Sylvie Kouamé
Les audits des structures publiques se poursuivront en Côte-d’Ivoire, n’en déplaise à certains cadres de la majorité au pouvoir, en privé, opposés à ces audits.
En effet intervenant hier sur la question, l’ancien juge Épiphane Zoro Bi, actuel ministre de la Promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, est resté catégorique sur la question.
« Les audits en cours dans les structures publiques vont se poursuivre dans le but d’instaurer des dispositifs de conformité anti-corruption et de renforcer la bonne gouvernance », a rappelé le ministre Épiphane Zoro Bi hier, en direction de ceux qui pensent le faire renoncer aux audits en cours.
Plusieurs grosses sociétés d’état sont dans le collimateur des auditeurs, notamment l’ARTCI (régulateur des télécoms) et le FER (fonds d’entretien routier).
Le DG de l’ARTCI, Bilé Diéméléou a profité d’un voyage en France pour ne plus revenir en Côte-d’Ivoire répondre des soupçons qui pèsent contre sa gestion. Dans la foulée il a été suspendu de ses fonctions et remplacé par Sanogo Bassoumarifou, ingénieur des Télécoms,
Laciné Diaby, le DG du FER s’est récemment vu refuser toute sortie du pays tant que l’audit de la structure qu’il gère court toujours. Il est particulièrement soupçonné d’avoir empoché plusieurs milliards de Francs CFA destinés aux paiements des factures de centaines de prestataires. Il est aussi accusé de passer des marchés à des sociétés-écrans appartenant à certains prête-noms qui lui sont proches.
Lamine Coulibaly, le directeur de l’Agence de gestion foncière (Agef), est écroué à la Maca, depuis lundi 14 juin 2021 pour des accusations de malversations et de détournements.
C’est quand même bizarre que ce soit après 10 ans de gestion que tout d’un coup, on se rende compte que DG ont fait des malversations! Il y a de quoi se poser des questions sur la sincérité de ces audits quand même !
SINCERES OU PAS DES AUDITS S IMPOSENT
Keskonsmarre ! Il y a peu, on entendait l’annonce d’un projet de banque de chapelle politique, destinée aux affidés afin de leur permettre de vivre peinards sans risquer le poil qu’ils entretenaient dans la main. A cette occasion, ledit parti avait tancé ses ministres et directeurs généraux qui « se coupaient » de la base et ne faisaient rien pour les militants (entendez qui ne redistribuaient pas).
Oublions un instant le fétichisme des 7 chiffres pour réaliser qu’aujourd’hui, un million de FCFA en Côte d’Ivoire (1.000.000), c’est que dalle : c’est dépensé pour le foyer en même pas 3 jours. Un ministre est officiellement, si je ne m’abuse, payé entre 3,5 et 5 millions. La bonne blague quand on voit son train de vie et les sollicitations dont il est l’objet de la part de sa famille, de son cercle relationnel, de son village, de sa tribu, de la sa région, etc ! Alors question : d’où vient le gap nécessaire à l’entretien de tout ce monde ?
– Pourquoi un remaniement ministériel provoque une telle hystérie jubilatoire au sein de la population ? Parce que, pardi, le peuple affamé et clochardisé veut bien voir dans ces limogeages à la fois un paiement cash de ses propres déboires financiers, et une opportunité que la tontine fasse un heureux dans son propre cercle.
– Pourquoi un village, une région, etc fête un nouveau ministre ? Mais parce que par delà le nouveau nommé, le clan élargi voit s’ouvrir des opportunités nouvelles par l’arrivée d’un bénéficiaire – proche – de la tontine !
– Pourquoi moque-t-on un ex-ministre, un ex-DG, etc qui est retourné à une vie simple ? Mais parce qu’il était attendu de lui qu’il engrange et rompe définitivement avec la pauvreté !
Les Ivoiriens ont, de longue date, admis le fait du vol à la mamelle de l’Etat. Tous, de quelque obédience politique qu’ils soient issus, se battent pour « ça », bec, griffes, ongles, masses, massues, machettes, kalashs,… dehors. A quoi donc correspond cette nouvelle esbroufe étatique consistant à jeter à la vindicte populaire des Hommes dont on a, de très fraîche date, sollicité le soutien financier au-dessus de leurs capacités réelles ? Les Ivoiriens, paupérisés par la politique de « l’argent ne circule pas, il travaille », grognent et envisagent de prendre la rue face à une hausse subite du coût de la vie. On voudrait allumer un contre-feu qu’on se s’y prendrait pas autrement. Mais personne n’est dupe : le poisson commence à pourrir par sa tête. Une tête qui pèse…342 milliards annuels !