Djamal AKINBOLA
En Côte d’Ivoire, les accidents de la route sont récurrents ces derniers mois. Pour le mois d’avril, l’on enregistre 78 accidents graves ayant causé la mort de 126 personnes et fait 244 blessés, selon les données des autorités sécuritaires. Une situation qui a emmené le ministre des Transports à suspendre les inspecteurs du permis de conduire et leur remplacement par des gendarmes, sur une période de trois mois. Une mesure appréciée par les acteurs du secteur qui attendent de voir « la suite ».
Le 1er avril, un accident de la route est survenu sur l’axe Ferkessédougou-Ouangolodougou, au Nord de la Côte d’Ivoire, entre un car et un camion de transport de coton graine. Bilan, 20 morts. Les images de l’accident en disent long sur la violence du choc. Face à ce drame, le Premier ministre a apporté la compassion du gouvernement en rendant visite aux victimes à l’hôpital.
Quelques jours après, un accident de la circulation impliquant un minicar et un camion-benne a fait 19 victimes dont 7 décès sur l’axe N’Dotré-Yopougon (Abidjan Nord). Pour le ministère des Transports, des mesures s’imposaient.
Dans une note, le ministre Amadou Koné « informe les candidats aux examens que pour des raisons d’enquêtes approfondies et de nécessité de service, il est décidé, à compter du lundi 26 avril 2021, de la suspension de leurs fonctions, de tous les inspecteurs affectés au service des examens théoriques et pratiques du permis de conduire ».
Selon le communiqué, cette décision fait suite à des « enquêtes préliminaires » et au regard de la « nécessité de lutter efficacement contre la corruption et la fraude dans l’obtention du permis de conduire ». Pour le ministère, il est apparu « nécessaire » d’ »assainir le parcours pour l’obtention du permis de conduire » dans le cadre du « renforcement de la sécurité routière et en prenant en compte les causes des accidents graves sur les routes ».
Pour Amadou Koné, l’objectif de cette mesure « n’est pas de créer des problèmes aux auto-écoles ou de mettre des gens à la rue. C’est de faire en sorte que les auto-écoles soient mises à un niveau qui est nécessaire pour la protection de nos concitoyens ».
Une assertion partagée par la plupart des responsables des auto-écoles qui voient en cette mesure, un moyen d’assainir le milieu. « Je trouve que c’est bon. On va voir ce que les gendarmes vont donner comme satisfaction », a réagi Mme. Cissokho, secrétaire dans une auto-école.
« C’est une bonne décision, parce que comme le ministre l’a dit, l’examen ne se passait pas correctement. On a constaté qu’à chaque examen les inspecteurs ne montent pas dans les véhicules avec les élèves alors que c’est l’inspecteur qui doit monter dans le véhicule pour pouvoir l’examiner. On espère que cette décision va faire cesser la fraude qui est dans ce secteur », a affirmé Marc Sery, responsable administrative du Groupe Abidjanaise.
Theodore Komenan, Conseiller à l’union des auto-écoles de Côte d’Ivoire, estime que cette mesure est « un peu brusque ».
« Ceux qui doivent les remplacer (gendarmes) ne sont pas même pas encore formés, à quel moment on va les former ? Ceux qui ont été suspendus (les inspecteurs), on a mis six mois pour les former. Ceux qu’on va former maintenant, combien de temps, il faudra pour les former, donc l’un dans l’autre, il y a eu une improvisation. Sinon l’assainissement s’imposait », fait-il savoir.
Reformer le permis de conduire
Lors de sa rencontre avec les responsables des transports, Amadou Koné a annoncé la poursuite des réformes du permis de conduire, qui prendra également en compte l’assainissement du milieu des auto-écoles en vue de la modernisation et de la professionnalisation du secteur.
« Avec le temps, beaucoup de nos compatriotes sont tombés dans la facilité. Et cela commence à devenir un fléau. Il faut que tout cela s’arrête et qu’on mette de l’ordre », a-t-il dit, selon une note du service de communication du ministère des Transports.
Du côté des auto-écoles, on déplore que le permis de conduire s’obtienne moyennant de l’argent. Selon Maruis Koudou Obou, moniteur d’une auto-école à Gagnoa, les postulants mettent « la pression » sur les moniteurs ou les inspecteurs pour obtenir le permis de conduire en donnant de l’argent. Il ajoute que certains, « n’assistent pas aux cours et aux examens ».
« On attend la suite »
« On attend la suite, on espère que ça va porter de bons résultats, on souhaite que ceux qui vont venir fassent mieux ceux qui étaient là. On constate beaucoup le non-respect du code de la route. La gendarmerie, c’est un corps d’élite », a dit Diaby Almamy Moustapha, vice-président de l’Union des transporteurs internes et inter-Etats de Côte d’Ivoire.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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