(Agence Ecofin) – Sur ces dernières années, la pression est montée d’un cran sur les pays producteurs de cacao pour garantir une meilleure durabilité de la filière. Alors que cette injonction est toujours d’actualité, le chemin sera encore long.
En Côte d’Ivoire, le Conseil du Café-Cacao (CCC) vient de lancer un appel à l’Union européenne (UE) pour qu’elle soit plus flexible dans ses exigences sur le cacao durable. Le bloc économique qui absorbe plus de 65 % de ses exportations d’or brun prévoit en effet d’adopter d’ici la fin de cette année, une réglementation plus stricte prohibant l’importation dans le marché communautaire, du cacao issu notamment de la déforestation et du travail infantile.
Si l’UE a déjà encouragé en janvier dernier, le pays à accélérer ses efforts pour se conformer à cette nouvelle disposition, les autorités locales estiment toutefois qu’il faudra un temps d’adaptation. En effet, selon le CCC, l’alignement sur les normes européennes sonne comme un véritable défi en raison de la complexité de la situation sur le terrain.
Alors que 15 % des producteurs de cacao sont basés actuellement dans les forêts protégées, cela poserait un véritable problème social d’expulser les individus de manière soudaine selon Yves Brahima Koné (photo), numéro un du régulateur.
Déjà entre 2013 et 2016, deux campagnes d’expulsion de dizaines de milliers de producteurs et de leurs familles avaient suscité l’ire des organisations de défense des droits de l’Homme. « Si nous prenons les mesures nécessaires, nous pourrions en principe planter et récolter encore pendant 3 à 4 ans, mais il faudrait jusqu’à 5 ans pour que tous les producteurs soient évacués », estime M. Koné.
Il faut dire qu’en plus du coup de pression récent de l’UE, la Côte d’Ivoire a essuyé ces dernières années, de nombreuses critiques de la part d’organisations environnementales qui ont pointé du doigt la lenteur dans la lutte contre la déforestation et le travail infantile.
Le pays qui a perdu plus de 9 millions d’hectares de forêts depuis 1960 dont 30 % en raison de la culture du cacao travaille actuellement à demeurer un pays forestier.
Dans le cadre de sa « Stratégie de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts » (SPREF), le gouvernement a l’objectif d’atteindre 20 % de couverture forestière du territoire national d’ici 2030 soit environ 6,45 millions d’hectares.
Pour rappel, la filière cacao fournit des revenus à près de 5 millions de personnes et compte pour 40 % des exportations de marchandises de la Côte d’Ivoire.
Espoir Olodo
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