Le Premier ministre haïtien Ariel Henry a limogé le procureur général du pays après que la justice l’ait identifié comme une des personnes «présumées» impliquées dans l’assassinat du président Jovenel Moïse.
Selon le procureur Bed-Ford Claude, les relevés téléphoniques montrent qu’Henry a téléphoné au cerveau présumé de l’assassinat pendant quelques minutes dans les heures qui ont suivi le meurtre.
Le Commissaire du gouvernement comme on l’appelle en Haiti, a dans une lettre adressée au tribunal de première instance de Port-au-Prince, indiqué qu’il « existe suffisamment d’éléments compromettants qui forment sa conviction sur l’opportunité de poursuivre Monsieur Henry et de demander son inculpation pure et simple ».
Dans une seconde lettre envoyée au directeur de l’administration migratoire, le commissaire du gouvernement justifie l’interdiction demandée de sortie à l’encontre d’Ariel Henry « pour des présomptions graves d’assassinat sur le président de la République ».
Moïse a été assassiné à son domicile de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, début juillet. Plus de 40 suspects ont été arrêtés, dont 18 vétérans colombiens. Le principal suspect est Joseph Felix Badio, un ancien cadre au ministère de la Justice jusqu’en mai de cette année. Ce dernier aurait planifié et financé l’assassinat. Il a depuis fuit le pays. Certains le disent caché en République Dominicaine voisine.
Henry, nommé Premier ministre la veille du meurtre de Moïse, avait été appelé par le procureur au tribunal afin d’expliquer son contact téléphonique avec Félix dans les heures qui ont suivi l’assaut contre la résidence de Moise.
Très remonté le Premier Ministre parle d’une « tactique de distraction » qui aiderait les vrais coupables à échapper à leurs peines.
« Le procureur est menacé »
Le Premier ministre a été informé hier qu’il n’était plus autorisé à quitter le pays en raison de soupçons d’implication dans le meurtre.
Quelques heures plus tard, Henry a envoyé une lettre au procureur Claude indiquant qu’il avait été démis de ses fonctions.
Il n’est pas clair si un Premier ministre est réellement en mesure de limoger un procureur en Haïti.
Selon plusieurs juristes haïtiens, seul le Président de la République a ce pouvoir que le PM nommé par le President de la République n’a pas. Encore que cette prérogative du président de la République est soumise à des procédures strictes dans son application.
«Un président inculpé ne peut plus démettre le procureur qui l’a inculpé. Un Premier ministre ne peut démettre un seul procureur dans ce pays. Il s’agit d’un abus de pouvoir», nous a indiqué un avocat interrogé à Port-au-Prince.
Connectionivoirienne/Sylvie Kouamé
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