Après l’escalade de la violence qui s’est emparée du doyen des partis politiques suite à des incompréhensions, le président du parti Henri Konan Bédié tente de faire le ménage pour éteindre le feu qui couve. Sans dissoudre le secrétariat exécutif qui lui était directement rattaché, le vieux briscard vient de créer plusieurs instances aux rôles bien définis mais qui à l’évidence seront concurrentielles. Ces décisions qui prennent leur légitimité dans les textes qui régissent le parti interviennent dans un contexte de malaise où plusieurs cadres ne sont plus sur la même longueur d’onde quant à l’orientation à donner au parti.
Un comité politique, un comité de gestion et de suivi des élections et un comité chargé de la mobilisation et du développement des ressources sont ainsi créés et leurs dirigeants nommés. Les mêmes qui émargeaient déjà au secrétariat exécutif ou à la vice-présidence du parti et qui alimentent en sourdine la crise actuelle. Laquelle a pour véritable mobile la succession du presque nonagénaire président Bédié.
A regarder de près les attributions de ces instances, elles ne se démarquent pas véritablement de celles qu’avait le secrétariat exécutif. Sauf qu’ici, il y a une volonté de déconcentration et de décentralisation des pouvoirs de sorte que, un cadre rendu puissant ne puisse pas écraser les autres. Le secrétariat exécutif devient du coup une coquille vide et il n’y a plus qu’à lui célébrer une messe de requiem dans cette mort en douceur.
Certes, les décisions actuelles n’abrogent pas les dispositions antérieures qui régissent le secrétariat exécutif mais c’est tout comme. Et lorsque le tout-puissant chef de ce secrétariat, devient conseiller spécial du comité politique auprès du président du parti, il y a une sorte de flou et de chevauchement de rôles volontairement créés par Bedié pour descendre en douceur Kakou Guikahué que bien des cadres accusent d’être l’instigateur des troubles.
Henri Konan Bédié a déshabillé Pierre pour habiller Paul, là où les militants s’attendaient à des décisions fermes de renouvellement de la structure dirigeante. A ce rythme, difficile de croire que le nouvel organigramme puisse opérer sans couacs surtout qu’il y a en vue le prochain congrès du parti. Un congrès palpitant en perspective, au regard des enjeux politiques.
Ce qui se passe au Pdci est symptomatique des partis qui occultent souvent le devoir d’inventaire pour passer d’une étape à une autre ou d’une mutation à une autre. Ils sont nombreux à réclamer un bilan d’étape dans la gestion du parti, depuis le désapparentement d’avec le Rdr mué en Rhdp, en passant par le boycott de la présidentielle pour arriver à la participation aux législatives, sanctionnée par un résultat mi-figue, mi-raisin.
Les cadres et les militants avaient soif d’informations et ne seraient pas malheureux de l’organisation d’un bureau politique pour en débattre. Henri Konan Bédié qui a plus d’une corde à son arc leur sert plutôt un chamboulement de l’organigramme de sorte que l’on est en droit de se poser la question : Bédié a-t-il compris le cri de détresse de ses militants ?
SD à Abidjansdebailly@yahoo.fr
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