Alors que des tractations à l’effet de proposer une équipe gouvernementale au chef de l’État ont presque abouti [le gouvernement sera annoncé ce mardi], j’entends certains de nos compatriotes réclamer un ou des ministres issus de leurs régions, de leurs clans, de leurs communautés.
Écoutons: « On doit avoir notre ministre aussi », « Fasse Dieu que mon cousin soit dans ce nouveau gouvernement parce que nous aussi on doit manger », « la cousine de ma grand-mère connaît l’oncle du nouveau Premier ministre, notre tour est arrivé », « le cousin de ma tante qui est du village voisin est ministrable, fasse Dieu… » et patati patatras…
Nous sommes dans ça depuis toujours. On veut « manger », nous et notre clan. Compétent ou pas, on doit avoir notre ministre pour « manger ». « Manger » et encore « manger ». Le reste n’a pas d’importance. Est-ce qu’on fera un jour ce pas vers l’État nation ? Tant que c’est le verbe manger qui sera au centre de nos préoccupations, nous sommes mal barrés.
Le chef de l’État attend que le fraîchement nommé Premier ministre lui propose une équipe pour faire avancer les affaires de de L’État pour certains de nos compatriotes, la préoccupation est ailleurs : conjuguer le verbe manger.
C’est-à-dire, on ne prie pas pour que le Premier ministre nous trouve des hommes et des femmes compétents pour tirer le pays vers le haut mais nous cherchons qui va nous faire « manger ». Rappelons à toutes fins utiles qu’un ministre est au service de la nation, de toutes les communautés et non de sa seule communauté. Il est payé par notre argent, l’argent du contribuable. Il n’est pas payé par et pour sa communauté.
Je prends chaque jour plaisir à dire que les pères fondateurs nous ont laissé un pays, nous avons le devoir et/ou l’obligation de faire un pas vers la nation. Les histoires de clan, communauté et régions pour ne pas dire ethnie nous maintiennent dans ce que nous sommes depuis et qui sont généralement à l’origine des conflits que nous connaissons. Ce, à quoi nous devons maintenant travailler c’est de faire en sorte que nous soyons d’abord ivoiriens avant d’être baoulé, sénoufo, wobé….
Emmanuel de Kouassi
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