Le projet Adoukro ville nouvelle verra-t-il enfin le jour ? Son promoteur veut y croire. Cependant force est de constater qu’il est fortement contrarié dans sa réalisation par des riverains hostiles qui empêchent chaque fois le mouvement des machines.
Et c’est pour expliquer les tenants de cette affaire que Edouard Oda, directeur général de la Société générale d’investissement et de réalisation (Sgir) a donné une conférence de presse le lundi 6 septembre 2021 à la Riviera Golf au siège de sa société dédiée à ce projet.
« Adoukro ville nouvelle » est un projet gigantesque et futuriste selon la présentation qui en a été faite et qui doit avaler au moins 2.322 ha de terre sur le littoral à Jacqueville. Il comprend toutes les commodités qui, si elles étaient réalisées feraient de cette localité l’endroit le plus merveilleux de Côte d’ivoire. Mais la superficie des terres à occuper est à l’origine de toutes les tensions depuis quelques années maintenant.
Pourtant M. Oda reste convaincu que toutes les procédures administratives et les autorisations nécessaires ont été faites pour réaliser les investissements attendus. Il atteste même que ce projet est inclus dans le schéma directeur du Grand Abidjan.
Mais alors qu’est-ce qui bloque pour que le vendredi 3 septembre 2021, un contingent de 200 gendarmes très déterminé mette fin à une tentative de déguerpissement enclenchée par le promoteur ?
M. Oda veut y voir des mains manipulatrices et hostiles. Il accuse notamment le maire de Jacqueville, actuel Pca de Petroci, Beugré Joachim. « Vendredi dernier (3 septembre) alors que nous avions une réquisition du procureur, des gendarmes sont venus arrêter les travaux de déguerpissement. Nous avons fait toutes les démarches pour chercher des financements pour ce projet. Nous avons compris qui est à la base (du blocage). Depuis 2015, nous sommes confrontés par Beugré Joachim qui n’a aucun droit sur ce projet. Alors qu’il est un exécutant des ordres de la hiérarchie, il s’oppose aux injonctions de l’administration », charge M. Oda.
Le nœud du problème demeure la paternité des terres. Si pour Oda Edouard ces terres sont le patrimoine de ses parents maternels d’Adoukro, pour Beugré Joachim et la plupart des gens hostiles, ces terres ne sont ni une possession du village d’Adoukro encore moins une propriété de M. Oda. Ce dernier aurait même fait l’objet d’une condamnation du tribunal de Dabou en 2015 pour faux et usage de faux. Quant au village d’Adoukro, il est érigé en 2007. Il n’était qu’un campement de pêcheurs avant le 9 mars 2007. Comment un campement peut-il réclamer des terres, se demandent certains autochtones.
Tout compte fait, le blocage est observé après procès et démarches auprès de l’administration foncière. Edouard Oda en appelle maintenant à l’intervention du chef de l’état Alassane Ouattara. « Nous sommes fatigués. Nous en appelons au Chef de l’état pour voir ce qu’il se passe à Adoukro. Beugré est-il au-dessus du président de la République ? », proteste le promoteur qui dit avoir introduit une plainte contre le maire de Jacqueville pour « obstruction à une décision de justice », notamment un arrêt de la cour suprême.
Joachim Beugré qui n’entend pas se laisser conter, engage lui aussi la contre-offensive dans une conférence de presse qu’il co-organise ce vendredi 10 septembre avec des chefs de terre et de villages à Sassako. Mais sa ligne de défense était déjà connue. A savoir que M. Oda est un faussaire et que les terres querellées ne sont pas le patrimoine d’Adoukro.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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