En France le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti mis en examen «prise illégale d’intérêts»

La mise en examen d’Eric Dupond-Moretti embarrasse les responsables politiques


Le soutien du premier ministre et du chef de l’Etat au garde des sceaux soupçonné de « prise illégale d’intérêts » a fait réagir les oppositions.


Chantres d’une République « exemplaire » et « irréprochable » lorsqu’ils mènent campagne, les chefs d’Etat sont souvent plus indulgents, une fois élus, lorsqu’ils sont placés devant le fait accompli d’un ministre embarrassé par la justice. En mars 2017, à quelques semaines d’une élection marquée par la mise en examen de son rival à droite, François Fillon, Emmanuel Macron affirmait, sur France 2, « dans le principe, un ministre mis en examen doit quitter le gouvernement ».

Mais à la veille de la mise en examen du garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, vendredi 16 juillet, pour « prise illégale d’intérêts », Emmanuel Macron a pris soin de rappeler, en marge d’un déplacement dans les Hautes-Pyrénées, que « le garde des sceaux a les mêmes droits que tous les justiciables. C’est-à-dire, celui de la présomption d’innocence ». Quelques minutes après le coup de tonnerre infligé à l’ancien ténor du barreau, le premier ministre, Jean Castex, précisait qu’il « renouvel[ait] toute sa confiance » au ministre de la justice. « Ce n’est pas à des représentants de syndicats de la magistrature de décider qui est membre ou non d’un gouvernement. Soutien à Eric Dupond-Moretti », tweetait encore Stéphane Séjourné, conseiller du chef de l’Etat.

Dans les rangs de la Macronie, le soutien était unanime envers l’ancienne vedette des prétoires. « Rien ne le détournera de cette mission, et il peut compter sur tout notre soutien », affirmait, sur Twitter, Pieyre-Alexandre Anglade, porte-parole du groupe La République en marche (LRM). « Présomption d’innocence, droit à un procès équitable, instruction à charge et à décharge. Ces principes élémentaires s’appliquent à tous les citoyens, y compris à nos ministres », abondait le député de la Vienne, Sacha Houlié.

« Il y a un souci dans le deux poids, deux mesures »
Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a déjà eu à gérer les démêlés judiciaires de ses ministres, même si aucun, à ce jour, n’avait été mis en examen tout en étant dans l’exercice de ses fonctions. En 2017, alors qu’il vient tout juste d’être nommé ministre de la cohésion des territoires, Richard Ferrand est secoué par des révélations sur « l’affaire des mutuelles de Bretagne ».

Le premier ministre d’alors, Edouard Philippe, affirme, péremptoire, sur RTL : « Un ministre mis en examen, ça démissionne. » Ce qui n’est pas le cas de M. Ferrand, même si celui-ci s’éclipse du gouvernement en juin de la même année. Presque au même moment, François Bayrou, garde des sceaux, est éclaboussé par l’affaire des assistants parlementaires de son parti, le Mouvement démocrate (MoDem). Il annonce alors qu’il ne sera pas du prochain gouvernement d’Edouard Philippe. Il sera mis en examen deux ans plus tard.

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