Les relations diplomatiques entre la France et le Mali sont secouées par l’affaire « Wagner ». La société militaire privée russe, spécialisée aussi dans la sécurité rapprochée a plusieurs fois été évoquée par les dirigeants maliens dans le cadre d’un partenariat pour contrer le terrorisme dans le sahel.
L’évocation de cette piste par la junte militaire a été fermement dénoncée par l’Élysée. Pourtant, elle (la France) est dans un mouvement de réduction de son dispositif militaire mené sous l’opération ‘Barkhane’ dans le sahel. Que la France soit opposée à une présence militaire russe dans le sahel est compréhensible en raison de leur rivalité (géopolitiques). Et aussi du fait que le Sahel soit un pré-carré français. Cependant, le réalisme interpelle les acteurs présents dans le sahel. La France a certes, engrangé des acquis considérables (neutralisation de plusieurs chefs de groupes armés terroristes) dans le sahel mais le terrorisme demeure toujours. Et les populations ont fini par se lasser avec le temps. L’opinion malienne estime que les lignes ne bougent pas réellement. Sans occulter le sentiment anti-français qui fait rage dans les débats et porté par une importante classe malienne.
La France ne doit pas nourrir le sentiment anti-français en s’opposant à « Wagner »
Le recours à la société privée Wagner ne doit pas être exclue. Nous avions par le passé attiré l’attention des dirigeants maliens quant à une diversification des partenaires extérieurs dans la lutte contre le sahel. Il faut retenir qu’il n’y a qu’un ennemi dans le sahel : le Terrorisme. La France ne devrait pas perdre de vue cela. Alors, les rivalités sur le plan géographique entre grandes puissances ne doivent pas prendre le pas sur les libertés et le droit à la vie des populations de cette partie du continent. Le Mali ne serait pas le premier pays à abriter à la fois la société « Wagner » et une puissance étrangère y compris la France. « Wagner » est présent en Afghanistan, en Irak, en Centrafrique, en Lybie, à Madagascar en même temps que la France et les USA. La cohabitation entre « Wagner » et les forces françaises est donc possible et pourrait se convertir en une collaboration à certains niveaux devant les réalités du terrain. D’ailleurs, avec la réduction du dispositif de la force Barkhane cela laisse de l’espace et de la place à « Wagner ». Le terrain de jeu est suffisamment grand. Même si certains soupçons de violation des droits de l’homme ont pesé sur les hommes de « Wagner » notamment en Afghanistan et en Irak.
L’exécutif français ne devrait donc pas s’opposer à la venue des « russes » dans le Sahel au risque de durcir la position des anti-français au Mali et de conforter ceux qui pensent que la présence militaire au Mali cache autre chose que la lutte contre le terrorisme.
Namidja Touré
Spécialiste des questions militaires.
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