(Agence Ecofin) – En 120 ans d’existence, le prix Nobel de littérature a récompensé très peu d’écrivains issus d’Afrique, qui est vue comme un « parent pauvre du prix Nobel ». En 2020, le comité Nobel avait attribué le prix à l’américaine Louise Glück, auteure d’une douzaine de recueils de poésie.
Le prix Nobel de littérature 2021 est attribué à l’écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah (photo) pour traitement « intransigeant et plein de compassion des effets du colonialisme et du destin des réfugiés dans le gouffre qui sépare les cultures et les continents ». C’est ce qu’a révélé l’Académie suédoise ce jeudi 7 octobre, depuis ses locaux, sis à Stockholm.
Pour le comité Nobel, son œuvre rejette « les descriptions stéréotypiques et ouvre notre regard à une Afrique de l’Est diverse culturellement qui est mal connue dans de nombreuses parties du monde ».
Abdulrazak Gurnah a vu le jour en 1948 sur l’archipel de Zanzibar, qu’il quitte pour rejoindre le Royaume-Uni en tant que réfugié à la fin des années 1960. Il choisit très tôt l’anglais pour écrire ses livres, au détriment du swahili, qui reste sa première langue. Il a publié dix romans et un recueil de nouvelles, portant tous sur les péripéties des réfugiés et dans lesquels il interroge « le hiatus culturel et géographique, entre vie passée et nouvelle vie ».
Abdulrazak Gurnah est peu connu du grand public, notamment dans le monde francophone, où son œuvre reste très peu traduite. Il accède à la notoriété avec la publication de son quatrième roman intitulé Paradise, en 1994. Adieu Zanzibar, un autre de ses romans, est récompensé en 2007 par le prix RFI Témoin du monde. Jusqu’à très récemment, M. Gurnah enseignait l’anglais et la littérature postcoloniale à l’université du Kent, à Canterbury, au Royaume-Uni.
L’attribution du Nobel de littérature à Abdulrazak Gurnah, en fait le cinquième écrivain du continent à recevoir le prestigieux prix, après le Nigérian Wole Soyinka en 1986, l’Egyptien Naguib Mahfouz en 1988, les Sud-Africains Nadine Gordimer et J.M. Coetzee, respectivement en 1991 et en 2003. Elle s’inscrit également dans la logique du comité Nobel, d’élargir les horizons en ce qui concerne l’origine des récipiendaires.
Abdulrazak Gurnah, quant à lui, empoche une cagnotte de 8 millions de couronnes suédoises, soit environ 740 000 euros.
Isaac K. Kassouwi (stagiaire)
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