Moderna prévoit de construire une usine en Afrique qui produira plus de 500 millions de doses de vaccins à la technologie révolutionnaire ARNmessager par an.
Les travaux de construction coûteront environ 500 millions de dollars, soit autours de 280 milliards de fcfa.
La société américaine n’a pas encore révélé combien de ses vaccins à ARNm qui seront produits concernaient le covid-19
L’entreprise n’a pas aussi encore annoncé le pays d’accueil de son usine. La recherche d’un pays approprié commencera « bientôt », selon Moderna.
En juillet 2021, le concurrent Allemand-Américain BioNtech/Pfizer avait annoncé avoir conclu un accord avec l’Institut Biovac en Afrique du sud, une entreprise semi-étatique installée au Cap. Dans cet accord, cependant, aucun vaccin n’était réellement fabriqué en Afrique. Les vaccins étaient juste mis en bouteille et distribué sur place.
Les vaccins de BioNtech et de Moderna fonctionnent tous deux avec la technologie de l’ARNmassager. Il sont conservés par des températures glaciales allant de moins (-20) à moins (-50) dégrés Celsius. L’ARNm est emballé dans de petits globules gras qui peuvent être facilement absorbés par les cellules du muscle supérieur du bras et sont donc transportés au bon endroit dans le corps.
Hervé Coulibaly
(…)
Comprendre la technologie ARNm
Dans cet article, nous développons quelques aspects de cette technique, en sept mots-clefs, pour ceux qui aiment pousser un peu plus loin la compréhension : messager, synthétique, inflammation, nanoparticules, demi-vie, stabilité et sécurité.
1. Messager
C’est un mot qui peut intriguer. Messager de quoi ? Commençons par la petite routine de nos cellules. Elles contiennent notre ADN (« acide désoxyribonucléique », composé des nucléotides A, C, G et T), sous forme de chromosomes. C’est dans cet ADN que se trouve inscrite toute l’information pour construire les protéines dont notre corps a besoin. L’ADN reste dans le noyau cellulaire tandis que la fabrication des protéines se déroule en dehors (on parle de « machinerie cellulaire », une petite usine de production, qui se trouve hors du noyau : dans le cytoplasme). Pour passer de l’un à l’autre, apporter l’information à l’usine de production, il faut un « messager » : une copie des morceaux d’ADN. Cette copie s’écrit dans un langage – un code, un alphabet – un peu différent : l’ARN (« acide ribonucléique », composé des nucléotides A, C, G et U). Voilà pourquoi on parle d’ARN messager.
Le principe d’un vaccin, c’est d’entraîner le système immunitaire à reconnaître le virus. Pour ce faire, contrairement à d’autres techniques classiques, ici, on n’injecte pas de virus inactivé, ni de protéines de virus… On injecte un ARN messager, qui va être traité, lu, par notre usine de production cellulaire. Plus précisément, cet ARN messager contient l’information, le plan de montage, qui permet de construire un morceau de protéine de virus (ici, en l’occurrence, la protéine « spike », qui est une protéine présente à la surface du virus).
Au final, le résultat est le même qu’avec d’autres techniques : une fois produite, cette protéine est détectée comme un « corps étranger », un « antigène » par notre organisme, qui va donc se mettre à produire des « anticorps » pour l’éliminer. S’il est exposé plus tard au virus vivant, notre organisme sera déjà armé.
Est-ce si audacieux de faire fabriquer la protéine par nos cellules ? En fait, c’est ce que font déjà… les virus ! « On copie ce qui se passe réellement », explique l’immunologiste de l’ULB Eric Muraille. « Quand le virus à ARN pénètre dans une cellule, pour se reproduire, il a besoin de pirater la cellule de l’hôte et de l’amener à copier à la fois son ARN et ses protéines. Ces stratégies-là des vaccins à ARN viennent de notre compréhension de la façon dont les virus nous infectent. » Sans cellule hôte, le virus ne « vit » pas. C’est bien différent d’une bactérie. Rappelons qu’un vaccin à ARN messager ne contient pas tout le matériel génétique du virus, seulement un morceau codant pour l’une de ses protéines.
2. Synthétique
L’ARN messager contenu dans le vaccin n’est pas extrait directement d’un vrai virus. Il est produit de façon synthétique. Pour le concevoir, on a besoin de connaître la « séquence génétique » du virus (qui contient toute l’information pour construire toutes les protéines dont le virus a besoin, même principe que notre génome). De là, on choisit un morceau de séquence qui donne le « plan de montage » d’une protéine sur laquelle il semble intéressant de miser (ici donc, la protéine « spike »). Et on produit de façon synthétique ce morceau-là, et uniquement celui-là, en utilisant le langage – le code, l’alphabet – de l’ARN.
Cette production synthétique, c’est un atout majeur de la technique, par rapport à d’autres. « C’est l’équivalent d’une réaction chimique, on n’est pas obligé de le produire en partant d’une réaction biologique », explique Eric Muraille. « Dans le cas d’un vaccin basé sur la technique du ‘virus vivant atténué’, on doit faire se multiplier, par exemple, le virus de la grippe. Dans beaucoup de cas, on le fait encore sur des œufs de poule et on infecte des millions d’œufs pour produire ces vaccins. C’est lent, c’est coûteux en énergie. Avec les vaccins à ARN, le gros avantage c’est qu’on a un système de production très rapide. Ça a joué dans les choix. »
Revoir la séquence du JT sur le mode de fonctionnement d’un vaccin à ARN messager (10 novembre 2020) :
A l’avenir, ce type de vaccins produits par synthèse chimique pourrait aider à répondre à un défi potentiellement important : celui de « pouvoir réagir rapidement face à des pandémies qui risquent de devenir de plus en plus fréquentes », souligne l’immunologiste.
« On est à la recherche de techniques qui permettent d’accélérer la production de vaccins et donc si on a une technique de vaccin ARN qui fonctionne, elle peut nous aider à l’avenir à faire face de plus en plus rapidement à des agents infectieux. » De réagir aussi plus rapidement en cas de mutation problématique du coronavirus (problématique si elle rend les vaccins existants moins efficaces par exemple).
Avec rtbf.be
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