La Côte-d’Ivoire a l’une des économies les plus performantes Afrique subsaharienne. Principalement parmi les pays francophones où elle demeure la locomotive de l’espace monétaire UMEOA|Cfa. Le pays est unanimement félicité pour son dynamisme retrouvé.
Pourtant le chômage de masse reste une tragédie silencieuse, une ombre sur le tableau des belles performances économiques du Président Ouattara. Nos autorités se débattent comme elles le peuvent, mais dans le fond peinent à endiguer le phénomène à l’instar des autres économies de l’Afrique sub-saharienne.
Agit-on sur les bons leviers?
Lorsque l’on parle d’insertion des jeunes dans le tissu économique, il faut bien que ce tissu s’élargisse, afin d’absorber les jeunes. En d’autres termes, il faut que les entreprises se créent , ou se développent à une cadence suffisante. Ce qui n’est pas toujours le cas. Ainsi dans la bataille contre le chômage de masse, l’objectif ne doit pas être tant d’insérer les jeunes, que d’amener les entreprises à se créer, et à se développer. On se focalise sur le chômeur, et pas sur l’entreprise qui offre l’emploi. Il est clair qu’une entreprise qui s’installe, ou qui se développe, recrute.
En voulant absolument insérer les jeunes alors que la capacité d’absorption du marché de l’emploi est faible, on débouche inévitablement sur des solutions artificielles du type CDD de courtes périodes, stage-emploi de quelques semaines, THIMO de quelques jours, l’octroi de financement etc……Ces dispositifs améliorent certes les statistiques, mais n’ont pas d’impact à long terme sur la question. Les jeunes restent dans la précarité et le sous-emploi. Ainsi l’expansion de l’activité des entreprises constitue la véritable réponse à l’emploi des jeunes. Il faut changer de logiciel en focalisant cette bataille sur l’activité économique elle-même, et non sur les chômeurs.
Concernant le financement des projets des jeunes, les autorités ivoiriennes ne jurent que par cet outil pour endiguer le chômage de masse. Pourtant c’est une vieille recette, mise en œuvre depuis les années 90, qui a montré ses limites. Tout d’abord, il y a la question de la taille des fonds mis en place. S’ils permettent de financer des milliers de jeunes, il ne faut pas perdre de vue que les chômeurs se comptent en dizaines voire en centaines de milliers. Cela montre dès le départ qu’il est illusoire de vouloir endiguer le phénomène avec ce seul outil.
Ensuite, financer un jeune qui veut créer une activité ne le sort pas automatiquement du chômage, pour la simple raison que l’activité mise en place peut ne pas décoller. Or c’est cela qui arrive le plus souvent. Beaucoup de jeunes reçoivent des financements sans aucune expérience commerciale du secteur dans lequel ils se lancent. Il ne suffit pas de mettre un produit sur le marché. Il faut conquérir une clientèle et la fidéliser face à une concurrence. Cela exige un mental, que n’ont pas toujours nos apprentis entrepreneurs. Résultat huit activités sur dix s’écroulent dans la première année, selon une étude parue en 2018. C’est le retour à la case départ pour des milliers de jeunes, mais ils sont comptabilisés dans les statistiques comme étant des actifs.
Un jeune qui veut entreprendre, doit pouvoir commencer avec les moyens qu’il a sous la main, sans attendre du financement. C’est à cela qu’on reconnaît sa fibre entrepreneuriale. Lorsqu’ il attend « des moyens » pour se lancer, on doit s’interroger sur sa capacité à faire face aux difficultés futures, vu son manque de pratique du secteur qu’il vise. Une activité ainsi mise en place s’écroulera vite. Ainsi, un jeune qui vient de finir ses études, un jeune qui n’a jamais rien créé, n’ a jamais travaillé, ne doivent pas être financés.
Les financements doivent cibler en priorité les jeunes en activité afin qu’ils se diversifient, agrandissent leurs activités, accélèrent et embauchent au passage du personnel. Il est dangereux de financer ceux qui « veulent se lancer », selon l’approche actuelle. Il faut favoriser non pas la création, mais l’expansion des petites activités qui existent. Ainsi les prêts vont amplifier une dynamique déjà existante, et les emplois ainsi créés ne seront pas des emplois artificiels. Les prêts doivent cibler les jeunes qui sont déjà en mouvement, et non ceux qui sont immobiles dans « l’attente des moyens ». En réalité, ce sont des paresseux.
Pour sortir du chômage de masse, outre le meilleur ciblage des jeunes à financer, il faut bien entendu des mesures macroéconomiques. Entre autres, libéraliser toujours plus en cassant les monopoles qui existent encore, concéder au privé tous les secteurs marchands encore au mains des entreprises publiques, faire du règlement la dette intérieure, notamment la dette-fournisseur de l’Etat une priorité, réduire la voilure dans la fonction publique, arrêter de déguerpir les commerçants dans nos rues afin de ne pas casser le dynamisme de l’offre, mettre la pression sur nos ambassades afin qu’elles soient des » apporteur d’affaires » pour nos industriels, inciter les communautés religieuses à investir dans l’activité économique, les fonds qu’elles recueillent auprès des fidèles comme cela se voit dans les pays anglophones etc….
En Août 2019 l’Etat ivoirien annonçait en grande pompe l’ouverture des « guichets emplois-jeunes » au niveau des communes, pour centraliser les différents dispositifs d’insertion et de financements d’activités des jeunes, avec à la clé une enveloppe de 141 milliards de FCFA . Ces guichets devaient permettre de créer » 500 000 » emplois en fin d’année 2020 . Si l’engagement des autorités, notamment le défunt Premier-Ministre Gon Coulibaly était bien réel, les solutions mises en œuvre étaient artificielles pour la plupart. Quel bilan peut-on faire aujourd’hui de ce vaste programme deux ans après ? Combien d’emplois réels ont-ils été créés sur la période ? Aujourd’hui la fonction publique reste toujours la destination privilégiée des jeunes en quête d’emploi.
Il sera bien difficile de voir l’emploi vraiment repartir si les leviers qui ont été mentionnés plus haut sont ignorés. Il faut administrer des chocs à l’économie, il faut la stimuler par des mesures fortes afin que l’activité puisse se mettre en place d’elle-même, et faire repartir l’emploi. Car l’activité précède l’emploi. La décrue du chômage de masse doit résulter d’une démarche globale et intégrée, et ne peut pas être réduite au seul financement des projets des jeunes. C’est une bataille éclatée sur plusieurs fronts.
Douglas Mountain oceanprmier4@gmail.com
Photo: Le jeune Ministre Touré Mamadou de l’emploi des jeunes. A chacune de ses interventions, l’homme avance des chiffres encourageants sur les créations d’emplois. Pourtant le nombre de jeunes qui postulent aux différents concours de la fonction publique est un indicateur qui atteste du désespoir des jeunes en quête d’emploi.
==== OUI ET….NON ======
De bonnes propositions et de bien désastreuses dans cette contribution !
Examinons celle ci :
« …Les financements doivent cibler en priorité les jeunes en activité afin qu’ils se diversifient, agrandissent leurs activités, accélèrent et embauchent au passage du personnel. Il est dangereux de financer ceux qui « veulent se lancer », selon l’approche actuelle….. ».
Pour être coopératif je retiens « EN PRIORITÉ ». Mais même avec cette concession !
De nombreuses MASTER 2 professionnels ont des modules de création d’entreprise destinés à des cibles orientées vers la création de leur PROPRE entreprise. Faut il les en dissuader au motif que sans expérience professionnelle avérée la création d’une start-up est vouée à l’échec ?
L’exemple de Dougoutigui ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.
Se lancer dans une startup est bien possible après une bonne formation avec stages professionnels bien accomplis.
Le financement en parallèle à des PME ayant déjà démarré leurs activités peut donc bien se faire avec parallèlement le soutien à de jeunes créateurs d’entreprise bien disciplinés et surtout BIEN CHOISIS ! Le prototype de DOUGOUTIGUI révèle plus un mécanisme denoncable d’un marketing politique opportuniste et certainement voué d’avance à l’échec.
===== LE STOCK DES DIPLÔMÉS SANS EMPLOI ====
Le ministre DOSSO Mamadou alors Ministre d’État, Ministre de l’Emploi, des Affaires sociales et de la Formation professionnelle, n’avait cessé de le souligné.
Il existe un stock de nombreux diplômés mais aussi un fort taux de profils ne correspondant pas à un besoin de marché.
Un diplômé en sociologie qui après 5 ans de recherches d’emploi ponctués d’échecs aux concours de la Fonction Publique, gagnerait à faire une formation technique additionnelle de 6 à 9 mois pour entre dans les métiers de soutien professionnels ou migrer vers l’agro-alimentaire ou le secteur de l’élevage. Un BTS bâtiment, électricité ou décoration intérieure de demeures peut trouver à être employé. Il peut monter sa propre structure !
Voici pourquoi ce n’est pas une vérité que d’affirmer que la stratégie de l’état concernant l’homme est fausse !
(« …Ainsi dans la bataille contre le chômage de masse, l’objectif ne doit pas être tant d’insérer les jeunes, que d’amener les entreprises à se créer, et à se développer. On se focalise sur le chômeur, et pas sur l’entreprise qui offre l’emploi…. »).
====== OUI …. »
Oui « l’activité précède l’emploi » !
Mais ces activités qui peuvent embaucher des travailleurs potentiels existent. Il faut en partie CHANGER LE MODE DE TRAVAIL ET LES CONDITIONS D’EMPLOI HÉRITÉS de la colonisation.
Des activités utiles peuvent être traitées selon une planification 3×8H. Donc en H24 par 3 équipes différentes en rotation. Ceci augmenterait la performance du secteur d’activité et améliorerait les indicateurs du pays dans ce domaine. En clair LE TRAVAIL DIT DE NUIT est insuffisamment exploité en raison aussi de législations dépassées ou inadaptées au stock de main d’œuvre en chômage.
Il y a d’autres formules que nos administratifs de ministres devraient explorer au lieu de passer le temps à soutenir des oisifs corbeaux !
==== DRAME SILENCIEUX =====
Oui cette situation qui dure pour certains est un drame silencieux ! Tant qu’ils attendront la solution de L’ETAT EMPLOYEUR !
Ce drame de perception est visible PARTOUT en Afrique ! Pas seulement en Côte-d’Ivoire du reste.
Le secteur informel fait les beaux jours de beaucoup de jeunes qui ont compris que l’emploi qui nourrit son homme et « soutra » la famille, est PARTOUT !