Belmondo, la disparition d’une star française
La France va rendre un hommage national à Jean-Paul Belmondo, jeudi 9 septembre, aux Invalides, a annoncé mardi l’Elysée à l’Agence France-Presse (AFP). L’acteur, mort lundi à l’âge de 88 ans, était l’une des figures les plus populaires du septième art, avec à son actif 80 films, des films d’action aux plus belles heures du cinéma d’auteur. Il avait été hospitalisé en début d’année pour une fatigue générale.
Inoubliable dans « A bout de souffle », « L’As des as », « Un singe en hiver », acteur parmi les plus populaires, « Bébel » a commencé avec Godard et la Nouvelle Vague avant de prendre le virage de la comédie et du film d’action. Avec plus de 80 films en soixante ans de carrière, il est mort lundi à Paris, à l’âge de 88 ans.
Par Jean-Michel Frodon
« Oh le petit con », disait Marianne, qui lui reprochait de rouler droit. Alors Ferdinand, dit « Pierrot », faisait une embardée et entrait dans la mer avec le soleil. Mais des embardées, Jean-Paul Belmondo n’en aura finalement guère fait, dans une carrière paradoxalement brillante et sage, bien que commencée sous le signe de la rébellion. Grande gueule et séducteur, héros à l’apparence de M. Tout-le-monde capable de réconcilier comédie et film d’action, seul véritable héritier de Jean Gabin (celui du Quai des brumes comme celui du Pacha), il aura durant près de soixante ans offert au cinéma français de genre un corps, une trogne et une voix – une présence sans équivalent. Jean-Paul Belmondo est mort à 88 ans à son domicile à Paris, a annoncé sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse par leur avocat, Michel Godest.
« Il était très fatigué depuis quelque temps. Il s’est éteint tranquillement », dit ce communiqué.
Né à Neuilly-sur-Seine le 9 avril 1933, il était le fils d’une artiste peintre et du sculpteur Paul Belmondo, dont toute sa vie il défendra passionnément l’œuvre. Elève turbulent, adolescent plus amateur de sport (la boxe, qu’il pratiquera longtemps, et le football) que d’études, il est attiré par la scène, joue en amateur dès 1950, prépare chez Raymond Girard l’entrée au Conservatoire, où il est admis en octobre 1952. Formé par Pierre Dux, il en sort cinq ans plus tard, peu apprécié du jury mais adoré par des camarades qui ont pour nom Jean-Pierre Marielle, Claude Rich, Jean Rochefort, Bruno Cremer, Françoise Fabian ou Pierre Vernier. Il débute par des seconds rôles alimentaires au cinéma, ne vise en réalité que le théâtre, où il connaît un premier succès dans Oscar, aux côtés de Pierre Mondy, en 1958.
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Son talent est aussi repéré par un jeune critique des Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard, qui prépare son passage à la mise en scène en tournant des courts-métrages, Belmondo est l’acteur principal de Charlotte et son jules. Mais le jeune acteur doit interrompre sa participation à Oscar, ne peut non plus postsynchroniser son rôle dans le court-métrage de Godard, qui s’en charge lui-même : à l’écran, Belmondo parle avec l’accent vaudois, ce qui lui vaudra d’être refusé par Jacques Becker pour Le Trou, parce qu’il n’aimait pas « sa » voix.
Il doit partir soldat en Algérie, il n’y reste que quatre mois. A son retour, il interprète Trésor Party au théâtre, sans grand succès, croise Godard sur les Champs-Elysées qui lui dit : « Fonce chez les frères Hakim [deux des principaux producteurs parisiens d’alors], il y a un rôle pour toi. » Le jeune homme décline la proposition, dit qu’il ne veut plus faire de cinéma, « c’est trop con » .
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Lemonde.fr
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