (CNI) ou de l’attestation d’identité ou du Passeport ;
13- Un (01) extrait d’acte de mariage pour les candidates mariées ;
14- Un (01) exemplaire de la thèse ou du mémoire, plus le résumé en français ;
15- Une (01) copie de chaque publication scientifique (le cas échéant) ;
16- Les titres et travaux (le cas échéant) ;
17- Le reçu de paiement des frais d’inscription et d’analyse du dossier (50.000 F CFA).
Oû l’excessif dans cette liste ?
Dans un pays voisin, un procès est en cours entre un ancien Recteur accusé d’avoir fourni un faux Doctorat et son accusateur. Si le Ministère de l’Enseignement Supérieur de ce pays, avait pris les précautions que vous incriminé, on en serait pas là ! L’accusation de faux diplômes lorsqu’elle touche le Recteur lui même, porte une atteinte très grave à la crédibilité de cette institution tant en interne qu’à l’international.
Quid du candidat qui veut postuler en MEME TEMPS DANS TOUTES LES UNIVERSITÉS DU PAYS ?
Bravo pour ce champion !
Mais on peut observer déjà que pour des raisons objectives d’efficacité dans la gestion que la cohérence des enseignements et des orientations stratégiques, les universités ivoiriennes sont de plus en plus spécialisées. Certaines disciplines sont cependant encore enseignées dans 2 ou 3 universités.
Partant de cette organisation on pourrait imaginer qu’un candidat SÉRIEUX se concentrent sur au plus DEUX institutions. Et non une aspiration de pêcheur au filet qui jetterait son dévolu sur l’entièreté des postes disponibles. Encore que la compétence pourrait être suspecte…
Une organisation séquentielle des recrutements a ses avantages et ses inconvénients. Mais traiter la question en ne mettant à nu que des supposés inconvénients dénote manifestement de la mauvaise foi.
===== LE PRINCIPE DES SHORT LIST ======
L’auteur de l’article n’a manifestement jamais postulé à une fonction d’un certain niveau !
Pour accuser avec cette légèreté déconcertante le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, on n’a nullement besoin d’autres preuves !
On peut avoir « briller » à un entretien et ne pas être retenu !
Un « brillant » candidat lors d’un entretien général n’est pas forcément le meilleur postulant pour les recherches envisagées dans telle ou telle autre spécialité.
On peut exceller lors d’un entretien à un test de recrutement en étant retenu sur la short liste et au final, ne pas l’élu ! Au prime abord on pourrait penser qu’il y a eu « combines » ou « les dés étaient déjà pipés »…
Dans la réalité beaucoup d’autres paramètres même dans une Fonction Publique interviennent. Chaque dossier de recrutement peut faire intervenir d’autres éléments.
Au demeurant « briller » à un entretien avec un pool d’examinateurs, autant réconforte le candidat, autant n’est fait pas le meilleur de tous.
Dans le privé les cabinets SÉRIEUX se gardent de donner des avis excessifs aux candidats sachant eux mêmes que l’entretien n’est qu’une étape parmi tant d’autres. Le décideur FINAL voudrait un avis EXTÉRIEUR à sa décision. Et leur rôle s’arrête là.
Pour avoir été impliqué dans plusieurs processus de recrutement à l’international en tant que candidat et en tant que partenaire stratégique et technique de l’organisation, avec parfois plus de 200 candidats pour UN poste, j’en sais bien de choses, pour encourager les postulants non retenus ici en les invitant à persévérer dans l’effort. Leur tour arrivera là où le destin l’aura voulu.
Concernant la Short List je me dois de préciser que c’est le décideur final qui la communique souvent au Cabinet qui fait l’entretien. Le grand tri ayant été opéré en amont.
Qu’un candidat figurant sur la short list n’ait pas été retenu, ne saurait alors poser un problème déontologique majeur. Le classement du cabinet d’entretien n’est qu’une composante du système de décision finale.
Par contre retenir un candidat ne figurant pas sur la short list dénote du cas rarissime…
===== QUE FAIRE A L’AVENIR ? ========
La spécialisation des Universités est une bonne initiative. Voici pourquoi la manifestation des Enseignants des Sciences Sociales entre AUTRES RAISONS, me semble inopportune.
Elle permettra par ailleurs de faciliter les processus de recrutement des enseignants et de délivrance des enseignements. De fixer les enseignants en évitant le nomadisme ! Quand bien même l’état des infrastructures routières facile aujourd’hui une relative mobilité !
L’amélioration de la communication doit être poursuivie pour éviter que des candidats non retenus ne se réfugie dans des contre-feux préjudiciables à l’image de nos institutions.
Aux brillants candidats non retenus, ne baissez pas les bras. De nombreuses universités africaines engagent des enseignants ivoiriens, qui n’ont pas été Prophètes chez eux. Le destin d’un homme c’est aussi cela… Bujumbura, Dakar, Bangui, Conakry etc.
On connaît l’histoire de ce brillant pilote ivoirien que Air Afrique n’avait pas voulu recruter en son temps pour dit on « diplômes américains ». Le destin nous apprendra qu’informé plus tard par une autorité étrangère, à l’occasion d’un atterrissage à Abidjan d’un aéronef de la flotte présidentielle de feu Mobutu aux commandes duquel était notre compatriote, feu Félix Houphouët-Boigny prenne le dossier lui même en mains…
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
Bon courage à l’équipe de Djimbala DIAKITE, Directeur des Ressources Humaines du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
Big respect à DirCab Kobea Arsène et au staff du Ministère. En lui rappelant au passage son projet EPAL de 1987-89 et les difficiles conditions de recherches universitaires dans la forêt dAnoumabo, avec le système SCADA (Système de contrôle et d’acquisition de données) que j’avais modestement mis en place !
Je passais mon chemin !