La nouvelle ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, Mariatou Koné veut redonner à l’école ivoirienne ses lettres de noblesse. Elle a lancé le vaste chantier des états généraux de l’école censés trouver des solutions idoines à la décrépitude actuelle. Mais déjà en 1985, le Conseil économique et social s’y était mis. C’est ce que révèle cette contribution
De la contribution du Conseil économique et social aux états généraux de l’éducation ivoirienne en 1985
Des États Généraux ont été organisés en 1985. A l’époque, le CES a apporté sa contribution à la réflexion collective. En la contextualisant, la contribution du CES est un apport intéressant pour cette nouvelle réflexion collective actuelle sur l’école.
Déjà, à cette époque certains problèmes actuels du système éducatif ont été identifiés par le CES:
– la maîtrise des flux
– les coûts
– l’adéquation formation/emploi
– l’adéquation de l’éducation aux réalités africaines
– le rééquilibrage du système
– la planification
Voici quelques analyses faites par le CES relatives aux problèmes déjà en 1985, qui de mon point de vue restent d’actualité:
– Goulot d’étranglement à l’entrée en classe de 6è et en classe de seconde ;
– Faiblesse des rendements internes restent : durée anormale des élèves dans les études primaires et dans le premier cycle du secondaire, faible taux de passage du CP1 au CM2 et de la 6è en 3è ;
– Coût important de l’école ivoirienne sur les finances publiques et sur le budget des ménages ;
– Désajustement entre les sorties du système éducatif et le marché de l’emploi : rupture entre l’école et la vie; beaucoup de laissés-pour-compte, les jeunes formés n’arrivent pas à s’insérer dans le système productif, les élèves ne sont pas préparés à affronter le monde qui les entoure et l’enseignement n’est pas adapté aux réalités du territoire ;
– Inadaptation des filières de formation au contexte national : déséquilibre avec les secteurs porteurs ;
– Planification non rigoureuse.
Concernant les propositions de solution, le CES a indiqué « l’on ne peut pas continuer à colmater les brèches du système éducatif sous peine d’engloutir les richesses nationales dans un tonneau sans fond.
Il faut opérer une rupture avec le passé pour trouver des solutions hardies et innovatrices…LES CHOIX A FAIRE SUPPOSENT DONC UNE RUPTURE AVEC LE PASSE, RUPTURE QUI IMPLIQUE UN CHANGEMENT PROFOND DES MENTALITES ET UN CHANGEMENT DE SOCIETE…».
Parmi les propositions d’action :
– Agir sur les mentalités par le renforcement de la connaissance des Institutions, l’élévation du degré de patriotisme des jeunes et la prise de conscience collective du fait national : l’ivoirien doit apprendre à se prendre en charge lui-même et être conscient qu’il est dans un monde en perpétuelle mutation ;
– Réorienter de manière courageuse l’enseignement vers le secteur informel, le secteur artisanal avec une organisation rigoureuse : création de filières nouvelles, déploiement de pédagogie nouvelle ;
– Mettre en œuvre des moyens pour éviter le déracinement des jeunes en restant ouvert sur l’Afrique et le monde: confection de manuels adaptés et stables, pédagogie qui prend en compte le passé historique du peuple ivoirien et son environnement propre, collaboration étroite entre l’école et le monde du travail;
– Améliorer la qualité des formateurs et leur conditions de travail à travers une déontologie qui prend en compte leur santé intellectuelle et la morale du citoyen ;
– Coordonner les actions de formation et les actions de placement sur le marché de l’emploi : faire interagir les deux systèmes de manière fluide et transparente.
Les mutations du monde nous obligent à une nouvelle conception de notre système éducatif en prenant en compte ce qu’il y a de meilleur dans ce que la Nation a déjà bâti, ce qu’il y a de meilleur dans ce que la Nation s’est déjà dotée en restant ouvert sur l’Afrique et le Monde.
Franck Assi
Consultant
Source: Conseil Économique et Social – Première session ordinaire 1985 – Les États Généraux de l’Éducation
Photo: Le Professeur Marietou Koné avec l’ex Ministre de l’éducation nationale de 1971 à 1983, Paul Akoto Yao
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