En attendant que la CPI finisse ses enquêtes et ses procès sur la crise postélectorale de 2010, on peut bien amorcer une véritable réconciliation en Côte d’Ivoire. S’il y a des condamnations, les condamnés nous rejoindront après avoir purgé leurs peines. Ils n’auront pas d’autres choix que de se ranger. Mais alors quel modèle de réconciliation serait-il approprié à la Côte d’Ivoire actuelle? Pour moi la réconciliation passe avant tout par la mise en place d’une nouvelle constitution élaborée et approuvée 12 mois avant les élections d’Octobre 2025 soit en 2024. Il faut moderniser nos manières de gérer nos affaires. On a l’impression que la réconciliation arrange un côté et un autre côté n’en veut pas vraiment. Il n ya que la constitution qui peut nous servir de boussole pour régler nos différends.
On n’a pas besoin de conférence nationale, de forum national, de dialogue national, pas de ministère de réconciliation nationale, etc. Cela donne l’impression que le pays est paralisé et que le pays est en guerre. D’ailleurs on a déjà expérimenté tous ces schémas et on se retrouve toujours à la case de départ. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Vous tous les acteurs politiques vous voulez le même fauteuil présidentiel or ce fauteuil est unique et vous jouez à des jeux d’hypocrites. Celui qui parvient à s’asseoir dans le fauteuil devient le demi Dieu du pays. Tout le monde est à ses chevilles. Il est l’alpha et l’oméga du pays. Il n’a pas de salaire, il prend autant qu’il veut, il a un budget de souveraineté à sa guise, il manipule la constitution à sa guise, il n’a de compte à rendre à qui que ce soit. Il a des pouvoirs illimités, etc. Mettons fin à cette pratique en Afrique car source de nos palabres.
C’est pourquoi je suggère qu’on examine le problème qui nous divise en profondeur. Il nous faut une constitution qui va libérer tout le monde. Une constitution impersonnelle, une constitution dans laquelle les jeux démocratiques sont ouverts. L’objectif ici c’est de réduire au maximum les pouvoirs de l’exécutif, source de conflits, de tensions, de palabres, de guerres mêmes. Il est temps de banaliser un temps soit peu cette fonction présidentielle qui est la source de tous nos malheurs en Afrique. C’est un poste que tout le monde convoite. Les trois partis significatifs du pays FPI, PDCI, et le RDR doivent en 2023 proposer des experts qui vont réécrire la nouvelle constitution un an avant les prochaines élections dont je propose ci-dessous un bref aperçu. Je précise que l’initiative doit venir de l’opposition.
D’abord, inutile de se lancer des pierres du genre on veut une conférence nationale, non on en veut pas, le pays est bien géré etc. Non, quittons dans ça. Cela crée des tensions inutiles. Les partis significatifs de l’opposition doivent négocier avec le pouvoir la mise en place d’une commission d’experts neutres qui doivent sérieusement retravailler notre constitution et la mettre à jour compte tenu du contexte actuel. Le président de la république peut accepter, d’autant plus que son mandat actuel ne sera nullement perturbé. On prépare ainsi 2025 et au-delà pour mettre fin aux palabres interminables. Ceci étant acquis, voici ci-dessous mes propositions pour cette constitution que j’appelle de tous mes vœux.
Le véritable problème en Afrique est que tout le monde veut être président de la République ou à défaut d’ avoir son homme être président. De ce fait, chacun gonfle à fond ses partisans. A voir de près c’est à cause du pouvoir que tout le monde s’excite tant. Mais interrogeons nous pourquoi tout le monde veut être Président? Ceux qui veulent être présidents sont-ils plus intelligents que les autres citoyens? Pourquoi sont-ils si fascinés d’être au pouvoir? N’y a- t-il pas d’autres fonctions à occuper pour servir le pays? Qu’est ce qui attire tant les gens dans cette fonction présidentielle?
Nous avons des constitutions personnelles et écrites avec légèreté qui font la part belle aux chefs de l’Etat en Afrique. C’est le Président qui manipule nos constitutions. Il la respecte quand ça l’arrange, il la rejette quand ça ne l’arrange pas, c’est cela l’Afrique. Nous devons mettre fin à ce genre de pratiques. Il faut donc une constitution impersonnelle, qui ne vise pas quelqu’un en particulier. Il n’y a pas de lois qui satisfassent tout le monde. La loi c’est la loi peu importe même si elle ne nous arrange pas. Il faut l’appliquer. Donc cette constitution doit comprendre des articles très clairs sur ce qui nous divisent tant dans nos pays en Afrique. Par exemple:
Le Président de la République doit avoir un salaire approuvé par tous
Le nombre de mandats présidentiels mentionnés clairement
Le budget de souveraineté doit être supprimé.
Les quelques avantages auxquels le président a droit doivent être connus et approuvés.
Le nombre de départements ministériels doit être connu dans la constitution.
Le président ne doit pas créer selon ses humeurs des départements ministériels
Toute nomination aux hautes fonctions de l’Etat doit passer devant le Sénat pour interrogation sur les qualifications, les compétences, les casiers judiciaires, le passé, la moralité avant que ses nominations ne soient définitives au niveau de l’exécutif.
Les rôles et les responsabilités du Sénat doivent être clairs et précis
Tous les sénateurs doivent être élus et non nommés pour certains et votés pour d’autres.
Pareil pour les députés. Les rôles et responsabilités doivent être mentionnés sont ambiguïtés
Le président de la République peut être démis de ses fonctions à tout moment sans attendre la fin de son mandat pour manquement grave. Exemples: viol de la constitution, favoriser une ethnie au detriment d’autres, la corruption, l’abus de pouvoir, l’usage abusive des forces de l’ordre, les detournements publics, etc.
La procédure pour démettre le chef de l’État doit être précise et approuvée de tous.
Le Chef de l’Etat n’a pas accès et n’a pas la possibilité de manipuler la constitution.
Il ya une procédure approuvée de tous pour proposer un ou des changements dans la constitution
Les points fondamentaux qui touchent aux activités et avantages du président de la République ne doivent pas être touchés.
Il faut équilibrer les pouvoirs des sénateurs, des députés, du judiciaire, la commission électorale, et de l’exécutif
Le parti au pouvoir ne doit plus prendre la RTI en otage. Il faut d’ailleurs la libéraliser
La commission électorale n’est pas l’affaire du président de la république encore moins du gouvernement. Elle doit être autonome au même titre que les autres institutions de l’État avec ses calendriers, ses méthodes de travail. Elle n’a pas à rendre compte à qui que ce soit. Tous ses membres doivent être issus de la société civile sans appartenance politique.
Chaque institution du pays travaille chacune selon ses prérogatives mentionnées dans la constitution. Ces institutions travaillent également en étroite collaboration les unes avec les autres dans le respect de la constitution et les limites imposées à chacune. Ces institutions doivent être indépendantes les unes des autres, plus de primauté de l’exécutif.
Si tout le monde est d’accord sur ce modèle de constitution, alors la réconciliation suivra de fait sans même qu’on la décrète. Tranquillement, on ira aux élections d‘Octobre 2025. Celui que les électeurs pensent qu’il a le meilleur profil, le meilleur programme pour développer le pays gagnera. Celui qui a perdu restera opposant jusqu’aux prochaines élections ainsi de suite. Modernisons nos pensées, nos esprits, nos mentalités afin qu’on puisse avoir un pays moderne et développé, un pays democratique, un pays de droit.
Merci
Dr. Charles Koudou, Administrateur de la Santé, Consultant en Santé et Développement, USA. koudoucharles@gmail.com Fondateur de la société civile Conscience Nationale pour le Développement (CND) www.cnd1.org
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