(Agence Ecofin) – Alors que la consommation de cacao connaît un ralentissement dans les pays développés, les entreprises de la chaîne de valeur du chocolat cherchent d’autres relais de croissance. Dans la liste des potentiels nouveaux débouchés, l’Inde occupe une place majeure. D’après les analystes, la plus grande démocratie du monde pourrait bien tirer la croissance de l’industrie mondiale du cacao dans les prochaines années. Eclairage.
Lorsqu’on évoque les pays consommateurs de chocolat dans le monde, l’Inde n’est vraiment pas le pays auquel on pense en premier : sa consommation annuelle de chocolat par habitant étant en deçà de 500 grammes.
Un tel niveau reste largement inférieur à la moyenne mondiale (900 grammes) ainsi qu’à celui du Japon, premier consommateur asiatique de chocolat avec 2 kg. Il est même résiduel quand on le compare à la moyenne par tête en Europe ou aux USA, qui varie de 5 à 8 kg par an, selon l’Organisation internationale du cacao (Icco).
Il est même résiduel quand on le compare à la moyenne par tête en Europe ou aux USA, qui varie de 5 à 8 kg par an, selon l’Organisation internationale du cacao (Icco).
Par ailleurs, la consommation par tête de confiseries de chocolat n’a représenté que l’équivalent de 10 % de la moyenne mondiale en 2018. L’Inde est donc un petit poucet dans l’industrie mondiale du cacao. Et pourtant. En dépit de ce poids très limité, le géant asiatique devrait jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale du chocolat d’ici quelques années.
Un appétit grandissant qui pourrait encore exploser dans le futur
Avec ses 1,3 milliard d’habitants, l’Inde est la région du monde où la consommation de produits de cacao a enregistré la plus importante progression sur ces dernières années. S’il est vrai que le chocolat ne fait pas partie de la gastronomie indienne, le produit gagne de plus en plus le cœur des consommateurs, à l’image du reste de l’Asie.
Selon un rapport publié en 2017 par Mintel, le spécialiste londonien des études de marché, le second pays le plus peuplé du monde a consommé près de 228 000 tonnes de produits chocolatés en 2016. Avec un tel volume, le pays affiche une progression de sa consommation d’une année sur l’autre de 13 %, soit le taux de croissance le plus élevé du monde.
Le second pays le plus peuplé du monde a consommé près de 228 000 tonnes de produits chocolatés en 2016. Avec un tel volume, le pays affiche une progression de sa consommation d’une année sur l’autre de 13 %, soit le taux de croissance le plus élevé du monde.
Plus globalement, entre 2011 et 2016, la demande de chocolat aura bondi de 50 %, un niveau record.
Pour les observateurs, plusieurs facteurs expliquent ce boom du marché indien des produits chocolatiers. D’abord, l’augmentation des revenus de la classe moyenne qui contribue à la hausse des dépenses dans des produits considérés comme de luxe. A ce facteur s’ajoute le changement dans les habitudes de consommation des Indiens.
En effet, de plus en plus d’Indiens préfèrent les produits chocolatés aux sucreries traditionnelles et les consomment à divers moments de la journée aussi bien entre les repas, dans la soirée que dans l’après-midi. Par ailleurs, les campagnes publicitaires qui attribuent au chocolat des bienfaits pour la santé, ainsi que le coût d’accès sans cesse en baisse du chocolat industriel, contribuent à une augmentation croissante des ventes qui atteignent actuellement 2 milliards $ par an.
Par ailleurs, les campagnes publicitaires qui attribuent au chocolat des bienfaits pour la santé, ainsi que le coût d’accès sans cesse en baisse du chocolat industriel, contribuent à une augmentation croissante des ventes qui atteignent actuellement 2 milliards $ par an.
Selon les experts, l’industrie devrait encore poursuivre son essor sur le marché indien qui possède une véritable tradition des douceurs et des gâteries sucrées, contrairement à un pays comme la Chine également courtisé par le secteur.
Pour toutes ces raisons selon l’Icco, l’Inde est ainsi en train de devenir l’une des régions pivots de la consommation mondiale. Selon le groupe intergouvernemental, la demande pour les produits de cacao semi-finis utilisés dans la fabrication de barres chocolatées, de crèmes glacées ou encore de desserts glacés, est notamment prévue pour croître de 36 % à 96 735 tonnes d’ici 2023.
« L’Inde est le seul endroit au monde où je vois un énorme potentiel de consommation en termes de volume. Le pays est le premier marché potentiel pour le cacao dans le futur », estime Michel Arrion, directeur exécutif de l’Icco.
De nombreuses opportunités
Pour l’industrie mondiale du cacao, le marché indien apparaît comme une véritable aubaine d’autant plus que la progression des ventes cale en Europe et aux USA. Au niveau de ces marchés désormais considérés comme saturés, les perspectives de croissance sont limitées selon les experts.
Et même si les deux locomotives continueront à peser de tout leur poids dans les volumes consommés, l’augmentation des achats par les clients devrait rester marginale dans les prochaines années. De nombreuses entreprises ont déjà compris l’opportunité que représentait le marché indien et affutent leurs armes. La multinationale américaine Mondelez est l’entreprise la mieux implantée avec sa marque de chocolat au lait Cadbury Dairy Milk qui est la première du pays. Le groupe détient plus de 60 % des parts de marché loin devant le suisse Nestlé, l’italien Ferrero et son compatriote Hershey. Pour les pays africains qui fournissent bon an mal an, plus de 70 % de l’offre mondiale de cacao, une bonne santé de la consommation en Inde devrait permettre d’absorber la production qui continue de croître et de pallier la stagnation des achats en Europe et aux USA, les principaux marchés traditionnels.
Pour les pays africains qui fournissent bon an mal an, plus de 70 % de l’offre mondiale de cacao, une bonne santé de la consommation en Inde devrait permettre d’absorber la production qui continue de croître et de pallier la stagnation des achats en Europe et aux USA.
Plus globalement, l’affirmation de l’Inde comme une place forte dans la consommation de chocolat est à inscrire dans un contexte où l’Asie s’affiche de plus en plus comme un centre névralgique dans la transformation du cacao. La région est en effet avec l’Océanie la principale contributrice à la croissance des broyages dans le monde et a déjà dépassé l’Amérique du Nord.
Espoir Olodo
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