Je me suis longtemps demandé s’il fallait publier ce texte et je suis arrivé à la conclusion, sans équivoque, que me taire nuirait davantage au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) dans une région de la Côte d’Ivoire que nous sommes convenus d’appeler le « V baoulé ». L’avenir et le rayonnement du RHDP priment totalement sur nos petits secrets familiaux prenant leurs plis dans nos accointances limbiques. Il s’agit de l’avenir de notre cher pays la Côte d’Ivoire, et nous sommes actuellement dans un virage particulièrement sensible.
Ce texte est aussi guidé par une volonté de clarification et de rupture face à la posture idéologique ambiguë du Président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio, à un moment où toute la Côte d’Ivoire attend une décrispation de la vie politique, à un moment où le Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, a décidé, lui-même, de tendre la main à tous les acteurs de la vie politique. En pareilles circonstances, nous attendons une congruence d’actions chez tous les acteurs, et non des sorties inopportunes justifiant encore les raisons d’une adhésion au RHDP ; à moins qu’il s’agisse d’une adhésion qu’en août 2021. Dans ce contexte, les sorties hasardeuses sont de nature à fragiliser le dialogue que le Premier Ministre Patrick Achi est chargé de conduire avec le PDCI-RDA.
Le V Baoulé continue encore de bruire des saillies de Jeannot Ahoussou de ce mois d’août 2021. La presse et les réseaux sociaux s’en sont fait l’écho. En effet, devant les cadres de l’Association des Cadres du Centre pour le Développement-RHDP (ACCD-RHDP), le mardi 10 août, puis en présence de « ses parents » de Raviart, le jeudi 12 août, son propos a essentiellement suivi deux directions : la légitimation du Président Alassane OUATTARA et des mots contre le PDCI et son responsable.
Une autre analyse permet de comprendre ces paroles de circonstances et l’auto-promotion à rebours qu’elles contiennent.
De prime abord, j’aimerais rappeler que le peuple de Côte d’Ivoire dans Sa majorité a voté le candidat Alassane OUATTARA lors des élections présidentielles du 31 octobre 2020. Ce vote, malgré les incidents constatés dans le V baoulé, fait du Président Alassane OUATTARA le président légitimement élu de toute la Côte d’Ivoire, car son élection a été « consacrée par la loi et reconnue conforme au droit ». Tout propos qui ignore cette réalité et qui veut voler au secours de la légitimité du Président Alassane OUATTARA n’est qu’auto-promotion. Venant de Jeannot Ahoussou KOUADIO, il n’est pas impossible de trouver dans cette sortie l’aboutissement de quelques calculs personnels pour se légitimer lui-même, et non le Président Alassane OUATTARA qui a été élu brillamment à 94,27% des voix avec un taux de participation de 53,99%. On dira qu’Ahoussou a produit une déclaration post-vote ! Mais elle aurait eu plus de sens si elle avait été courageusement produite avant pour contenir le Conseil National de Transition (CNT). Que l’opposition ait manifesté, c’est ce que veut la démocratie. Ce que les Ivoiriennes et les Ivoiriens ont plutôt condamné, déploré et critiqué, ce sont les violences et les projets qu’elle couvait : renverser le Président élu. C’est donc le vote massif du peuple ivoirien qui légitime aujourd’hui le Président Alassane OUATTARA.
Le choix du siège de l’ACCD n’est pas anodin. Il faut rappeler que cette association est née en réponse à l’Association des Elus et Cadres du Grand Centre (AECGC), naguère dirigée par Ahoussou et dont il a été éjecté dès son adhésion au RHDP et aujourd’hui dirigée par les cadres du PDCI.
Devant les réactions suscitées par ces propos dont on cherche encore la pertinence, le 12 août 2021, Jeannot Ahoussou a remis le couvert, cette fois devant ses « parents » de Raviart. Changeant de fusil d’épaule, et dans une rhétorique sans grande lumière, il s’est attaqué au PDCI en général et à son leader, le Président Bédié, en particulier : « Si je suis parti du PDCI et de chez Bédié, j’ai mes raisons, car j’étais l’un des plus grands défenseurs de ce parti. Bédié s’est fait humilié (…) Si tu as un mauvais compagnon, tu deviendras mauvais (…) » Ma question : au moment où la configuration politique de notre pays se refait, est-ce le moment pour pourfendre le Président Bédié et le PDCI ? Il lance même une fatwa : « Le PDCI est devenu un parti dépassé, un fétiche ancien qui va se fragmenter davantage bientôt comme le FPI ». Joie morganatique que celle-là qui montre bien que Jeannot Ahoussou règle ses comptes personnels au lieu de penser au RHDP qui reste un parti ouvert à toutes les tendances et à tous. C’est bien le sens de la main que le Président Alassane OUATTARA tend à son aîné Bédié pour ramener la paix et construire la Côte d’Ivoire. Nous avons besoin du PDCI, de Bédié et de tous nos frères qui sont restés fidèles à ce parti. Nous avons également besoin de l’UDPCI, du MFA et de tous les partis politiques qui appartiennent à la même matrice houphouëtiste, véritable force d’une Côte d’Ivoire rassemblée. Nul n’ignore la gêne que votre alliance avec le FPI-GOR vous procure au quotidien. Tant leurs « coutumes » sont aux antipodes des « humanités » du PDCI. A titre illustratif, les propos dénués de maturité politique de Damana Pickass, de retour d’exil, qui a choisi ce lieu de lubricité qu’est le Bar Eclat pour sa première sortie. Dès l’entame de la vidéo, un regard furtif sur le décor m’avait déjà convaincu que rien de bon ne sortirait de sa prise de parole. Le mentor lui-même a réussi l’exploit de transformer un retour triomphal et historique en une vulgaire scène de ménage.
Il appartient au PDCI de saisir cette main tendue, après une analyse froide. Si la politique est la saine appréciation de la réalité, alors le PDCI saura reconnaître que le Président Alassane est entièrement engagé à recréer les conditions d’une paix durable. Le retour massif des exilés, la liberté de jouir de leurs droits, la libération des prisonniers… sont des actions qui doivent être consolidées par des ententes au sommet. Ne faites pas attention aux propos inopportuns d’Ahoussou. Nous savons que le rapprochement entre les Présidents Bédié et Ouattara est une torture et un drame sans fin pour certains. Militants du PDCI-RDA, vous avez été frustrés et meurtris. Cependant, ne refusez pas la main tendue du Président Ouattara. C’est la main de la sagesse, de la paix, de la stabilité, de la force bienveillante… la main de l’émergence. Regardez comment il a transformé la Côte d’Ivoire en dix ans avec sa compétence et son beau sourire éclatant ! Ne considérez pas la main tendue de Ouattara comme une faiblesse ou de la peur. Ce serait une grave erreur, car Ouattara est une force tranquille et une sérénité à toutes épreuves. Au RHDP, nous avons conscience de notre force à tous les niveaux. 2020 vous aura démontré que même seuls contre tous, nous pouvons relever tous les défis. Lors des législatives de 2021, Bouaké, Diabo et Yamoussoukro sont tombées aux mains du RHDP, malgré les effets pervers du boycott actif. D’autres villes suivront. Inéluctablement. Sachez que nous devons impérativement nous remettre ensemble pour réaliser le rêve de Félix Houphouët-Boigny. Montrons-nous dignes de cet apôtre de la paix. Demandons-nous ce qu’il aurait fait en pareilles circonstances. Houphouët-Boigny aurait-il refusé cette main tendue ? Je voudrais inviter chacun à une profonde introspection pour trouver la réponse à cette interrogation !
En définitive, retenons que la sortie de Jeannot Ahoussou Kouadio ne cherche ni à légitimer le Président Alassane OUATTARA, président légal et légitime, ni à défendre le RHDP contre le PDCI. Son propos anachronique et sa sortie de route trahissent la volonté d’auto-légitimation d’un homme usagé, usité et usé qui a perdu toute crédibilité dans le V baoulé. Et c’est bien dommage ! Il est donc salutaire pour le RHDP de se désolidariser rapidement de tels propos. Le Président Alassane OUATTARA est bien élu. Il dirige le pays avec réussite et il prépare son parti et ses alliés pour 2025.
Brice Kouassi
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