Donald NGORAN
Le président de la fédération nationale des organisations des consommateurs, Soumahoro Ben N’Fally, a invité le gouvernement ivoirien et les entreprises à « partager les sacrifices avec les consommateurs » pendant cette période où le pays subit des coupures intempestives d’électricité, dans une interview à ALERTE INFO.
La Côte d’Ivoire traverse depuis près d’un mois des coupures intempestives d’électricité impactant le fonctionnement normal de plusieurs activités et l’augmentation des prix des produits dont le ciment. En votre qualité, quelle lecture faites vous de cette situation ?
Face à cette situation, c’est la tristesse et c’est la désolation d’autant plus que les entreprises ne tournent pas en plein temps, ça un impact négatif sur le quotidien des consommateurs et cela va de soit que des produits vont connaître d’augmentation. Mais nous avons eu une rencontre avec les DG de la CIE, de Côte d’Ivoire énergie et de l’ANARE-CI et nous nous sommes expliqués. Au fait, ce que nous vivons aujourd’hui est une crise conjoncturelle et non structurelle. Les barrages sont vides donc nous allons affronter cette réalité jusqu’au mois de juillet, au plus tard août, le temps que les barrages se remplissent et que la situation commence à redevenir normale. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour que cela pèse moins sur les consommateurs, mais forcément nous allons ressentir les conséquences négatives. Mais face à cette situation, il faut gérer secteur par secteur. Il y a des secteurs qui ont connu une augmentation intolérable telle que le ciment. La semaine dernière, le ministre a fait sortir une note pour essayer de fixer des prix pour dire que sur l’étendue du territoire, la tonne de ciment ne doit pas excéder 95.000 FCFA. Nous sommes en train de travailler dans le cadre de la viande et d’autres secteurs.
Vous avez envisagé dans les débuts une marche de protestation contre ces coupures, où en êtes vous ?
Cette marche a été reportée. Nous avons été reçus par les autorités qui nous ont rassurés pour dire que point par point, nos revendications vont être examinées donc pas de raison encore d’organiser cette marche. Nous sommes dans la dynamique de trouver des solutions intermédiaires jusqu’à ce que la situation se normalise.
Qu’est-ce qui a découlé de la rencontre tenue mardi dernier avec l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’électricité de Côte d’Ivoire, est-ce rassurant ?
Nous nous entretenus avec l’ANARE-CI. Nous n’avons pas à douter d’eux. Nous avons été pour constater, les barrages sont vides. C’est un phénomène naturel. Prions Dieu pour qu’il pleuve et qu’on puisse sortir de là rapidement. S’il plaît à Dieu fin août cette crise sera derrière nous. Aujourd’hui, le pays a tout ce qu’il faut comme infrastructures pour donner le courant.
Ne serait-il pas mieux d’essayer les autres types de production de courant, en l’occurrence les énergies renouvelables, pour éviter que dans l’avenir ces coupures inopinées et inopportunes surviennent ?
Je suis d’accord, mais l’énergie renouvelable est une solution intermédiaire. Moi qui vous parle, j’ai l’énergie solaire, mais quand deux jours il n’y pas le soleil, je ne suis pas connecté à l’électricité. Et puis un climatiseur un cheval et demi, aujourd’hui qui doit être connecté sur l’énergie solaire pour un travail professionnel, ça fait 2.500.000 FCFA qui n’est pas à la portée de tous les consommateurs. Les matières premières, nous ne les fabriquons pas, c’est importé. La semaine dernière, j’étais avec quelqu’un qui a une clinique qui pour l’alimenter, il a dépensé 18.000.000 FCFA. Et quand le soleil ne sort pas, la tension est très faible. Même avec l’énergie solaire, il y a problème. Ce que nous demandons, c’est que l’Etat soit moins gourmand sur les taxes d’importation de telle sorte que l’énergie renouvelable puisse être à la portée de tous. Ce sont des propositions que nous faisons à l’Etat et nous avons dit au gouvernement qu’il faudra que les sacrifices soient partagés. Les consommateurs vont faire des sacrifices, l’Etat doit faire des sacrifices et les entreprises aussi pour qu’on puisse traverser cette période.
La CIE a annoncé des programmes de rationnement qui peinent à être respectés, c’est-à-dire par moment trop prolongé sur le terrain et cela crée des dommages collatéraux aux consommateurs, entrainant des plaintes. Qu’en dites-vous ?
Naturellement, les gens vont se plaindre, quand on a un atelier de couture, de soudure, cybercafé et autres et qu’on ne peut pas travailler, les gens vont se plaindre. S’il y a rationnement forcément, il y aura des plaignants. Maintenant, sur la durée qui n’est pas respectée, je vais soumettre cette préoccupation à l’ANARE-CI et la CIE.
DNG
Commentaires Facebook