En Côte-d’Ivoire Katinan craint pour la « sécurité » de Gbagbo, des « détonations autour de l’aéroport »

Manuella YAPI

Koné Katinan, porte-parole de Laurent Gbagbo, a dit craindre pour la « sécurité » de l’ex-président ivoirien, du fait des « détonations autour de l’aéroport », où il est attendu après 10 ans d’absence.


« Le président arrive avec des détonations autour de l’aéroport, nous nous inquiétons quant à sa sécurité », a dit M. Katinan, qui a lancé un « appel fraternel » au gouvernement, « au nom de la paix et la réconciliation », aux fins de « prendre toutes les dispositions pour arrêter cela », face à la presse.

Soulignant qu’ »aucun acte administratif interdisant la sortie ou le rassemblement des personnes » n’a été signifié au comité d’organisation, il s’est interrogé sur « le cadre juridique dans lequel se déploient la police et les forces de l’ordre actuellement ».

« Jusqu’à ce matin le gouvernement et nous avions travaillé en bonne intelligence, nous étions des partenaires » et « jusqu’à preuve du contraire nous leur avons accordé la présomption de la bonne foi », a poursuivi Koné Katinan, après avoir exprimé son « inquiétude » face à cette situation.

Plusieurs centaines de policiers et gendarmes ont été déployés dans la zone sud d’Abidjan, où se trouve à l’aéroport, à l’occasion du retour de Laurent Gbagbo après 10 ans d’absence.

Emprisonné puis transféré à La Haye après la perte de son pouvoir en 2011 à l’issue d’une crise postélectorale, Laurent Gbagbo a été acquitté en janvier 2019 par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité. Une décision confirmée en appel le 31 mars.

« 40 » personnes interpellées, selon le FPI

Edwige FIENDE

Le comité d’organisation de l’accueil de Laurent Gbagbo a dénoncé jeudi à Abidjan l’interpellation de « 40 » personnes au carrefour du monument Akwaba, à quelques mètres de l’aéroport d’Abidjan, appelant le gouvernement à faire « arrêter ces répressions », quelques heures avant l’arrivée en Côte d’Ivoire de l’ancien président.

« Au carrefour Akwaba, il y a eu 40 interpellés, on ne comprend pas, nous demandons au gouvernement de faire arrêter toutes ces répressions » afin que « les gens puissent de façon pacifique se rassembler et saluer le président à son passage », a déclaré Anderson Kouassi, membre du comité d’organisation.

Jeudi matin, au moins 300 éléments des Forces de défense et de sécurité ont été déployés aux différents carrefours du boulevard Valéry Giscard d’Estaing (VCG), la principale artère qui traverse le sud d’Abidjan.

Quelques partisans de Laurent Gbagbo, rassemblés, au rond-point du monument Akwaba ont été dispersés vers 07H00 (GMT et locale).

M. Kouassi Il s’est dit « surpris par » cette mobilisation inhabituelle des forces de l’ordre à tous les coins de rue », face à la presse à l’aéroport d’Abidjan.

« Aucun acte officiel d’interdiction de rassemblement ne nous a été notifiés, nous sommes étonnés que des gens » soient dispersés, a-t-il ajouté.

Le porte-parole de Laurent Gbagbo, Justin Katinan a pour sa part décrié « un double langage » du Gouvernement, estimant « il y a manifestement eu volonté d’empêcher les populations de sortir », pour accueillir l’ancien président attendu vers 17H00 (GMT et locale) à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny.

« Cela viole l’esprit qui a prévalu jusque-là avec le gouvernement que nous avons considéré comme un partenaire », a affirmé M. Katinan.

« Ce qui se passe nous inquiète, il y a des manipulations derrière et je trouve cela dommageable », a-t-il ajouté, appelant à « éviter les frustrations ».

Alerte info/Connectionivoirienne.net

Odette Lorougnon accuse le gouvernement d’avoir « failli »

Jocelyne LIADE

La vice-présidente chargée des femmes de la frange dissidente du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), Odette Lorougnon a accusé le gouvernement d’avoir « failli » à sa parole, en déployant des forces de l’ordre pour disperser des partisans de l’ex-président, Laurent Gbagbo, estimant que « ce n’est pas normal. »

« Ils ont promis qu’ils allaient laisser les populations ivoiriennesse mobiliser pour accueillir le président Gbagbo triomphalement(…), ils ont failli. Ce n’est pas normal », a déploré Mme Lorougnon, évoquant des partisans « persécutés », « blessés ».

Depuis la matinée, dans des communes d’Abidjan, notamment à Port-Bouet et à Yopougon, policiers et gendarmes dispersent à coup de lacrymogènes des partisans de Laurent Gbagbo sortis célébrer son retour.

Ces derniers jours, la date et le format de l’accueil de Laurent Gbagbo à Abidjan ont été au cœur du débat politique.

Alors que ses partisans ont annoncé la date du 17 juin et se préparaient à un accueil triomphal, le gouvernement regrettait de n’avoir pas été associé au choix de cette date et semblait favorable à un retour plutôt discret.

Mercredi, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly a assuré qu’aucune « interdiction n’a » été communiquée pour l’accueil de Laurent Gbagbo, mais des conditions ont été « discutées avec (ses) partisans ».

Pour la vice-présidente chargée des femmes, le pouvoir n’a pas tenu sa parole, estimant qu' »un pouvoir, on le respecte par sa parole. »

Toutefois, Odette Lorougnon se dit « heureuse » du retour de l’ex-président, retour qui selon elle « va reconstruire le tissu social gravement déchiré par le pouvoir en place. »

JLI

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