L’amont et l’aval pétrolier sont deux maillons clés de la même chaîne pétrolière, le premier servant à l’approvisionnement du second qui transforme alors le pétrole brut reçu en divers produits finis et semi-finis commercialisables.
L’augmentation des capacités de raffinage d’un pays vient donc nécessairement en soutien à ses projets d’accroître ses activités Exploration et Production (EP) et être un producteur majeur de pétrole et gaz naturel associé.
En effet, produire en abondance une matière première est une chose. L’exporter en toute ou partie en est une autre qui a certainement des avantages. Être par ailleurs en mesure de la transformer en local rapporte plus de bénéfices. L’on en parle tant pour les matières premières agricoles mais il se doit d’en être de même pour toutes les matières premières en général dont l’or noir.
La plus-value est grandement au profit du pays hôte et ses partenaires en ce qui concerne donc les producteurs de pétrole qui disposent de raffineries ou prévoient d’en bâtir.
La Lybie détient la plus grande réserve prouvée de pétrole du continent africain, loin devant le Nigeria et l’Algérie. En tout début de ce mois d’octobre 2021, elle a pour sa part en effet annoncé la construction de sa 5ème raffinerie pour ainsi faire face au flux de production de ses champs produisant plus de 1,2 millions de barils de pétrole par jour.
Ce nouveau plan pétrolier lybien s’inscrit dans une stratégie de décentralisation visant désormais à rapprocher les raffineries des champs de production de pétrole plutôt que les bâtir à proximité des centres de consommation, un schéma traditionnel qui vaut aujourd’hui à plusieurs raffineries et autres industries pétrochimiques de se retrouver, malgré elles, en plein centres urbains, avec certes des avantages mais surtout des risques pour les populations.
Cette 5ème raffinerie lybienne sera pour ce faire donc érigée près du champ Al Charara, un champ de rang majeur, avec une capacité moyenne de 300 000 barils par jour, situé à 900 km au sud de Tripoli.
Avec sa récente découverte pétrolière, classée à un rang majeur également, la Côte d’Ivoire est fondée à accroître sa capacité de raffinage pour s’aligner sur la hausse de production pétrolière qu’apporteront le gisement Baleine et les autres gisements de son bassin sédimentaire promotteur.
Avec le retour d’expérience que l’on a aujourd’hui, et eu égard aux variations des prix des matériaux de construction, etc. une raffinerie moderne classique de catégorie 2, comprenant tout de même une unité de reformage des essence et une unité de desulfuration profonde du gasoil, se construit en l’espace de 4 ans maximum intégrant tous les tests de commissioning et les tests de performances requis.
Ceci pour un investissement moyen de l’ordre de 400 milliards de francs, hormis les frais annexes de purge des droits coutumiers, dédommagement des populations déplacées, viabilisation territoriales (eau, électricité, route, moyens de communication, etc.) et ce, à condition de respecter le planning EPCCS (Engineering, Procurement, Construction, Commissioning and StartUp) impérativement suivi par des experts ayant pignon sur rue.
Un délai de 4 ans, c’est aussi le planning moyen pour l’érection et le début d’exploitation d’une plate-forme en mer profonde. Avec les technologies actuelles associant davantage de systèmes numériques et des solutions en énergies renouvelables, ce délai peut être réduit.
4 ans donc, le timing est parfait si à toutes fins utiles la Côte d’Ivoire entrevoit la construction d’une 3ème raffinerie conçue selon le paradigme nouveau du raffinage.
En parallèle, elle rehausse les capacités de raffinage de ses deux premières raffineries que sont la SIR (Société Ivoirienne de Raffinage) et la SMB (Société Multinationale de Bitumes). En l’occurrence, la bonne nouvelle est que le pays avait bien anticipé l’implémentation ces projets de modernisation dont certains sont déjà en cours.
Le Nigeria livrera bientôt ses 2 nouvelles raffineries et passera conséquemment son effectif de 4 à 6 raffineries. Ces 2 dernières apporteront à elles toutes seules, une capacité de raffinage supplémentaire cumulée de 42,5 millions de tonnes. C’est actuellement plus de 10 fois plus que celle des 2 raffineries ivoiriennes réunies.
La concurrence sera rude. S’il faut donc y aller, c’est maintenant car tout se joue dans le timing.
Serge Parfait Dioman
Expert International en Industries Pétrolières et Énergies
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