Interview réalisée par Germaine Boni
En 9 ans d’existence, quel bilan pour le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (Fafci) ? La Première dame, fondatrice de ce fonds, répond à cette interrogation et annonce de bonnes perspectives pour le bonheur des Ivoiriennes.
Madame la Première dame, quel est le motif de la création d’un fonds de soutien aux femmes de Côte d’Ivoire ?
La création du Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire, Fafci, découle tout d’abord de la promesse électorale de mon époux, le Président Alassane Ouattara, d’aider les Ivoiriennes à avoir des microcrédits pour financer leurs activités. Pour ma part, ayant sillonné de nombreuses localités du Pays avec ma Fondation Children Of Africa depuis 1998, nous avons constaté que très souvent, les femmes contribuent aux charges familiales grâce à de modestes activités. Aussi, dans un premier temps, pour aider nos sœurs défavorisées, nous leur avons fait des dons de vivres ainsi que de matériels et produits agricoles. Mais il m’apparaissait évident qu’un soutien, même indirect de la part de l’État, leur serait salutaire. C’est ainsi que le Président nous a apporté son soutien pour la création du Fafci, à des conditions particulièrement avantageuses pour les adhérentes. Avec un taux réduit de 0.875% par mois sans garantie ni aval, il permet aux Ivoiriennes non éligibles aux financements classiques de bénéficier de microcrédits destinés à créer ou développer des activités génératrices de revenus.
Quel bilan faites-vous de la mise en œuvre du Fafci ?
A ce jour, le bilan du Fafci est positif et j’en suis très satisfaite. Plus de 262 000 bénéficiaires ont reçu une formation et un financement grâce à un capital de 25 milliards de francs Cfa. Ces femmes ont vu leur situation financière s’améliorer. Grace à cet appui financier, des familles entières sont sorties de la précarité.
D’un milliard de FCfa à sa création en 2012, le Fafci est passé à près 25 milliards de FCfa, après 9 années d’exercice. Comment expliquez-vous l’évolution du capital alloué à ce fonds ?
Cette évolution s’explique d’abord par la confiance que le Président de la République accorde aux femmes de Côte d’Ivoire, et ensuite, par le constat fait du taux de remboursement de 98% des prêts qui leur sont alloués. Cela a encouragé le Président à augmenter régulièrement le capital du Fafci.
Enfin, nous avons pu constater que les actions merveilleuses réalisées par nos sœurs avec ces crédits les ont sortis de la pauvreté et les ont rendus autonomes.
Les conditions particulièrement accessibles du Fafci suscitent un réel engouement de leur part. Car, comme vous le savez, nombreuses sont celles qui aspirent à être indépendantes financièrement mais qui ne parviennent pas à obtenir de crédit. Le Fafci est donc une belle opportunité pour elles.
En dehors des prêts, nous leur apportons également des aides directes de vivres et non vivres ainsi que du matériel agricole et des équipements, ce qui leur permet de mener des activités génératrices de revenus dont bénéficient des communautés entières.
En dépit de votre attachement à l’autonomisation des femmes, il en existe qui vivent toujours dans la précarité, quelles solutions préconisez-vous pour stimuler l’entrepreneuriat féminin ?
Il faut retenir que le Fafci est une solution efficace à l’entrepreneuriat féminin. Avec plus de 262 000 femmes financées, il permet à des milliers de familles de vivre au-dessus du seuil de pauvreté. Si l’on compte 5 personnes au minimum par famille, c’est en fait 1 300 000 personnes qui sont concernées. Notre vision étant de permettre à toutes les femmes désireuses de mener une activité génératrice de revenus d’avoir accès à un micro-crédit. Pour sortir de la précarité, nous encourageons donc encore plus de femmes à adhérer au Fafci. Nous avons des crédits disponibles pour elles.
L’accès des femmes aux crédits bancaires est presque impossible, parce que la plupart de leurs activités relèvent du secteur informel, quel est votre appui pour rassurer les banques afin de briser cette barrière faite aux femmes ?
C’est tout le sens du Fafci. Les banques ayant un système de financement qui leur est propre, nous orientons les femmes vers les institutions de microfinances qui, elles, ont vocation à accorder des prêts aux populations à faible revenu. Ainsi, dans sa mise en œuvre, le Fafci s’appuie sur ces Institutions de microfinance (Imf), notamment l’Unacoopec, le Gesci, la Cofina et Ecocred microfinance. Ces institutions partenaires ont généralement une représentation dans la plupart des localités du pays. Elles ont un bon taux de pénétration et font preuve d’une meilleure flexibilité opérationnelle que les banques.
Les échos nous parvenant font état de ce que des bénéficiaires, saluant certes votre action, rencontrent des difficultés à s’acquitter de leurs dettes, y a-t-il des sanctions pour celles qui trainent encore les pas ? ou y a-t-il des mécanismes de pression pour les contraindre à rembourser les crédits pour éviter de léser celles qui frappent à la porte du Fonds ?
Le but premier du Fafci est d’aider les femmes à prospérer. De ce fait, nous nous inscrivons dans une dynamique d’accompagnement plutôt que de répression. Le taux de remboursement étant de 98%, le nombre de femmes présentant des difficultés à rembourser leurs prêts reste très faible. Pour ces cas isolés, nos microfinances partenaires se rapprochent des concernées afin de déterminer leurs difficultés et les aider à y remédier. Et nos sœurs sont formidables, elles mettent un point d’honneur à bien rembourser leurs crédits pour que d’autres puissent en bénéficier.
Il y a aussi le cas des femmes qui sont inscrites, éligibles au projet, qui ont suivi une formation via une micro finance donnée, mais qui sont en attente de financement. Comment expliquez-vous une telle situation ?
Le mécanisme d’étude de dossier est une procédure classique qui peut paraître longue. Cependant, elle est nécessaire pour nous assurer de la viabilité des projets. Je comprends l’impatience de nos sœurs à recevoir leurs prêts et je voudrais les rassurer que nos équipes s’attellent à les satisfaire dans les meilleurs délais. Mais si elles trouvent que le délai leur semble anormalement long, elles peuvent nous le signaler directement en appelant Madame Coulibaly au Cabinet. Nous vérifierons s’il n’y a pas un dysfonctionnement.
La maladie à coronavirus a certainement impacté le bon déroulement des activités du Fafci. Que dites-vous pour rassurer les femmes bénéficiaires ou celles qui manifestent l’envie d’être comptées parmi vos filleules ?
Comme nous le savons tous, le coronavirus a provoqué un chamboulement de l’économie mondiale et nos sœurs bénéficiaires n’y ont pas échappé. Certaines d’entre elles ont connu une baisse considérable de leurs activités. Malgré cette situation, le financement du Fafci ne s’est pas arrêté, bien au contraire. Les bénéficiaires impactées par la Covid-19, ont bénéficié d’un rééchelonnement ou d’un report d’échéance. Dans la période de janvier 2020 à décembre 2020, nous avons mis 17 milliards de francs Cfa au profit de ces bénéficiaires.
A l’occasion de la cérémonie marquant les 9 ans de création du Fafci, le 13 juillet 2021, vous avez annoncé un partenariat prochain entre le Fafci et la Cnps. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, le Fafci ambitionne une collaboration avec d’autres structures dont la Cnps, toute chose qui permettra à nos sœurs d’être couvertes en cas de maladie, d’accident, de maternité ou de vieillesse. Le Directeur général de la Cnps, Monsieur Charles Kouassi, est venu à cet événement nous témoigner sa volonté de sceller ce partenariat pour le bonheur de nos sœurs. Les équipes techniques y travaillent afin que nous puissions signer cette convention.
A vous entendre, Madame la Première dame, l’avenir est très prometteur avec le Fafci pour l’autonomisation des femmes de Côte d’Ivoire…
Effectivement. C’est pourquoi j’encourage toutes nos sœurs qui souhaitent améliorer leurs conditions de vie à adhérer au Fafci. Il faudrait qu’elles regardent les témoignages des 262 000 femmes dont la vie a changé. Le Fafci a été conçu dans cet objectif. Tout est mis en œuvre pour leur permettre d’être financièrement autonomes et épanouies.
Interview réalisée par GERMAINE BONI
Fraternité Matin
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