Sur la cinquantaine de champs pétrolifères et gaziers que présente pour l’instant la Côte d’Ivoire, 4 sont déjà déclarés en production effective. Il s’agit des 2 gisements Baobab et Espoir de l’opérateur CNR, du gisement Lion et Panthère de PETROCI et du pool gisement FOXTROT.
Et quand viendra le moment de mettre en production sa toute récente découverte, les réserves prouvées du pays seront grandement rehaussées, de même que sa capacité de production journalière. La limite asymptotique des 40 000 barils par jour sera pour ce faire un souvenir lointain.
Le gisement Baleine, de son nom de baptême très évocateur, est incontestablement en effet une découverte majeure réalisée sur le bloc CI-101 qui couvre une vaste superficie de quasiment plus de 156 000 hectares en haute mer. C’est bien entendu énorme en termes d’aire de recherche et exploration offshore mais surtout, ce n’était pas gagné d’avance.
Raison pour laquelle, à la suite du Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, M. Thomas Camara, qui en a fait l’annonce le 1er septembre dernier, la Côte d’Ivoire et ses partenaires de la sous-région s’en réjouissent.
La manne pétrolière qui en découlera sera une autre bénédiction pour la Côte d’Ivoire et c’est sûr.
Partout dans le monde, plusieurs pays en développement ayant enregistré des découvertes récentes en sont satisfaits et arborent déjà des prémices d’une émergence certaine. En clair, la gestion pétrolière des temps modernes actuels n’est pas de nature à être anxiogène. Elle s’inscrit aujourd’hui dans un paradigme nouveau de diversification énergétique et économique.
Certains pays producteurs qui ont pu connaître des malaises sont justement ceux-là dont la matrice économique repose essentiellement jusqu’à présent sur le pétrole et le gaz. C’est là leur tendon d’Achille.
L’exception ivoirienne est plutôt celle d’une économie très diversifiée alliant un secteur agricole très porteur et des industries extractives (IE) qui englobent les mines, le pétrole, etc. et ce, sans omettre le potentiel énergétique électrique exportable du pays ainsi que divers autres pôles de croissance. Ce pays a en effet bien d’autres atouts valables et valorisables.
La Côte d’Ivoire ne deviendra donc pas exclusivement dépendante du pétrole et n’a pas l’intention de le devenir à terme. Elle a toujours eu un plan stratégique de développement basé sur la diversification.
C’est ce qui lui vaudra de loin donc de ne point connaître de malédiction du pétrole. Bien au contraire, l’abondance de cette matière première si prisée lui permettra de consolider ses ambitions d’être le hub énergétique de la sous-région.
L’expérience montre en fait que lorsque l’économie d’un pays n’est conditionnée que par les recettes pétrolières, et qu’il n’a pas d’autres degrés de liberté majeurs en termes d’alternatives au développement, l’agglutinement de tous autour de ce mamelon nourricier est inéluctablement une source potentielle de tension.
Dans certains de ces pays producteurs de pétrole, s’orienter vers l’agriculture par exemple est même perçu comme un échec social pour une frange des populations actives. Pour elles, il faut coute que coute en effet avoir une activité liée au pétrole ou travailler sur un site pétrolier, ne serait-ce qu’en emploi saisonnier, pour être bien vu. Chacun veut sa part d’émancipation que par l’or noir. Et ça, c’est un problème.
L’exode agricole qui s’en suit laisse des pans entiers de terres cultivables sans main-d’œuvre locale motivée. On importe presque toutes les denrées alimentaires de base qui auraient pourtant pu être produites en local. Les populations en pâtissent et finissent par subir de manière chronique les affres de la cherté de vie.
En Côte d’Ivoire fort heureusement, l’économie n’est pas monocorde mais plurielle.
Voir donc les populations se ruer désormais exclusivement vers le pétrole, à la faveur de l’essor et du prestige pétrolier, est une occurrence peu probable. Les ivoiriens ont leurs habitudes séculaires et sauront trouver le bon équilibre pour offrir la place qu’il faut à l’or noir sans que celui-ci soit un facteur de déséquilibre sociétal mais une véritable source contributive de richesse.
Voilà pourquoi il importe de préciser de nouveau à tous que, contrairement à certaines infox des réseaux sociaux qui avaient annoncé des gains minimalistes pour la Côte d’Ivoire, le pays est pleinement gagnant au regard du Contrat de Partage de Production (CPP) qui le lie à ses partenaires explorateurs privés qui opèrent sur ses champs.
Prêcher le faux pour avoir le vrai n’a visiblement donc pas été la bonne manière de s’y prendre et c’est bien la raison pour laquelle les infox relatives à la répartition des gains n’ont pas prospéré. Il serait bien alors que les prochaines à venir ne donnent plus lieu à des désinformations.
Serge Parfait Dioman
Expert International en Industries Pétrolières et Énergies
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