Qui sont –elles, d’où viennent –elles, que veulent-elles ? – Lebanco.net
Elles ont décidé de faire de la devanture de certains magasins de l’avenue 8 dans la commune de Treichville leur lieu d’habitation. En dépit de l’inadaptation du cadre et des risques de toutes sortes liés à leur installation à ces endroits, des femmes dont certaines sont accompagnées d’enfants, ont tout de même fait le choix de squatter la devanture de ces magasins commerciaux. Au péril de leur vie.
Qui sont ces femmes ? D’où viennent-elles ? Comment sont-elles arrivées là ?
Comment subviennent-elles à leurs besoins ? Comment sont-elles organisées ? Curieux de connaitre la réponse à ces questions autant qu’à bien d’autres, nous avons été amenés à passer du temps avec ces dernières. Incursion dans l’antre de ces femmes, qui vivent à la merci des agressions, et des intempéries.
Elle est à n’en point douter l’une des plus célèbres avenues de la mythique commune de Treichville. Une des principales caractéristiques de l’avenue 8, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est qu’elle regorge de plusieurs magasins. Proposant des services aussi variés que divers. C’est la façade de certains de ces magasins que des femmes, certaines accompagnées de leurs enfants, ont choisi d’occuper pour en faire leur logement. Le mercredi 21 avril 2021, il est 17 heures 15 minutes quand nous arrivons devant certains de ces magasins. Au nombre desquels ceux qui sont dénommés ‘’Vente matelas mousse chez Jacques’’, et ‘’ECOTECH’’. Les deux magasins ont déjà fermé. En cette période de jeûne musulman, les commerçants, pratiquant majoritairement cette religion, rentrent plus tôt que d’ordinaire pour la rupture du jeûne. Des femmes et des enfants, assis sur des nattes, ou des morceaux de pagnes, ont déjà pris place au seuil desdits magasins. Ceux-ci sont du côté opposé à la grande Mosquée de l’avenue 8 (plus connue sous le nom de grande Mosquée Dioula). Dans le prolongement de la mosquée juste après un magasin de vente de tapis de prières, de moquettes, de matelas, de chaises en caoutchouc, et autres, un autre groupe de femmes et des enfants aux mêmes allures que les précédentes occupent la devanture d’un magasin abandonné. Visiblement, celles-ci sont plus nombreuses. On s’achemine allègrement vers l’heure marquant la fin de cette journée de pénitence. Il y a d’incessants déplacements dans la périphérie de la mosquée. Certains vont acheter des jus de fruits auprès des vendeuses venues nombreuses avec de petites bassines posées sur la tête, contenant les breuvages en question. Une dame vendant des pâtes de haricots frits a choisi de s’installer en face de la mosquée. Un choix qui apparemment lui porte chance. Puisqu’au moment de notre passage, elle est débordée par la clientèle. C’est dans cette ambiance qu’est arrivé un couple à bord d’une grosse cylindrée noire SUV. Qui a garé au niveau des femmes se trouvant devant le magasin abandonné. Vêtue d’un boubou en dentelle de couleur bleue ciel, une dame descend du véhicule. Elle se dirige vers le coffre, l’ouvre, en sort des ‘’take away’’ contenant des plats de riz recouvert de sauce aubergine. Et des morceaux de viande de bœuf, emballés dans des sachets plastiques noirs. Elle a à peine commencé à distribuer les emballages, qu’elle est prise d’assaut par les nombreuses femmes du coin, venues en courant. La majorité de celles qui étaient occupées, abandonnent aussitôt ce qu’elles faisaient pour aller bénéficier des vivres que distribuaient cette âme généreuse. Apparemment, la donatrice semblait être bien connue de ces sans abris. En l’espace de quelques minutes, le sac dans lequel se trouvaient les ‘’take away’’ a été ainsi vidé. La donatrice visiblement heureuse, dit au revoir aux femmes d’un signe de la main, remonte à bord du véhicule. Qui démarre aussitôt. Les bénéficiaires retournent le sourire aux lèvres. Non sans avoir pris la peine de remercier leur bienfaitrice, en la couvrant de bénédictions.
Munies de leurs paquets, ces femmes se remettent à leurs occupations. En déposant les sachets à côtés de leurs bagages, posés à même le sol. Pour éviter que les enfants ne les piétinent. C’est ce moment que nous choisissons pour les approcher. Jugeant notre présence suspecte, elles refusent dans un premier temps de nous écouter. Bien que nous ayons décliné notre identité, et expliqué les raisons de notre présence, elles sont réticentes à nous recevoir. Il a fallu la médiation pour ne pas dire le tact de deux jeunes. Des cambistes ambulants qui échangent toutes sortes de monnaies dans le coin, pour les convaincre de nous recevoir. Elles finissent par accepter après avoir pendant quelques minutes échangé entre elles.
Dans le désordre et le délabrement
La première remarque qui saute aux yeux est que l’endroit qui abrite ces femmes et leurs enfants est insalubre. Des ordures ménagères jonchent le sol. Auxquels s’ajoutent des restes d’aliments. Des eaux ayant servi au ménage sont versées à terre. Tandis que d’autres quantités d’eaux usées, sont déversées dans un avaloir situé à proximité de l’angle du carrefour. Et qui en principe est fait pour assurer le drainage des eaux de pluies. Une odeur pestilentielle s’en dégage. Difficilement supportable pour tout premier venu. Mais à force de vivre là, les occupants du coin ont fini par s’en accommoder. La petite poubelle placée à côté de l’avaloir déborde d’ordures. Au point où certaines se retrouvent sur le sol.
Les seaux contenant l’eau devant servir à faire la cuisine et ceux qui sont réservés aux toilettes sont côte à côte. L’on n’arrive pas à faire le distinguo entre eux. Auprès de ces récipients, l’on peut voir des bouilloires. Qui sont également placées en désordre. Plusieurs assiettes traînent pêle-mêle par manque d’ustensile plus grand qui aurait servi à les entreposer. Dans ce décor insalubre, nous voyons aussi des corbeilles posées à tout bout de champ. Vivant sur un espace très restreint, ces femmes n’ont d’autres choix que de faire la cuisine, la lessive, la vaisselle, le bain des enfants et les autres activités ménagères sur place. Conséquences le coin est constamment humide. Les règles minimum d’hygiène sont ainsi royalement ignorées.
La situation des bagages et des différents effets n’est pas non plus enviable. En effet, les sacs, les nattes, et tous les autres objets sont entassés au pied du mur du magasin sur une petite élévation. Une partie de ces objets est recouverte d’une toile en caoutchouc de couleur noire. Au-dessus des bagages, pendent des cordes. Elles sont soutenues par des pointes, qui ont été fixées à certains endroits du mur. D’autres cordes s’étirent entre le mur et un poteau de téléphone situé à proximité. Ces cordes en polyester servent à sécher les vêtements lavés, ainsi qu’une partie de ceux qui n’ont pas eu de place dans les bagages au sol. L’insuffisance des tabourets ou autres instruments servant de siège, vient accroitre le manque d’aisance des occupants du lieu. Ainsi, lorsqu’il s’agit de s’assoir, la priorité est alors accordée aux plus âgées de ces femmes. Tandis que les plus jeunes et les enfants se contentent du sol. Le délabrement et le désordre indescriptible qui y règnent ne sont qu’une conséquence logique de la promiscuité dans laquelle ces femmes vivent là.
Selon des informations reçues sur place, nous apprenons que le lieu est occupé par deux groupes. Nous nous orientons vers celui qui est plus proche du magasin voisin à la grande Mosquée Dioula, de l’avenue 8. Là, Konaté Mariam, 23 ans et Koné Aicha, 20 ans, les plus instruites de ce groupe sont désignées pour échanger avec nous. Ayant fait remarquer que son nom rappelle celui de la Diva de la musique ivoirienne, Koné Aicha a esquissé un petit sourire comme pour nous mettre à l’aise. Prenant tour à tour la parole, elles affirment venir du Burkina Faso, leur pays d’origine, depuis 4 ans pour Koné Aicha et 3 ans pour sa compatriote. D’ailleurs ce groupe de femmes comprend uniquement des ressortissantes de ce pays. Certaines femmes y ont passé 10 ans, voire plus pour d’autres. C’est sur des conseils de camarades, qui ont déjà séjourné à cet endroit, qu’elles y sont venues. Certaines sont aujourd’hui retournées dans leur pays. En ce qui concerne les activités qu’elles mènent pour vivre, Konaté Mariam, tout en réajustant le pagne lui permettant de tenir ferme son bébé au dos, laisse Koné Aicha répondre. « La plupart des femmes qui vivent ici sont des lavandières. Chaque matin, nous sillonnons les quartiers de la commune de Treichville à la recherche de clients. Il nous arrive de faire du porte-à-porte pour cela », lâche sans hésiter celle-ci. Levant un coin de voile sur leurs recettes quotidiennes, Koné Aicha révèle qu’elles oscillent entre 2000 Fcfa et 3 000 Fcfa.
Ces lavandières ne semblent pas bien organisées. Quand nous avons voulu connaitre leur nombre exact, nos interlocutrices sont restées pratiquement sans voix. Elles ont eu du mal à répondre. Soutenues par leurs compatriotes, elles se mettent à compter dans leur langue maternelle. Avant de lâcher au bout du compte le chiffre 16. Quant aux enfants, ils sont au nombre de 22. Par manque de moyens financiers, aucun de ces bambins n’est scolarisé.
Hormis le fait qu’elles ne savent pas avec toute l’exactitude requise, leur nombre en ce lieu, il y a aussi le manque de leader ou de responsable du groupe qui se pose avec acuité. Aucun interlocuteur ou un porte-parole digne de ce nom à qui s’adresser en cas de besoin. Tout se fait en groupe. Toutes les décisions relatives au groupe sont certes prises de manière collégiale. Mais, il ne se trouve personne pour en parler au nom du groupe.
Il ressort des propos émanant des deux filles qu’elles ont déjà eu maille à partir avec les agents de la mairie de Treichville Et ce, à la veille de l’élection présidentielle du samedi 30 octobre 2020. Leurs bagages ainsi que toutes leurs affaires ont été emportés par ceux-ci. « Aucune d’entre nous n’a été brutalisée. Malheureusement, nos bagages et nos affaires ne nous ont plus été restitués », déplore Koné Aicha. En ce qui concerne les questions liées au bain, aux toilettes, les choses ne sont pas simples non plus pour elles. Chaque fois que l’une d’entre elles doit se laver, elle se dirige vers les toilettes publiques et débourse 100 Fcfa. Pour ce qui est des autres besoins, c’est 50 Fcfa qu’il faut avoir sur soi raconte Koné Aicha. Cependant pour ce qui est du lavage de leurs vêtements sales, elles profitent des prestations qu’elles font chez leurs clients pour s’en occuper.
Exposées aux malfrats, à la pluie et autres
Dormir sous des bâches en plastique à la belle étoile ne peut aller sans risques, dans une grande commune assez peuplée comme Treichville et où, la pègre sévit. Konaté Mariam, qui est allée faire coucher son enfant entre-temps sur un morceau de pagne étalé au sol, nous rejoint. Elle ne cache pas que l’insécurité règne dans le coin. Et qu’il leur est arrivé de se faire voler. Les malfrats à en croire notre interlocutrice, opèrent très souvent entre 2 heures et 4 heures du matin, à l’aide d’armes blanches. « Nous avons reçu la visite de 3 voleurs une nuit. Ils ont emporté le téléphone portable d’une de mes voisines, ainsi que certains de mes vêtements, les téléphones portables et les portes-feuilles de certaines de mes sœurs », raconte la jeune dame. Elle affirme avoir l’impression qu’en venant opérer, les voleurs s’entraident minutieusement. D’autant plus que lorsqu’elles les surprennent en train de dérober leurs biens, ils parviennent toujours à s’enfuir sans qu’elles ne parviennent à les appréhender.
Il y a également la pluie qui les gêne énormément. « Quand il pleut, nous n’avons pas d’autres choix que de nous resserrer sous les bâches, et attendre que la pluie cesse ». Koné Aicha, qui s’apprêtait à faire la cuisine au moment de notre arrivée, nous abandonne. Après s’être excusée, elle rejoint une de ses camarades du coin, qui avait déjà apprêté tous les ingrédients pour la préparation du repas.
Les maigres moyens financiers gagnés par Konaté Mariam ne suffisent pas à satisfaire certains besoins. C’est du reste selon elle, le cas pour plusieurs de ces braves laveuses de vêtements. La nourriture qu’elles consomment par jour suffit à peine à les rassasier. En cas de maladie, elles ont recours aux médicaments de la rue. Aucun des enfants vivant sur place n’est scolarisé. Bref, elles vivent dans des conditions difficiles.
Le rêve de Konaté Mariam est de pouvoir ouvrir un jour un magasin de produits cosmétiques. Elle espère de tout cœur, qu’une âme généreuse ou une ONG à caractère social lui fera un jour un don. Qui va lui permettre de réaliser son rêve. C’est par ce sujet que notre entretien prend fin. Nous sollicitons les services de Konaté Mariam pour faire la traduction de notre entretien avec le second groupe. Etant donné que selon ses explications aucune de ces femmes ne comprend la langue française.
Mais elle oppose un non catégorique. Au motif qu’elles ne s’entendent pas avec leurs voisines. « Nous avons des prises de becs chaque fois que quelqu’un vient faire un don ». Elle montre du doigt une bâche en plastique noire, recouvrant des briques comme la matérialisation de la limite entre elles.
C’est donc avec peu d’assurance que d’un pas, nous rejoignons le deuxième groupe. Ne sachant avec qui échanger dans la langue de Molière parmi elles, nous finissons par nous contenter de dame Bintou Konaté. Qui se débrouille comme elle peut. Elle allie tant bien que mal le langage français de la rue et le Malinké. Elle abandonne la lessive pour se consacrer à l’entretien. Certaines de ses camarades se mettent à rire. A l’idée de savoir que la tâche ne serait pas facile pour elle. Originaire du Mali, elle vit à Treichville depuis 10 ans. C’est sur les conseils d’une de ses compatriotes, qui s’était rendue au pays dans le temps pour se reposer, qu’elle a pris la résolution de venir en Côte d’Ivoire, précisément à Treichville. Elle a été attirée par l’argument selon lequel, elle trouverait du travail à Treichville. Mais grande fut sa désillusion, quand elle s’est rendue compte qu’il n’en était rien.
On note des propos de Bintou Konaté que deux nationalités se côtoient à cet endroit. A savoir des Burkinabè et des Maliens. La conversation est momentanément interrompue par une des sœurs de notre interlocutrice. Elle lui demande une assiette pour servir de la bouillie à l’un de ses fils. Elle répond en lui indiquant de la main l’emplacement de l’assiette. Pendant ce temps, le gamin crie pour prouver qu’
il a faim. Sa mère récupère le bol, le remplit de bouillie et le sert en quelques minutes. Après le retour au calme, Bintou Konaté indique qu’à l’instar de leurs voisines, hormis une octogénaire, elles sont toutes des lavandières. Ce sont les revenus de cette activité qui leur permettent de subvenir en partie à leurs besoins. Le reste est l’œuvre des âmes généreuses et des bonnes volontés. Ces femmes courageuses ne se contentent pas d’exercer leur activité uniquement à Treichville. Il leur arrive d’aller dans d’autres communes. De sorte que quelques fois, des résidents des quartiers huppés de certaines communes telles que Cocody, Plateau et autres, viennent les chercher pour leurs services. A ce propos, nous lui disons qu’elles doivent probablement gagner gros avec ces clients. Elle esquisse un sourire et répond qu’il n’en n’est rien. Sans donner de détails précis sur les montants qu’elle gagne par jour. Mais toujours est-il qu’elle doit prendre soin de son fils de 7 ans et expédier une partie de ses revenus à ses parents restés au pays.
Pour répondre à la question du nombre des personnes vivant en ce lieu, elle s’adresse à ses voisines. Après avoir harmonisé leurs points de vue, elle fait signe en montrant une poignée de la main deux fois et 2 doigts. Pour indiquer le chiffre 12. Notre interlocutrice utilise le même procédé pour indiquer le nombre des enfants. 3 poignées de main pour indiquer le chiffre 15. Sur ce, nous voyons arriver d’un pas lent une octogénaire, qui tient un seau d’eau vide en main. Bintou Konaté nous indique que c’est de cette vieille dame qu’elle a parlé tantôt. « Quand nous nous déplaçons pour aller faire la lessive, chacune d’entre nous lui remet un peu d’argent pour lui permettre de subvenir à ses besoins », affirme cette dernière. Elle ajoute que quand elles se déplacent pour aller travailler, elle confie la surveillance de leurs bagages à Dieu.
Accompagné de ses camarades de jeu, son fils s’approche pour demander un peu de nourriture. Elle lui fait signe d’attendre. Il retourne mécontent, suivi de ses compagnons. La plupart de ces bambins fréquentent une école coranique située dans la périphérie. Après les échanges, notre interlocutrice récupère le seau laissé par l’octogénaire, une serviette, et une trousse de toilette, s’approche de sa sœur se nommant Rokia Konaté, qui est entrain de cuisiner, échange rapidement avec celle-ci. Puis part prendre un bain dans une douche. Qui se trouve non loin du magasin ‘’Ling Long Tire’’. Rokia Konaté, de teint bronzé, retourne par la suite vers le fourneau sur lequel elle prépare une sauce à base de pâte d’arachide. A quelques mètres de là, dans l’insouciance totale, les gamins jouent. Alors qu’il est concentré sur un jeu, l’un d’entre eux, qui pourrait avoir entre 2 et 3 ans, que sa mère a appelé pour se laver, refuse de s’exécuter. Elle donne aussitôt des consignes aux plus âgés des enfants pour l’attraper. Ce qui fut fait. En quelques minutes, le bonhomme est trimbalé en pleurs devant sa génitrice. Après l’avoir déshabillé, elle l’installe d’abord sur un vase de nuit, placé à quelques pas du fourneau sur lequel Rokia Konaté prépare. Elle le soulève au bout de 5 minutes, verse de l’eau dans le contenu du pot, et renverse le tout dans l’avaloir du coin. Elle rince rapidement le vase de nuit, prend l’enfant par la main, le pose dans une bassine de couleur verte. A l’aide d’une éponge préalablement enduite de savon, elle se met à le frotter. Les cris et les pleurs que l’enfant émet n’ébranlent guère la mère. Elle le frotte jusqu’à ce qu’il devienne propre. Après l’avoir rincé, la dame sort son fils de l’eau et se met à l’essuyer. Un de ses compagnons de jeu s’approche. Un peu comme pour le consoler.
C’est en ce moment là, que nous voyons Bintou Konaté revenir de la douche. Elle demande à sa sœur Rokia de prendre des toiles noires en plastique, des balais. Elle fait également signe à deux autres femmes pour les accompagner. Afin d’aller préparer leur couchette. Dont l’emplacement n’est autre que la devanture du magasin ‘’Ling Long Tire’’. Il est situé sur le même alignement que les magasins ’’Vente matelas mousse chez Jacques’’ et ‘’ECOTECH’’. Ces dames sont accompagnées de 3 enfants. Sur place, les 4 femmes commencent par donner un coup de balai. Elles essuient par la suite à l’aide de chiffons qu’elles ont envoyées avec elles, les flaques d’eaux qui s’y trouvent. Pour l’installation du dispositif de couchage proprement dit, Bintou Konaté, qui semble maitriser plus le processus commence par attacher les fils, noués aux bouts des toiles, sur des pointes clouées au mur du magasin. Pendant qu’elle s’occupe d’un bout, sa cadette tient l’autre bout dans la main.
Après cette étape, vient celle qui consiste à déployer la bâche en la tirant pour atteindre une mesure qu’elles connaissent déjà. Ayant atteint le niveau requis, Bintou et sa sœur Rokia placent des morceaux de pierre que leurs camarades ont pris soin d’apporter entre temps. Ils ont pour rôle de maintenir la toile étendue. Pour éviter de gêner les unes et les autres, au cours de la nuit. Elles me font visiter leur dortoir au terme du travail. Au moment où elles s’apprêtent à quitter les lieux, 2 autres femmes arrivent pour la même raison devant le magasin voisin. Avant de commencer à dresser leur couchette, elles informent leurs camarades que les fidèles musulmans de la grande mosquée distribuent des kits alimentaires. Ayant entendu cette bonne nouvelle, elles s’y rendent en courant. Abandonnant du coup les enfants avec qui elles sont venues. Elles ont juste le temps de jeter les balais à terre. La première revenue de la mosquée est Rokia. Normal, elle vient s’occuper de sa sauce, qu’elle avait laissée au feu, le temps d’aller installer la couchette. Elle soulève directement le couvercle de la casserole, ajoute quelques ingrédients, goutte la sauce pour s’assurer que l’assaisonnement est parfait, avant de refermer la casserole. Bintou arrive par la suite, tenant un sachet dans la main droite. Elle le déballe et découvre qu’il contient un sachet d’eau, un pot de yaourt, une bouteille d’une boisson locale appelée Bissap, et du pain sans levain, connu sous le vocable de ‘’pain arabe’’. Elle remet la bouteille de bissap à son fils. Celui-ci la saisit et repart jouer en gambadant avec ses amis. C’est dans cette ambiance que nous quittons cet endroit en traversant la route. En direction du groupe, qui s’est établi au seuil des magasins ‘’Vente de matelas mousse chez Jacques’’, et ‘’ECOTECH’’. Le décor y est un peu plus présentable. Comparativement aux groupes précédents. Probablement à cause du fait que ces deux magasins sont encore en activité.
Jérémy Junior
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