Kouassi Ferdinand dit Watchard Kedjebo est secrétaire général de Concorde, parti membre du Rhdp. Ce cadre du Rhdp dans cette interview se prononce sans faux-fuyant sur tous les grands sujets du moment et invite l’ensemble des ivoiriens à privilégier l’intérêt national au profit des calculs politiciens.
Watchard Kedjebo tout feu tout flamme
Ancien membre de la galaxie patriotique sous Laurent Gbagbo, vous êtes réfugiés au Ghana voisin mais vous avez regagné votre pays dès la main tendue du nouveau pouvoir en place. Pourquoi aviez-vous très tôt opté pour un retour au bercail ?
Watchard Kedjebo:
La première réponse que je voudrais apporter c’est que l’exil n’est pas une bonne chose. J’ai vu des camps de réfugiés au Ghana et les conditions difficiles dans lesquelles vivaient mes compatriotes et j’en suis venu à la conclusion que même à mon pire ennemi je ne souhaite pas l’exil. On ne vit que mieux chez soi. La 2ème réponse c’est que je n’ai jamais douté de la main tendue du président Ouattara. Le président Ouattara depuis sa prise du pouvoir n’a cessé de multiplier des actes de paix.
Vos amis d’alors n’avaient pas compris ce choix et vous taxaient même d’avoir abandonné la lutte. Avec le temps et du recul qu’est-ce que vous pouvez leur dire aujourd’hui ?
Watchard Kedjebo:
Je vais simplement dire que le temps a fini par nous donner raison. Vous savez, la politique, c’est avant tout l’art de l’anticipation. Nous avons très tôt compris qu’aucun piège ne se cachait derrière la main tendue du président Ouattara et nous l’avons saisie. Nous sommes rentrés et nous avons pris notre place dans la reconstruction post-crise. Nous sommes heureux aujourd’hui que tous nos amis qui nous taxaient hier d’avoir abandonné la lutte aient finalement compris et sont aussi rentrés au nom de la même main tendue. Ils ont fini par nous donner raison que nous avions fait le bon choix d’être rentrés au bercail pour apporter notre contribution à construction de notre pays. C’est pour vous dire que le plus important ce n’est pas ce que les autres pensent de notre démarche mais ce que nous-mêmes jugeons bien pour nous-mêmes et pour notre pays. Nous pensons avoir fait le bon choix. Nous encourageons tous ceux qui sont encore septiques à regagner le pays. Contrairement à ceux qui pensent que l’exil est posture de combat nous voulons leur dire que l’exil n’est pas un projet de société. C’est le lieu de remercier madame la ministre Koné Mariatou la marraine de notre retour. Le pays nous appelle chacun à son humble niveau. Car, c’est ensemble que nous arriverons à bâtir un grand pays. Regardez comment le président Ouattara et l’ensemble du gouvernement se sont impliqués pour retour de l’ex-président Laurent. Ce dernier est rentré et vaque tranquillement à ses activités politiques.
Comment s’est passée votre réintégration à votre retour? Les autorités avaient-elles tenu parole?
Watchard Kedjebo:
A ce sujet, je suis resté très amer, car n’étant un fonctionnaire, notre situation n’a pas été traitée et cela a développé en nous des sentiments de frustration. Lorsque par exemple le ministre Alcide Djédjé m’avait proposé au conseil économique et social, là encore c’était une désillusion. En face, les moqueries des amis d’hier. C’est le lieu de remercier le ministre Alcide Djédjé pour son soutien sans faille pendant ces moments difficiles que nous avons traversés.
Dans une déclaration faite par vos soins, vous annonciez votre engagement auprès du ministre Alcide Djédjé qui venait de créer un parti politique (concorde). Pourquoi avoir fait ce choix ? Et dites-nous la place que vous revendiquez aujourd’hui sur l’échiquier national.
Watchard Kedjebo:
le ministre Alcide Djédjé est un homme modéré doté d’un sens très élevé de l’État. C’est un homme aux qualités exquises, un diplomate hors pair. Il connaît parfaitement les codes de la diplomatie mondiale, c’est un homme de reseaux, il a une parfaite maîtrise de l’évolution du monde. C’est un grand serviteur de l’état qui bien que ancien ministre du pouvoir Gbagbo a décidé de mettre toute son expertise au service de son pays. Sa vision pour la Côte d’ivoire nous a immédiatement convaincu. Nous étions en phase avec les idées et les valeurs qu’il voulait incarner à travers son instrument politique (concorde) qui prone avant tout la paix et le bon ton. Avec Concorde, c’est faire la politique autrement, la politique par la tête et non par l’émotion, la politique qui tient compte des réalités du monde. La politique du developpement par la paix. Aujourd’hui, nous sommes membres à part entière du Rhdp-unifié. Nos bases continuent cependant d’occuper le terrain sur toute l’étendue du territoire national et en dehors du pays. Mais toutes nos actions amplifient sur le terrain la vision du chef de l’Etat. C’est le lieu ici de remercier le ministre Alcide Djédjé pour sa culture d’Homme de paix, pour sa grande vision du développement, pour son sens élevé de l’État.
Très admiratif du chef de l’État Alassane Ouattara, vous ne ratez aucune occasion de vanter les qualités de l’homme. Qu’est-ce qui vous fascine tant chez le président Ouattara ?
Watchard Kedjebo:
le président Ouattara est un grand homme d’état, un visionnaire, un bâtisseur. Son leadership n’est plus à démontrer aussi bien sur notre continent que sur la scène internationale. Ouattara est un chef au sens propre du terme. Il a redonné à la politique toute sa lettre de noblesse, toute sa beauté. Au-delà de notre modeste personne, regardez comment le monde entier lui voue respect, regardez comment des investisseurs se bousculent à nos portes. Le président Ouattara inspire confiance. Regardez comment il a mis le pays en chantier. Regardez comment la paix et la stabilité sont retrouvées sous sa gouvernance. Ouattara c’est le deuxième Houphouet. Il est une chance pour notre pays.
Si vous avez à faire une comparaison entre les différents successeurs à Houphouët, qui est pour vous celui qui incarne au mieux le père fondateur ?
Watchard Kedjebo:
Notre choix est vite fait. Le président Ouattara est de loin celui qui incarne le père de la nation et je pense même que ce n’était sans raison qu’il avait été choisi par ce dernier pour être son 1er premier ministre. Objectivement c’est le seul après Houphouet qui a apporté un plus en terme du développement de notre pays. Il suffit à ce niveau de faire un voyage à travers le pays pour s’en apercevoir : notre réseau routier est impressionnant, l’électrification, l’eau potable, les universités, la sécurité etc sont la marque du président Ouattara. Regardez comment il a transformé Abidjan.
le président Ouattara, c’est le portrait tout craché d’Houphouët-Boigny. C’est le deuxième Houphouet. C’est lui le vrai héritier du père fondateur. Sa gestion du pouvoir d’État est identique à celle d’Houphouët. Il ne désacralise pas le pouvoir. Il inspire respect non seulement de ses compatriotes mais de tous ceux qui nous font l’amitié de vivre chez nous. Ses performances économiques aussi parlent pour lui.
Mais bon nombre d’ivoiriens disent que Ouattara malgré les performances économiques a échoué sur le chantier de la réconciliation. Qu’est-ce que vous leur répondez ?
Watchard Kedjebo:
Vous savez, quand on sort d’une crise comme celle que nous avons connue, le chantier sur lequel les gens sont plus regardant c’est celui de la réconciliation et les gens ont raison. Ils veulent tout de suite des résultats. Mais ce chantier est un long processus. Moi Watchard Kedjebo je suis un fruit de la réconciliation car c’est au nom de la réconciliation que j’ai saisi très tôt la main tendue du président Ouattara. C’est à deux ou à trois qu’on se réconcilie. Cela demande la bonne foi des uns et des autres. Réconciliation ne se décrète pas. Le président Ouattara depuis sa prise de pouvoir en a fait une priorité en témoigne toutes les structures mises en place pour faciliter les choses : Cdvr, Conariv…c’est vrai que les attentes de nos populations en la matière restent encore beaucoup mais force est aussi de reconnaître le président a assez fait et continue de poser des actes afin de réconcilier tous les enfants de notre pays. Le retour des exilés et leur réinsertion est une réalité, la création tout récemment d’un ministère dédié à la réconciliation s’inscrit dans cette logique, l’implication personnelle du chef de l’État pour le retour de Laurent Gbagbo sont des actes concrets de réconciliation qu’il convient de mettre à son actif et qui démontre sa totale disponibilité à aller à la réconciliation. Pour le reste, nous devons tous nous impliqué pour la réconciliation. C’est une affaire de tous et de chacun et non exclusivement du chef de l’Etat. Tous, que nous soyons devons disposer nos coeurs pour la réconciliation et c’est à ce prix que nous allons avoir les résultats escomptés.
L’actualité est marquée par le retour de Laurent Gbagbo en terre ivoirienne. Comment avez-vous vécu la rencontre Gbagbo_Ouattara le 27 juillet dernier au palais de la présidence ?
Watchard Kedjebo:
Personnellement nous avons vécu cette rencontre historique comme un véritable signe d’apaisement et comme la volonté toujours manifestée du président Ouattara à aller à la réconciliation. C’était une rencontre hautement symbolique qui devrait convaincre les plus sceptiques et les extrémistes dans tous les camps sur la nécessité à aller à la réconciliation et à tourner définitivement la page des crises. Les deux personnalités à travers cette rencontre nous ont montré la voie à suivre pour aller à la réconciliation. Nous devons nous approprier cette voie qui conduit à la réconciliation.
Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié réclament un dialogue national inclusif à Ouattara pour une réconciliation vraie. Partagez-vous leur avis ?
Watchard Kedjebo:
Nous sommes surpris par cette réaction inopportune des ces deux anciens présidents. Ce n’est pas une nouvelle invention. Le dialogue qu’ils réclament maintenant a toujours existé sous l’impulsion du président Ouattara qui a instruit ses premiers ministres Ahoussou Jeannot d’abord et ensuite feu Amadou Gon et Ahmed Bakayoko(paix à leurs âmes) qui ont mené avec brio toutes les discussions.
Le président Ouattara comme pour vous rappeler a rencontré en novembre dernier au plus fort de la crise son aîné Henri Konan Bédié et maintenant c’est le président Gbagbo qu’il reçoit. Nous pensons que le décor est planté pour un dialogue entre tous les acteurs. L’houphouetiste Ouattara ne s’est jamais opposé au dialogue bien au contraire.
M. Kedjebo, on vous voit très actif dans votre région(Gblo). Candidat déclaré aux dernières élections législatives, vous avez désisté au profil d’un autre cadre du Rhdp. Pourquoi avez-vous désisté ?
Watchard Kedjebo:
Le Gblo est notre bastion, c’est une zone très importante du V Baoulé. Les attentes de nos populations sont énormes. Partant de ce constat, il était question de quitter les calculs politiciens pour se demander qui d’entre nous les cadres étaient en situation pour apporter des réponses aux attentes de nos populations. Nous avons privilégié les intérêts de nos populations et avons estimé notre aîné Assahoré Konan Jacques pour tout ce qu’il faisait déjà sur le terrain était la personne indiquée autour duquel il fallait fédérer nos énergies et nos intelligences pour offrir le bien-être à nos populations et c’est ce que nous avons fait en nous retirant de la course et nous impliquant totalement dans sa campagne. En plus il était le choix du président Ouattara et par ricochet de notre parti le Rhdp. Il nous fallait aussi obéir à la discipline du parti et c’est ce que nous avons fait. Sa victoire fut comme un plébiscite et c’est mérité pour tout ce qu’il fait non seulement pour notre parti dans ce bastion du pdci mais pour son implication dans le développement de cette zone stratégique du V Baoulé.
Comment vos nombreux partisans et sympathisants ont-ils vécu ce choix et qu’est-ce vous pouvez leur dire aujourd’hui ?
Watchard Kedjebo:
Il était de notre devoir de convaincre nos partisans à privilégier les intérêts de nos populations plutôt que la simple victoire de Watchard Kedjebo à une élection. C’est ce que nous avons fait. Nous nous sommes vite compris et nous pensons que nos partisans sont en phase avec nous. Nous sommes tous désormais aux côtés de notre aîné l’honorable Assahoré Konan Jacques qui fait l’unanimité dans la région.
Comment se passe sur le terrain votre collaboration avec votre partenaire politique le député Assahoré Konan Jacques? Pouvez-vous nous dire que vous avez pris la bonne décision de soutenir sa candidature?
Watchard Kedjebo:
Vous nous donnez l’occasion de saluer notre aîné l’honorable Assahoré Konan Jacques, un grand homme, un fédérateur, un artisan de la paix et de la cohésion, un grand agent de développement. Il fait beaucoup pour notre région. C’est un leader qui a la main sur le coeur. Sur le terrain, il nous associe à tout ce qu’il fait. D’ailleurs, c’était un engagement que nous avions pris devant nos parents. Notre complicité sur le terrain est une source d’inspiration et de bonheur pour nos parents. Nous avons montré par notre choix qu’il est possible de faire la politique autrement. En tout nous sommes désormais dans les pas et dans l’antichambre de notre aîné l’honorable Assahoré pour non seulement convaincre d’avantage nos populations sur la vision de la Côte d’Ivoire solidaire prôné par le chef de l’État mais pour apporter le développement à notre région.
Comment voyez l’horizon politique en Côte d’Ivoire d’ici les prochaines échéances électorales de 2025 ?
Watchard Kedjebo:
Rien n’est figé en politique. Tout est à faire et à refaire. 2025 c’est encore devant. Mais comme nous le disions plus haut, la politique c’est l’art de l’anticipation. Nous au Rhdp, nous sommes déjà au laboratoire pour faire face à tous les défis. Le président Ouattara qui est notre capitaine nous a déjà mis en mission sur le terrain pour vulgariser sa vision de la Côte d’Ivoire solidaire. 2025 sera le temps de faire le bilan de la Côte d’Ivoire solidaire et nous pensons que nous sommes sur la bonne voie.
Que pensez-vous de la crise au Fpi, chez vos anciens compagnons ?
Watchard Kedjebo:
Nous voulons rappeler à toutes fins utiles que nous n’avons jamais milité au front populaire ivoirien. Nous devons toute notre formation politique au Pdci. Nous sommes houphouetiste dans le sang. Pour revenir à votre question, nous constatons avec vous que l’ex-président Laurent Gbagbo et son ancien premier ministre Pascal Affi N’guessan sont à couteau tiré et que Laurent Gbagbo a pris la décision de créer un nouveau parti pour éviter une bataille juridique. Nous pensons que c’est une victoire pour le camp Affi. C’est une victoire de la légalité sur la forfaiture. Laurent Gbagbo ne peut pas soutenir une chose et son contraire. Il doit respecter les textes de son parti. Affi N’guessan est le président légal du front populaire ivoirien. Entre la légalité et la popularité il y a un distinguo. Laurent Gbagbo joui certes d’une popularité mais il n’était pas le président légal du Fpi.
Votre mot de fin
Watchard Kedjebo:
Au regard de tout ce que nous avons évoqué plus haut nous affirmons avec conviction que le président Ouattara mène le navire Ivoire dans la bonne direction. Après Houphouët, c’est Ouattara que Dieu nous a envoyé pour diriger notre pays et il le fait bien.
Interview réalisée par
Emmanuel de Kouassi Connectionivoirienne
dekouassi64@gmail.com
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