La presse guinéenne n’a pas été tendre ces derniers jours avec les autorités ivoiriennes après le faux cas d’ébola, diagnostiqué selon Abidjan sur une jeune guinéenne de 18 ans, arrivée par la route en Côte-d’Ivoire.
Les médias guinéens reprochent surtout aux autorités ivoiriennes leur refus de recevoir des médecins guinéens pour une analyse plus approfondie des échantillons prélevés sur la jeune fille. Plusieurs confrontée au virus ébola, la Guinée possède une expertise pratique plus poussée que la Côte-d’Ivoire.
Prenant le contre-pieds, les autorités guinéennes n’ont pas souhaité suivre la presse locale dans son réquisitoire contre le voisin ivoirien. En effet, s’exprimant récemment sur cette affaire rocambolesque, le Dr. Sakoba Kéita, directeur de l’ANSS (Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire) a préféré jouer balle à terre car ce qui unit les deux pays est plus fort que ce qui les divise.
Hervé Coulibaly
«L’erreur est humaine… Nous comprenons les autorités de la Côte d’Ivoire » (Dr. Sakoba Keita)
L’OMS (Organisation mondiale de la santé), a estimé, après de nouvelles analyses, que la patiente guinéenne déclarée positive à la maladie à virus ébola (le 14 août dernier ) par la Côte d’Ivoire, n’a nullement été atteinte par ladite maladie.
Réagissant à cette nouvelle, Dr. Sakoba Keita, directeur de l’ANSS (Agence nationale de la sécurité sanitaire) est revenu sur l’affaire.
« A notre fort étonnement, la fille a évolué très rapidement, mais aussi elle s’est rétablie très vite. Et voyant notre expérience avec 3544 cas d’ébola lors de la première épidémie, avec 2500 et quelques décès… On s’est dit que cette évolution est inhabituelle. Donc c’est en voulant connaitre mieux sur le cas que la Guinée aussi a émis son étonnement, pour dire que c’est un cas atypique qui mérite d’être approfondi, pour la manifestation de la vérité scientifique. C’est dans cet exercice que le ministre de la Santé a adressé une lettre au représentant de l’OMS pour solliciter une reconfirmation dans un laboratoire tiers. Ce qui a été fait », a expliqué le patron de l’ANSS.
D’autres arguments forts qui, selon lui, ont poussé les autorités guinéennes à aller dans ce sens sont entre autres : « Labé n’a jamais enregistré de cas d’ébola. Et il n’y a pas eu de cas parmi les contacts [de la jeune fille déclarée positive à ébola par les autorités sanitaires ivoiriennes] ni à Labé, ni parmi ceux qui l’ont accompagnée et ceux qui l’ont reçue. Et en plus, quand on nous a donné le résultat du labo-première, nous on doutait déjà de cela. Du coup on a envoyé ça au laboratoire de Lyon (France) dont la Guinée à confiance et la Côte d’Ivoire aussi et le résultat est tombé. »
« Par rapport à cette situation, poursuit-il, les autorités sanitaires après concertation avec le ministère de la Santé, nous avons demandé à tous nos collaborateurs et surtout la presse de mettre la balle à terre. L’erreur est humaine… et la maladie qui crée beaucoup plus d’émotion au niveau mondial aujourd’hui, c’est ébola. Parce que son taux de mortalité est très élevé, cela fait peur à la Côte d’Ivoire surtout que le pays n’a jamais vécu cette maladie. Nous, nous comprenons les autorités de la Côte d’Ivoire ».
Et d’ajouter « Nous pensons que ce n’est pas le moment de dire qui a gagné ou qui a perdu. Ce n’est pas un match de football. En matière de santé, il n’y a pas de match, on se complète et on apprend ensemble ».
Dr. Sakoba a par ailleurs souligné qu’il est prévu qu’une délégation des autorités sanitaires se rende dans la famille de la jeune fille pour « expliquer ce qui s’est passé et également présenté des excuses à la famille. Et nous allons également intervenir auprès de notre ambassade pour qu’une délégation soit aussi formée en Côte d’Ivoire pour faire la même chose dans la famille qui est là-bas et même des ressortissants guinéens qui ont été victimes de stigmatisation là-bas ».
Pour sa part, Pr. George Alfred Kizerbo, représentant pays de l’OMS a salué le respect du règlement sanitaire international par les deux pays dans cette affaire. « La demande faite par la Guinée est tout à fait en ligne avec le règlement sanitaire internationale. Il est demandé à un pays qui fait une déclaration de s’assurer que les centres d’excellence dans le domaine en particulier les maladies à virus hémorragique, sont saisis pour une triangulation et une confirmation définitive… Les autorités ivoiriennes, ce qu’elles ont fait est aussi en ligne avec les règlements sanitaires. Quand on peut décaler un cas, on peut aussi déclarer un non-cas », a-t-il fait savoir.
Mohamed Soumah pour Guinee7.com
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