Lancement d’un mouvement proche de l’ex première dame/ Les partisans de Simone Gbagbo seraient-ils mal partis en Côte-d’Ivoire ?

Par SD avec Gbansé Douadé Alexis

Réunis à l’hôtel Gestone de la Riviera 2, en conférence de presse mercredi, les initiateurs du « mouvement des générations capables » ont décliné les objectifs de leur groupement. Pour les visages dévoilés, ce sont Djè Lou Béné, présidente du comité d’organisation de l’AG constitutive, Serges Kpélé son adjoint et Kraidy Marie Claire présidente du comité scientifique. Ils étaient d’ailleurs les 3 conférenciers du jour prenant la parole tour à tour pour répondre aux questions des journalistes. Des noms qui ne sont pas connus dans le microcosme politique, exception faite de Serge Kpélé, très proche de l’ancien ministre Lazare Koffi et membre du secrétariat national de la Jfpi, en disgrâce un temps.

On retient de leur discours que ce mouvement naissant n’a pas d’objectif politique mais se met en place pour servir la promotion des valeurs qu’incarne Simone Gbagbo. Ils semblaient marcher sur des œufs face à l’avalanche des questions des journalistes. « La Côte d’ivoire, notre pays est en proie à une profonde crise de valeurs du fait des conflits sociopolitiques à répétition depuis plus d’une vingtaine d’années. Ce recul des valeurs est bien perceptible dans tous les domaines de la société ivoirienne « , laisse entendre la conférencière principale avant d’indiquer pourquoi Simone Gbagbo est le remède à ces maux. D’après ces organisateurs, Simone Gbagbo depuis sa sortie de prison prône la réconciliation et le pardon qui sont le début d’une prise de conscience et de solution aux maux de la Côte d’ivoire.

Seulement le timing de leur sortie pose problème. Et ils en sont conscients si bien qu’ils faisaient attention à chaque mot placé de peur de heurter les partisans de Gbagbo et déclencher ainsi les hostilités avant l’heure. Sans toutefois leur dénier leur droit à soutenir la personnalité de leur choix, l’on peut tout de même se demander l’opportunité d’un tel mouvement quand le leader qui n’a jamais récusé publiquement Simone Gbagbo s’apprête à lancer un nouveau parti qui prône les mêmes valeurs de démocratie, de réconciliation et de paix durable. Laurent Gbagbo va même plus loin en pêchant au-delà de ses frontières traditionnelles des gens de tous bords et prend le pari du panafricanisme.

Les partisans de Simone Gbagbo veulent-ils mesurer la popularité de l’ex première dame afin de s’en servir comme argument de défense ? Ils n’ont pas osé le dire se bornant à déclarer « Simone Gbagbo n’a pas besoin de nous pour démontrer sa popularité ».

Djè Lou et ses camarades n’ont pas pour l’instant le courage d’assumer leur volonté de voir Simone comme leader d’un nouveau parti qu’ils voudraient voir émerger. Or c’est là que les attend l’opinion qui n’est pas dupe. Tous les médias ont déjà leur idée là-dessus et n’attendent que le jour et le lieu où Simone va annoncer la tenue de son congrès.

Sinon à la vérité, le discours sur une Côte d’ivoire des valeurs traverse toute la sphère politique ivoirienne. Il n’est pas celui d’un camp. Chacun lutte selon sa vision pour l’avènement d’une Côte d’ivoire des valeurs. Simone Gbagbo ne saurait être l’unique icône politique porter ce discours, fut-elle une ancienne première dame.

Quand ce qui est perceptible ne s’énonce pas clairement et qu’on cherche ses mots pour échapper à l’évidence, il est clair que la mobilisation autour de ce projet de l’ancienne députée d’Abobo sera plombée par son manque de clarté et d’opiniâtreté. Surtout que les porteurs du mouvement n’ont pas une crédibilité antérieure manifeste pour emballer des masses. A moins de surfer sur un rejet de Nady Bamba qui serait, selon une opinion, l’origine des malheurs de l’ex première dame.

Pour sûr, ils sont nombreux qui soutiennent Simone non pas parce qu’elle est porteuse d’un discours « idéologique » nouveau, mais tout simplement parce qu’ils ne supporteraient pas la liaison Gbagbo-Nady. Mais si l’on retourne en arrière dans le temps, les partisans de Simone Ehivet reprochent principalement à Laurent Gbagbo le fait d’avoir écarté Simone la Nr 2 du parti, une fois le décès de Sangaré constaté.  En lieu et place Laurent Gbagbo est accusé d’avoir donné les pleins pouvoirs au secrétariat général dirigé par Assoa Adou pour contourner celle qui est toujours officiellement son épouse. « Laurent a peur de Simone », selon ces « insiders » déçus par le jeu de chaises au détriment de la native de Moossou après la disparition de Sangaré.

Tous ces militants et sympathisants trouveraient ainsi leur consolation dans le fait que Simone lance un parti pour se dresser contre Gbagbo et Nady. Mais une telle posture ne saurait être forcément productive. Bâtir sur la simple haine de l’autre n’a pas beaucoup de chances de prospérer.

C’est pourquoi, au lieu d’avancer à pas masqués, Simone gagnerait à s’autodéterminer clairement pour mettre à l’aise tout le monde. Sinon pour l’instant Gbagbo a le mérite d’être cohérent sur sa trajectoire depuis son retour à travers ses choix courageux. Il a dit qu’il mettait fin à sa relation avec Simone, il l’a énoncé clairement à travers ses avocats. Il a dit qu’il retournait à l’église catholique et il s’est présenté devant l’autorité de cette congrégation religieuse. Il a dit qu’il rompait avec Affi pour créer un nouveau parti. Il est à l’œuvre et le vent lui est pour le moment favorable.

Simone doit éclairer sa conduite sinon ce qu’il nous est donné de voir n’augure rien de probant.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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