Une dizaine de jeunes africains ont discuté avec Emmanuel Macron, le 8 octobre 2021. Si certaines personnes se réjouissent que ces jeunes aient parlé sans fard au président français, d’autres se posent les questions suivantes : les interlocuteurs de Macron sont-ils représentatifs de la jeunesse africaine de plus en plus consciente des crimes et coups tordus de l’ancienne puissance colonisatrice ? Qui les a mandatés ? Quel est leur pouvoir de décision ? Qui a pris en charge leurs billets d’avion, hébergement et repas ? Savent-ils que la jeunesse chinoise, russe, indienne ou coréenne n’a jamais eu une causerie de ce genre avec un dirigeant britannique, espagnol, portugais ou allemand ?
Je n’empêche personne de rencontrer Macron, de poser fièrement avec lui ou de croire qu’on est devenu important parce qu’on lui a serré la main et mangé avec lui. Mais, que nous soyons jeunes ou moins jeunes, nous devons comprendre une chose : un esclave ne demande pas à son maître de l’affranchir mais se libère lui-même. Ce n’est pas en participant à des rencontres bidon avec tel ou tel dirigeant français que nous allons nous libérer de la France. C’est plutôt en Afrique que nous devons briser le joug de l’occupation et de l’exploitation qui pèse sur nos pays depuis 1960. La jeunesse peut faire beaucoup dans ce combat à condition qu’elle ne se laisse pas tromper par des gens en perte de vitesse, à condition qu’elle se concerte et qu’elle mutualise ses idées et stratégies. La République centrafricaine et le Mali ont commencé à se libérer de la tutelle française, ce qui provoque panique et colère chez les dirigeants français. Consciente que sa présence sur le continent est de plus en plus contestée par la jeunesse africaine, la France espère éteindre le feu en invitant des jeunes triés sur le volet, en proférant menaces et insultes mais c’est peine perdue parce que “le coassement des grenouilles n’empêche pas l’éléphant de boire” (proverbe africain).
La France a beau remplacer “Françafrique” par “Afrique France”, elle a beau effrayer les autorités maliennes ou dénigrer la Russie, elle aura du mal à empêcher l’Afrique de prendre son destin en main. Les Africains sérieux et lucides n’étaient pas présents à Montpellier parce qu’ils avaient conscience que se rendre à Montpellier, c’est aller à Canossa, que la France ne cèderait pas sur les problèmes de fond (fermeture des bases militaires françaises, disparition du franc CFA, non-immixtion dans les affaires internes) et que cette mascarade “ne servirait qu’à renforcer la domination économique des pays riches et, en particulier, celle de la France sur les pays du continent africain” (CGT).
Jean-Claude DJEREKE
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