Énergie solaire: Une solution de décentralisation énergétique des localités enclavées en Afrique

En Afrique, certains reliefs accidentés, montagneux, sablonneux ou même marécageux constituent des obstacles naturels entravant le déploiement des poteaux, des câbles et autres postes électriques de réparations nécessaires pour apporter l’électricité au plus près des populations.

L’énergie solaire est à n’en point douter une solution idoine de décentralisation énergétique au profit des localités dites enclavées et circonstanciellement donc isolées des possibilités de raccordement aux réseaux nationaux de distribution de l’énergie électrique.

Adhérant par conviction à cette solution idoine, le Mozambique se lance et entend ainsi à terme solutionner définitivement la problématique récurrente des pénuries électriques sur son territoire.

Souvent impacté par la sécheresse, du fait de son exposition solaire entre autres, ce pays de l’Afrique australe entreprend aujourd’hui de transformer cette vulnérabilité climatique en une opportunité réelle et durable.

Son patrimoine électrogène repose à plus de 80% sur l’hydroélectricité jusqu’à présent, avec une production principalement soutenue par le barrage de Cahora Bassa construit sur le fleuve Zambèze.

Il dispose tout de même d’une capacité installée totale excédant les 2 600 MW (mégawatts).

C’est à peu près de l’ordre de celle de la Côte d’Ivoire et de moitié moins celle du Ghana par exemple, pour juste donc se faire une idée de ce que cela représente en terme de capacité actuellement installée au Mozambique.

Au demeurant, il importe de savoir que le potentiel immédiatement exploitable dont dispose ce pays est de plus de 19 000 MW (mégawatts) s’il conclut tous ses projets de barrages hydroélectriques répertoriés.

Au regard toutefois des vicissitudes climatiques déjà bien perceptibles qui l’affecte particulièrement et qui affecteront d’ailleurs de plus en plus l’humanité toute entière, avec des corollaires prévisibles de sécheresses, pics de chaleurs caniculaires, méga-feux ravageurs, baisses de pluviométrie, inondations, etc. il entend bien à bon escient diversifier ses sources énergétiques pour enfin profiter de l’un de ses atouts naturels : le soleil.

Cette énergie solaire, est d’ailleurs un atout naturel gracieux pour toute l’Afrique.

Le continent en est d’ailleurs très abondamment couvert de toute part, avec en plus des taux d’ensoleillement et de rayonnement solaire records.

Il est vrai qu’à l’heure actuelle, et à l’instar de plusieurs de ses pairs sub-sahariens, le Mozambique a un potentiel hydraulique impressionnant qu’il pourrait bien davantage exploiter de nombreuses années encore.

Mais il a toutefois décidé de changer de paradigme pour ne plus être foncièrement dépendant de la ressource hydroélectrique et ce, au regard du réchauffement climatique et de sa stratégie nouvelle d’accroître très significativement la part contributive des énergies renouvelables de type intarissable.

Cette initiative est un bel exemple d’anticipation que plusieurs pays africains implémentent depuis peu, avec le soutien manifeste et les encouragements de certaines banques d’appui au développement, pour en fait se prémunir par avance des chocs énergétiques dommageables qui mettraient à mal leurs économies locales en cas de survenance.

En pratique, le Mozambique a fait l’annonce de se lancer dans un vaste programme de décentralisation énergétique.

Concrètement, cela consiste à autoriser l’installation de mini-réseaux solaires dans les localités enclavées et leur apporter ainsi une solution d’autonomisation électrique adaptée à leurs conditions particulières.

L’objectif clairement affiché est d’améliorer la couverture électrique nationale et accroître le taux de desserte électrique pour le bien-être des ménages.

A l’endroit de ceux-ci, un accent particulier sera mis sur les facilités d’accès au solaire domestique pour permettre aux usagers qui le souhaitent de se doter de panneaux solaires photovoltaïques et thermiques en plus d’effets culinaires solaires tels que des cuisinières et des fours solaires répondant au principe de la cuisson améliorée de type 0 émission de CO2.

Qu’ils soient nationaux ou étrangers, les investisseurs privés, les ingénieurs, les chercheurs et inventeurs, etc. sont appelés à contribution pour le franc succès de ce programme défini dans un cadre réglementaire garantissant un partenariat gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes.

D’une manière générale en fait, l’Afrique sub-saharienne connaît un faible taux d’électrification des localités et cela entrave par conséquent le taux de desserte électrique à l’échelon des populations contraintes de vivre sans électricité.

L’on est trop longtemps restés inscrits dans une architecture traditionnelle de déploiement de l’électricité via les seuls réseaux câblés et interconnectés qui dispatchent l’électricité depuis un pool de centrales électriques nourricières qui produisent l’électricité pour tous.

Cette architecture de couverture électrique de type « un vers tous » a fait son temps mais face aux enjeux énergétiques actuels elle gagnerait à muter vers le modèle de décentralisation basé sur l’architecture de type « tous vers tous » permettant à d’autres acteurs intéressés de pouvoir contribuer à l’effort électrogène en produisant leur propre électricité et en la partageant éventuellement sur le réseau national par des clauses de reventes.

Serge Parfait Dioman

Expert International en Industries Pétrolières et Énergies

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