Presse Côte-d’Ivoire: « Les journaux font de la communication », les accusations de Samba Koné (ANP)

Le Forum des directeurs de publication de Côte d’Ivoire (Fordpci) dirigé par Charles Tra Bi a organisé samedi dernier à Grand-Bassam, un séminaire de formation à l’endroit de ses adhérents. « Défis et opportunités de la gestion des médias numériques : rôle du Directeur de Publication », tel était le module de formation développé par Samba Koné, président de l’Autorité nationale de la presse (Anp).

Le formateur a présenté un tableau économique et financier sombre des médias dans leur ensemble. La presse imprimée quotidienne souffre le plus de la mutation imposée par le digital. Selon une étude diligentée par le Cnp, les chiffres de vente ont drastiquement chuté. A titre indicatif, révèle Samba Koné, de 5,461 milliards de Fcfa pour 26,8 millions d’exemplaires vendus en 2011, les quotidiens ivoiriens toutes tendances confondues ont vendu pour 1,3 milliard de Fcfa, 4,3 millions d’exemplaires en 2020.

Cette chute, selon le formateur, est due à plusieurs facteurs combinés. Entre autres, la progression du digital, la crise de la pratique journalistique avec des contenus de moins en moins attrayants dominés par le compte-rendu. « 90% des contenus sont des commentaires. L’appropriation de l’information a changé. Autrefois, si on allait acheter l’information, aujourd’hui, avec un smartphone on a toutes les informations. La pratique professionnelle doit s’adapter (au contexte actuel) », étaye le président du Cnp. Pour lui, il n’y a pas de crise du journalisme en Côte d’Ivoire. « Ce qui est en crise, c’est la pratique », lâche le formateur qui ajoute : « Les journaux ivoiriens font de la communication et non de l’information ». Il soutient que les organes de presse ivoiriens étant adossés à des financiers politiques, ils se positionnent d’abord comme des canaux de communication qui défendent ces chapelles politiques au détriment de l’information. Or, de l’avis de Samba Koné les besoins d’informer existent, il faut simplement les imaginer et se donner les moyens humains pour faire le travail. L’organe de presse fait-il savoir devrait connaître les besoins de sa cible et les prendre en compte. « Combien de journaux connaissent la typologie de leurs lecteurs ? », interroge-t-il comme pour dire que le nouvel environnement économique impose aux dirigeants des entreprises de presse de prendre en compte les changements dans notre société et faire les adaptations nécessaires.

Cet important atelier de formation a bénéficié du soutien de l’organisation internationale ADN (Aider Donner Nourrir). Son représentant résident Mélèdje Lasme a indiqué que le thème de la formation est le bienvenu étant donné que l’écosystème de la presse internationale est en crise. Il convient selon lui, d’opérer de nécessaires changements dans l’approche managériale des entreprises de presse.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr

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