En Côte-d’Ivoire une vague d’audits passe le fer et une trentaine d’entreprises publiques au vitriol

Avec Afrika Stratégies France

Un audit de routine, un événement bienvenu au Fonds d’entretien routier où Lanciné Diaby et son équipe dont la gestion a été récemment approuvée par le Conseil d’administration est mobilisée.

Le Directeur exécutif adjoint de la majorité présidentielle en charge de la diaspora a d’ailleurs dû annuler une tournée qui devrait l’amener en France.

Cette vague d’audits initiée par Alassane Ouattara, qui vise en tout une trentaine de sociétés publiques, rassure les partenaires et contribue à l’assainissement de la gestion.

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Joachim DJEDJE Président du Conseil d’Administration

Une trentaine de sociétés d’État et/ou organismes publics sont concernés, une vague d’audits qui fait des émules à Abidjan. Car, personne n’échappe à cette rafle du président ivoirien. Économiste de renommée et engagé dans une immense politique d’infrastructures, Alassane Ouattara veut aussi que tout cela soit accompagné de la rigueur nécessaire « pour que l’argent du contribuable ne serve à rien d’autre que ce à quoi il est destiné ». Lors d’un récent conseil des ministres à Abidjan, la capitale, il a mis en garde ses ministres. « Je serai intransigeant face à une quelconque légèreté dans la gestion du denier public » a menacé celui dont le parcours à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao) et au Fonds monétaire international (Fmi) a été irréprochable. Sa rigueur ferme lui a bien collé l’image d’un « commis froid et intègre » que ses congénères n’ont pas oublié. Alors que l’économie ivoirienne, grâce à lui se porte bien, avec un taux d’inflation maîtrisée en 2020 à 2%, bien loin des 3% autorisée par l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), une croissance économique qui, après avoir résisté plus ou moins à la pandémie de covid-19 doit remonter à 6% en 2021. Le Fmi s’attend, grâce au plan de riposte du gouvernement, qu’elle monte à 6,5% en 2022 et ne baisse pas la pente les années qui suivent. La maitrise du taux d’endettement à 41,7% du PIB, le moins élevé de l’espace Uemoa garantit au pays des prêts à taux très bas et des possibilités illimitées en termes d’investissement. Cette opération d’audit vient ajouter une dose de rigueur à un pays qui accumule les performances les plus spectaculaires.

De nombreuses sociétés sur la sellette

Des médias malveillants qui ont loupé d’aller à la source ont fait cas d’audit ne concernant que le Fonds d’entretien routier. Un fake news d’autant qu’une trentaine de sociétés sont concernées. Il s’agit d’une opération qui ne cible personne et alors qu’il aurait pu s’envoler pour son périple en France d’autant que le président de la République porte «un immense intérêt à la diaspora», Lanciné Diaby l’a volontairement annulé pour faire de cette opération un succès. Elle pourrait aussi blanchir le maire de Samatiguila dont la présence à tous les fronts au sein de la majorité crée des détracteurs réels et virtuels. De l’Agence des gestions des routes (Ageroutes) à la Banque nationale d’investissement (Bni) en passant par Versus Bank ou encore la Société des palaces de Cocody (Sdpc), aucune société publique ne fait exception. Dans un document parvenu à la rédaction de Afrika Stratégies France, on y voit l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (Anare), la Société pour le développement minier de la Côte d’Ivoire (Sodemi), l’Agence nationale des services universels des télécoms/Tic (Ansut), l’Office nationale de l’assainissement et du drainage (Onad), la Poste de Côte d’Ivoire (Pci) ou encore Pétroci Holding. Elles sont bien nombreuses les sociétés concernées. Même la légendaire Radiotélévision ivoirienne (Rti), la Société nouvelle de presse et d’édition de Côte d’Ivoire, éditrice de Fraternité Matin figurent sur la liste. Cette opération ne vise donc personne mais embrasse toutes les structures à régie financière de l’État. Elle redynamise la politique de rigueur en place depuis une décennie dans le pays que la gestion au pifomètre du socialiste Laurent Gbagbo a plongé dans une immémoriale léthargie.

Si la Côte d’Ivoire est le pays de la sous-région où les sociétés d’Etat ont des budgets les plus astronomiques, le besoin de ces audits est plus qu’indispensable. Alors qu’il devrait se rendre en France pour une tournée à l’endroit de la diaspora qu’il tient pour le compte de son parti, Lanciné Diaby a préféré sursoir à ce périple. Objectif, « même s’il n’est pas indispensable que je sois là, je veux montrer aux collaborateurs l’importance d’un audit » a confié l’intéressé à Afrika Stratégies France. Le directeur général du Fonds d’entretien routier estime que la meilleure manière d’accompagner la politique de bonne gouvernance du chef de l’État, « c’est de donner force d’institution aux audits » même s’il s’agit d’une formalité pour sa société. En effet, compte tenu de la nature internationale des partenaires du Fer, des opérations du genre ne font que renforcer sa crédibilité et légitimer ses prospections. Il y a encore quelques jours, cette société qui est au cœur des infrastructures en Côte d’Ivoire a eu un atelier avec le mécanisme américain Millenium Challenge Account (Mca) dont l’apport financier devrait être substantiel. « L’audit tombe bien dans ce sens » clame-t-on dans l’entourage de Lanciné Diaby. Ceci d’autant qu’il y a quelques semaines, le Conseil d’administration du Fonds avait donné son quitus pour la gestion de la société au cours du premier trimestre 2021.

Peu après une approbation du Conseil d’administration

En avril dernier, cette approbation avait levé toute équivoque en saluant une gestion « rigoureuse et minutieuse » sans laquelle « les grandes réalisations que connait la Côte d’Ivoire n’aurait jamais eu lieu » avait souligné le président du Conseil d’administration. L’audit passera donc une lettre comme à la poste malgré le déchaînement à son encontre par une petite partie de la presse et des personnes virtuelles qui se cachent derrière les réseaux sociaux. De 2014 à 2020, pour le seul compte de la voirie urbaine, la Côte d’Ivoire a réalisé 527,422 km de routes bitumées pour 231 milliards Cfa, un record jamais égalé par aucun pays de l’Afrique subsaharienne. Le quotidien pro-gouvernemental a nommé, la semaine dernière, entre jeux de mots et réalisme, Alassane Ouattara « Le Roi du goudron ». Avec plusieurs dizaines de grands chantiers dans tout le pays, le Fond d’entretien routier qui, ces trois dernières années, enchaîne des records n’est pas près d’avoir un répit. La guerre des détracteurs n’aura aucun impact sur la détermination du gouvernement et la vision renouvelée d’Alassane Dramane Ouattara qui a entamé en novembre dernier son ultime mandat de 5 ans.

Afrika Stratégies France

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