Déclaration du FPI : Sommet du 18 mai, à Paris, sur la relance des économies africaines
Le 18 mai 2021, à Paris, Le Président français, Emmanuel Macron, a organisé un sommet mondial pour réfléchir sur des pistes de relance des économies africaines, sévèrement touchées par les effets de la COVID-19. Plus de 30 pays représentés à divers niveau et l’ensemble des organisations multilatérales de développement
étaient présents à cette assise.
Le sommet a fait les constats suivants :
1- La pandémie du COVID-19 a occasionné une sévère récession en Afrique, après un quart de siècle de croissance continue. Selon la banque mondiale, l’Afrique a subi une récession de 2,6% en 2020, alors que les prévisions de croissance étaient de 4%.
2- Alors que les autres parties du monde ont mis en œuvre de vastes plans de relance par l’utilisation de l’outil monétaire et budgétaire, certains pays africains qui ne disposent pas de ce type d’instruments pourraient être laissés pour compte; ce qui accentuerait le fossé entre les pays du Nord et du sud.
Au regard de cette situation alarmante, et afin d’aider l’Afrique à retrouver le chemin de la croissance, le sommet a proposé les mesures suivantes:
1- La lutte contre la pandémie
A court terme, il convient de rendre disponible les doses de vaccin en quantités suffisantes, en vue de
contrecarrer l’expansion de la pandémie. En effet, seuls 2% des vaccins administrés dans le monde ont bénéficié à l’Afrique. A ce jour,
seulement 1,3 % de la population africaine a reçu une première dose de vaccin. A moyen et long terme, le sommet recommande de développer, par des partenariats publics privés, une capacité de production de vaccins en Afrique, grâce notamment à la levée des brevets.
2- Le financement de la relance économique.
Le sommet s’est proposé de solliciter les grandes nations industrialisées, à travers les mécanismes du G20, de l’UE et des institutions internationales de développement, des financements en direction des gouvernements africains et à encourager le renforcement du rôle du secteur privé.
Au niveau du secteur public, le FMI a estimé que le plan de relance des pays africains sur la période 2021-2025 nécessiterait une injection de ressources de près de 285 milliards de dollar. Le mécanisme évoqué pour financer ce plan serait l’utilisation des droits de tirages spéciaux (DTS) du FMI. Grâce à une émission globale de DTS pour un montant équivalent à 650 milliards de dollar, l’Afrique pourrait bénéficier de 33 milliards de dollar acquis automatiquement, relativement à sa quote-part au FMI. La différence serait comblée par la rétrocession à l’Afrique, des parts de certains pays industrialisés. Le sommet réitère le rôle du secteur privé comme le moteur principal de la croissance économique et la création d’emplois. Il enjoint donc à toutes les institutions spécialisées comme la SFI, l’AFD, la BAD, la BERD, et biens d’autres organismes à développer des mécanismes appropriés pour favoriser l’accès au financement, le renforcement des capacités des entreprises africaines, notamment les petites et moyennes entreprises,
surtout les projets portés par les femmes, les jeunes et dans les secteurs du numérique et de l’environnement.
Les mesures annoncées témoignent de la nécessité d’une solidarité interplanétaire pour vaincre la pandémie. En effet, avec l’interpénétration des économies en cette ère de mondialisation, nul ne peut se prévaloir d’avoir vaincu la pandémie s’il subsiste des poches de contamination à quelques endroits que ce soit de la planète. Les mesures sanitaires proposées sont donc à saluer et le FPI encourage toute la population ivoirienne à se faire vacciner. La réalité du sous-financement de l’économie africaine s’impose à tous. Même si les instruments évoqués sont source d’espoir, il est à remarquer que leur mise en œuvre ne fait l’objet ni d’un calendrier précis ni d’engagement formel des pays industrialisés à s’y conformer. Par ailleurs, le sommet n’a pas fait l’état des lieux des diverses avancées faites aux gouvernements africains, lors de l’éclatement de la pandémie. Quel usage en a été fait ?, Quelles sont les leçons apprises ? Inviter simplement les gouvernements à utiliser les futurs décaissements avec plus de transparence ne peut suffire.
En tout état de cause, le FPI estime qu’un plan de relance économique, fût-il le plus conséquemment doté, ne peut prospérer dans un climat d’opacité économique.
Il suggère donc aux initiateurs du sommet de faire l’état des lieux de la distribution des ressources antérieures, des allégements de la dette et impliquer toutes les forces de la nation dans la modélisation des futurs mécanismes financiers.
Fait à Abidjan, le 31 mai 2021
Le Secrétaire Général et Porte-parole
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