La Banque mondiale a indiqué jeudi 16 septembre, avoir achevé son enquête sur la publication des rapports annuels «Doing Business» après un examen des irrégularités dans les données des éditions 2018 et 2020.
Dans un communiqué parvenu à la presse, l’institution multinationale a déclaré que les audits soulevaient des problèmes éthiques impliquant d’anciens responsables et membres du personnel du conseil d’administration. Parmi eux figure Kristalina Georgieva, l’actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
Selon les conclusions de l’enquête, la patronne du FMI a subi des pressions pour modifier les données relatives à la Chine afin d’augmenter son score. Le document révèle que les changements apportés aux données du géant asiatique dans l’édition 2018 semblent être le produit de deux types distincts de pressions exercées par la direction de la Banque sur l’équipe Doing Business.
Les enquêteurs soulignent que « des pressions exercées par la PDG Georgieva et ses conseillers (dont M. Simeon Djankov), pour apporter des modifications spécifiques aux points de données de la Chine dans le but d’améliorer son classement, ce, exactement au moment même où le pays devait jouer un rôle clé dans la campagne d’augmentation de capital de la banque».
Réagissant sur cette affaire, la directrice du FMI a nié tous les faits qui lui sont reprochés. « Je suis fondamentalement en désaccord avec les conclusions et les interprétations de l’enquête sur les irrégularités dans les données en ce qui concerne mon rôle dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale de 2018 », a déclaré Mme Georgieva dans un communiqué. Elle qui avait été PDG de la Banque mondiale entre janvier 2017 et septembre 2019 avant de passer au FMI.
Pour rappel, l’Institution de Bretton Woods avait décidé de suspendre la publication du rapport Doing Business 2021. Motif avancé : irrégularités dans les données dans les rapports 2018 et 2020, respectivement publiés en octobre 2017 et 2019.
Avec FinancialAfrik
Une enquête met en cause la directrice du FMI, accusée de pressions pour ménager Pékin
Kristalina Georgieva est «en désaccord» avec les conclusions de cette enquête selon laquelle elle aurait fait pression en 2017 pour modifier un rapport de la Banque mondiale afin de ménager la Chine
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a fait pression en 2017 pour modifier un rapport de la Banque mondiale, où elle était en poste à l’époque, afin de ménager la Chine, affirme une enquête indépendante commandée par l’institution internationale et rendue publique jeudi.
Pour cette investigation, les auteurs ont interrogé plusieurs dizaines d’employés, actuels et anciens, et passé au crible 80 000 documents.
Face à ces révélations, la Banque mondiale a annoncé qu’elle arrêtait la publication de son rapport annuel Doing Business – c’est celui pour 2018 qui est ici incriminé. Elle a dit travailler sur une «nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et des investissements».
Des «pressions – directes et indirectes» pour modifier le classement de la Chine
La Chine avait, en 2017, assez peu apprécié sa 78e place dans le rapport Doing Business de la Banque. Pour lui éviter de dégringoler encore dans le classement de l’année suivante, et obtenir sa signature dans des négociations sensibles, l’institution basée à Washington a employé les grands moyens, selon une enquête du cabinet d’avocats WilmerHale, demandée par le comité d’éthique de la Banque mondiale.
Il en ressort que des «pressions – directes et indirectes» ont été exercées par de hauts responsables du bureau du président Jim Yong-kim – «vraisemblablement à la demande» de ce dernier – pour modifier le classement de la Chine.
Et peu avant la publication de l’édition 2018, Kristalina Georgieva, à l’époque directrice générale de la Banque mondiale, a selon l’enquête demandé l’adaptation de la méthodologie et la modification des critères.
Kristalina Georgieva aurait réprimandé un haut responsable de l’institution pour «avoir mal géré les relations de la Banque avec la Chine et ne pas avoir apprécié l’importance du rapport Doing Business pour le pays», selon l’enquête. Sous la pression, ses équipes auraient alors modifié certaines données, et permis à la Chine de conserver sa 78e place au lieu de chuter à la 85e. Le responsable initialement réprimandé, lui, a été félicité pour avoir «fait sa part du travail pour le multilatéralisme». «Le rapport parle de lui-même», s’est borné à réagir un porte-parole de la Banque.
La présidente du FMI nie, les institutions préoccupées
Kristalina Georgieva, qui a pris la tête du FMI en octobre 2019, a dit jeudi être «foncièrement en désaccord avec les conclusions et les interprétations» de cette enquête «en ce qui concerne (son) rôle dans le rapport» de 2018. «J’ai d’ores et déjà tenu une réunion avec le conseil d’administration du FMI sur ce sujet», a-t-elle ajouté dans cette déclaration transmise à l’AFP.
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L’arrêt du rapport Doing Business a été salué par Nadia Daar, responsable d’Oxfam International à Washington, estimant que ce classement «encourage(ait) les gouvernements à adopter des politiques destructrices qui aggravent les inégalités».
Le Trésor américain a, lui, indiqué analyser le rapport, évoquant des «conclusions préoccupantes».
«Notre responsabilité première est de préserver l’intégrité des institutions financières internationales», a indiqué le ministère des Finances dans un communiqué.
Une culture «toxique» au sein de l’équipe en charge du rapport
Les changements dans la méthodologie du classement avaient, en janvier 2018, poussé à la démission l’ancien chef économiste de la Banque mondiale, Paul Romer, nobélisé quelques mois plus tard . La Banque mondiale avait à l’époque nié toute influence politique dans ce classement.
Les négociations en cours lors de la rédaction du classement de 2018 concernaient l’augmentation historique de 13 milliards de dollars des ressources de la Banque mondiale, dont la signature nécessitait le soutien du président américain Donald Trump (qui s’était opposé aux prêts concessionnels à la Chine) mais aussi de Pékin qui avait accepté de payer davantage pour les prêts.
Simeon Djankov, un responsable nommé dans l’enquête, s’était publiquement élevé contre des organisations qui remettaient en question d’autres aspects du rapport, notamment le positionnement implicite en faveur d’une baisse des impôts sur les entreprises. Il les avait même qualifiées de «marxistes» lors d’une conférence en 2019.
Le cabinet d’avocats WilmerHale a également enquêté sur le rapport Doing Business de 2020 concernant l’Azerbaïdjan, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, mais a dit ne pas avoir trouvé d’éléments prouvant que la direction ait été impliquée dans les changements de données.
Les personnes interrogées ont enfin fait état d’une culture «toxique» au sein de l’équipe en charge du rapport Doing Business, notamment de la part de Simeon Djankov, qui était alors un conseiller de Kristalina Georgieva.
Source: Letemps.ch
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