Le Chef de l’Etat a regagné Abidjan après avoir pris part au Sommet sur le financement des économies africaines, à Paris.
Le Président de la République, S.E.M. Alassane Ouattara, a regagné Abidjan, le vendredi 21 mai 2021, après avoir pris part, à Paris (France), au Sommet sur le financement des économies africaines, le mardi 18 mai 2021.
Le Chef de l’Etat a été accueilli à son arrivée par le Premier Ministre, M. Patrick ACHI, des membres du Gouvernement et du Cabinet présidentiel ainsi que par la hiérarchie militaire.
Le Président de la République, Alassane Ouattara a fermement condamné les incidents qui ont marqué la ville d’Abidjan, le mercredi 19 mai dernier, avec les attaques et autres agressions contre les Nigériens. Il a rappelé la vocation de la Côte d’Ivoire qui est une terre d’hospitalité sur laquelle de telles situations ne devraient pas se produire. Il a demandé des sanctions et a invité le grand Commandement des Forces de Défense et de Sécurité à accélérer les enquêtes et la Justice à faire son travail afin que les responsabilités soient situées.
Mais avent dans la déclaration faite au salon d’honneur de l’aéroport, le Président Alassane Ouattara a indiqué que ce Sommet a permis d’examiner plusieurs questions essentielles relatives à la mobilisation de financements importants et innovants en faveur des pays africains pour la vaccination accrue des populations contre la COVID- 19, ainsi que pour la relance économique de nos pays.
Il a précisé que selon le Fonds Monétaire International (FMI), 285 milliards de dollars de financements supplémentaires seraient nécessaires aux pays africains sur la période 2021-2025, pour renforcer la réponse apportée à la pandémie. Car, sans une action collective, le financement et les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine seront compromis.
C’est pourquoi, il a été préconisé d’agir ensemble pour proposer un plan de soutien financier substantiel pour donner une impulsion à l’économie des pays africains.
Le Chef de l’Etat a indiqué que les participants au Sommet ont souligné que la priorité absolue est de vaincre la pandémie. A cet égard, certains Etats ont décidé de mutualiser leurs efforts pour permettre un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux moyens de diagnostic sûrs et abordables en Afrique.
Il a souligné qu’il a été proposé d’accélérer, en partenariat avec le secteur privé, la production, en Afrique, de vaccins et le transfert des droits de propriétés intellectuelles ainsi que le savoir- faire. Sur la question, il a souhaité que la Côte d’Ivoire soit éligible au nombre des pays déjà retenus pour la fabrication du vaccin anti- COVID -19 sur le continent.
Plus généralement, la Conférence a décidé de mettre l’accent sur le développement du secteur privé qui est le socle du développement de nos économies.
Le Président de la République a ajouté que la Conférence a appelé à soutenir l’allocation de Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI d’un montant de 650 milliards de dollars, dont près de 33 milliards pour le continent africain et à poursuivre les discussions en vue de mettre à la disposition du continent africain, 100 milliards de dollars, prélevés en partie sur les allocations des pays développés qui jouissent d’une situation confortable de réserve de changes.
De même, les participants se sont tous accordés pour poursuivre l’initiative de suspension de la dette jusqu’à fin 2021. Il s’agit, notamment, d’adopter une approche différenciée et des mécanismes de soutien pour permettre aux pays, avec une dette soutenable et ayant accès aux marchés internationaux des capitaux, comme la Côte d’Ivoire, de mobiliser des ressources longues et à des taux d’intérêts plus faibles.
Les pays africains ont, par ailleurs, plaidé pour un déficit plus important pour le financement de la lutte contre la pandémie de COVID-19 et le terrorisme.
En prélude au Sommet sur le financement des économies africaines, le Chef de l’Etat a participé à un mini-sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA, qui visait à harmoniser les positions des pays de la zone UEMOA.
En marge du Sommet, il a eu plusieurs entretiens avec certains de ses homologues (Afrique du Sud, Tunisie, Mali) ainsi que d’éminentes personnalités, notamment la Directrice Générale du FMI, Mme Kristalina GEORGIEVA, le Directeur Général des Opérations de la Banque Mondiale, M. Axel Van TROTSENBURG, et le Président de la Commission de l’Union Africaine, M. Moussa Faki MAHAMAT.
Ces entretiens ont été l’occasion, selon le Président de la République, de passer en revue les relations de coopération entre la Côte d’Ivoire et leurs pays respectifs, ainsi qu’avec les Institutions de Bretton Woods et la Commission de l’Union Africaine. Ils ont également permis d’évoquer les questions régionales et internationales.
Au cours de son séjour à Paris, le Chef de l’Etat a également assisté aux obsèques du Président du Groupe Jeune Afrique qui a apporté, selon lui, une grande contribution au développement de l’Afrique et à l’émancipation de la jeunesse africaine.
Pour terminer, le Président Alassane OUATTARA, a indiqué que le Sommet a été un grand succès, non seulement pour notre pays mais également pour toute l’Afrique et donne de bonnes perspectives pour accélérer la relance de nos économies.
Présidence de la Republique
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Le ouattarisme : un logiciel politique de guerre civile
Pourquoi les ratonnades anti-haoussa d’Abidjan ne sont pas juste un fait divers…
Théophile Kouamouo
J’ai repris la semaine dernière l’édito hebdo que j’ai longtemps rédigé sur la Côte d’Ivoire. Il est réservé aux abonnés payants de cette newsletter mais cette semaine je l’ouvre à tous les inscrits. Pour me donner les moyens d’aller au-delà de quelques posts par mois, rejoignez la communauté des abonnés.
Ainsi va la vie et ainsi va l’info. Un “buzz” chassant l’autre, il y a fort à parier qu’on ne parlera bientôt plus du tout des ratonnades insensées qui ont visé la semaine dernière des ressortissants nigériens, de la communauté haoussa, dans diverses communes du district d’Abidjan. La cyberactiviste “Succès”, agitatrice ouattariste, à l’origine de la diffusion d’une vidéo mensongère dévoilant prétendument les sévices auxquels des Ivoiriens auraient été soumis par des Nigériens – en réalité des images de 2019 provenant du Nigeria et n’ayant aucun rapport avec la Côte d’Ivoire – s’est livrée jeudi dernier à la police nationale. Elle a été condamnée à cinq ans de prison ferme et à 2 millions de FCFA d’amende dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate. Fin du film ? Il est en tout cas très probable qu’elle – et les onze autres interpellés – soient les “Amadé Ouérémi” de cette séquence honteuse. Sacrifiés pour solde de tout compte. Les centaines de miliciens enragés qui ont pillé, blessé, effrayé ne seront sans doute pas inquiétés. Et les leçons profondes de cette histoire ne seront pas tirées.
“Un pouvoir de guerre civile”
Or ce qui s’est passé est bien plus inquiétant que ce qu’il paraît. Il s’agit d’une nouvelle manifestation d’une troublante réalité : le pouvoir d’Alassane Ouattara est structurellement “un pouvoir de guerre civile”. Il est né dans la guerre civile, il fait planer en permanence l’ombre de la guerre civile et il est jusqu’ici difficile d’entrevoir comment il prendra fin en dehors d’une guerre civile – ce qui n’est absolument pas souhaitable.
Développons. Les attaques a priori gratuites contre une communauté étrangère spécifique relèvent d’une certaine forme de rationalité. Elles interviennent au moment où des rationnements d’électricité – et d’eau – mettent à mal l’économie ivoirienne. Et elles touchent en premier lieu les travailleurs du secteur informel et autres journaliers qui sont les premières variables d’ajustement des entreprises quand des chocs inattendus se produisent. Or le ouattarisme a ceci de particulier qu’il agrège une masse de personnes appartenant au lumpenprolétariat (les plus pauvres d’entre les pauvres) et une minorité d’ultra riches, membres d’une bourgeoisie parasitaire et accaparatrice vouée corps et âme aux intérêts du grand capital international. De fait, la crise énergétique actuelle s’explique par les prédations diverses sur le secteur électrique, qui engraisse les frères Bouygues, les groupes Aga Khan et Axa… dont les complices inconditionnels sont au sommet de l’État.
La logique du bouc émissaire
Face à l’appauvrissement économique d’un grand nombre “d’adorateurs”, il faut trouver un bouc émissaire. Cette fois-ci, le bouc émissaire a été “le Haoussa”. Le Haoussa qui, s’il est souvent tout aussi pauvre que son voisin ivoirien, peut donner l’impression d’être prospère parce qu’il gère de la liquidité dans le cadre de son “garbadrome” ou de sa quincaillerie.
On peut se dire qu’après tout, dans des contextes de difficulté économique et sous tous les cieux, les étrangers les plus fragiles – car la grande bourgeoisie internationale s’en sort toujours – sont toujours montrés du doigt. Certes. On peut toutefois noter que le “bord politique” qui a toujours accusé ses adversaires de xénophobie est celui dont les partisans succombent – pour rien, comme ça – à la xénophobie la plus primitive.
Surtout, ce qui inquiète, au-delà de l’absence totale de fondement de ces pseudo représailles, c’est le caractère éruptif des attaques qui ont visé les Haoussas. C’est la rapidité avec laquelle la violence se secrète sur aucune autre base qu’une frustration latente et un désir de rapines, enrôle des centaines de désoeuvrés et se jette avec férocité sur les cibles du moment. Ce qui fait peur, c’est la profondeur d’une culture “milicienne” qui est née en 2002 avec la rébellion du MPCI et qui n’a cessé de se diffuser dans le corps de la société, se répliquant dans le camp gouvernemental d’alors (avec les “GPP”, “FLGO” et autres), puis devenant une sorte de monopole d’un pouvoir qui présente un masque avenant et républicain aux “partenaires extérieurs” et un visage moyenâgeux et profondément féodal en interne.
Si l’on traite ainsi le bois vert
Les miliciens ivres de haine qui ont failli commettre l’irréparable sur de pauvres immigrés nigériens la semaine dernière sont les mêmes qui ont “joué au football” avec la tête tranchée d’un militant de l’opposition à Daoukro. C’est le même logiciel politico-social fait d’ignorance, de chauvinisme tribal, de sentiment absolu d’impunité, de pauvreté et de frustrations instrumentalisées qui est à l’œuvre.
“Si l’on traite ainsi le bois vert, qu’arrivera-t-il au bois sec ?”. Si un “rien du tout” faussement attribué à des gens qui se trouvent à environ 1500 kilomètres d’Abidjan entraîne de tels débordements, qu’arrivera-t-il quand l’on expliquera demain à ces loups fanatisés que le pouvoir est sur le point de changer de mains ?
Violence milicienne au Sud, culture djihadiste en sécrétion au Nord… l’avenir politique est lourd de menaces pour la Côte d’Ivoire.
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