En Côte-d’Ivoire « réconciliation » en panne « poker menteur » après la rencontre Bédié-Gbagbo (Ferro Bally)

Poker menteur. Après les violences politiques qui ont émaillé son élection controversée, le 31 octobre 2020, pour un troisième mandat, Alassane Ouattara a essayé d’emprunter la voie du « dialogue inclusif » qu’ont suggérée toutes les puissances occidentales.

Le 11 novembre, il rencontrait Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, que l’opposition avait désigné comme le président du Condeil national de transition (CNT, organe mort-né qui ne reconnaissait pas l’élection anticonstitutionnelle de Ouattara).

Et à son investiture, le 14 décembre, il prenait des engagements pour l’apaisement: création d’un ministère de la réconciliation nationale et législatives au premier trimestre 2021 en promettant des concessions politiques.

« J’invite l’ensemble des partis politiques à saisir cette opportunité qui s’offre à tous pour aboutir à la décrispation du climat politique par le dialogue afin de renforcer la paix et la stabilité dans notre pays », a-t-il déclaré.

Le ministère de la Réconciliation nationale a vu le jour, les législatives se sont effectivement tenues au premier trimestre 2021, avec la participation des principaux partis politiques, mais la Côte d’Ivoire attend toujours, dans un contexte de crispation politique, la reconciliation qui est devenue un poker menteur.

La rencontre entre Ouattara et Bédié n’a jamais été renouvelée. Mais l’ancien président de la République et Laurent Gbagbo se sont rapprochés et fument, après des années de discorde, le calumet de la paix.

Les 10 et 11 juillet, le fondateur du FPI a effectué, chez Bédié, « une visite de reconnaissance et de réconciliation ». A l’issue de leur rencontre, ils ont réclamé le dialogue national « pour le retour d’une paix définitive et durable en Côte d’Ivoire ».

Le lendemain, c’est du tac au tac pour montrer que, face aux exigences, du bout des lèvres, de la communauté internationale, Ouattara est en roue libre pour faire la sourde oreille.

Le RHDP, parti au pouvoir, a donc opposé un niet. Son directeur exécutif, Adama Bictogo, a condamné cette revendication jugée superflue. « Le pays n’est pas en crise », justifie-t-il alors que le portefeuille de la réconciliation l’accuse de se rendre coupable de la politique de l’autruche.

Le porte-parole adjoint du parti, Touré Mamadou, lui, soupçonne un cache-sexe: un coup tordu pour renverser le régime actuel afin de le remplacer par une transition politique.

Ainsi, entre pouvoir et opposition, c’est à hue et à dia. Et alors que les acteurs politiques continuent de se regarder en chiens de faïence, le pays se trouve dans l’impasse avec une réconciliation en panne, parce qu’elle apparaît comme un mirage.

M. Bally
Ferro Bally

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